Lancée le 18 mai, la revue photographique "États d'urgence", publiée par les éditions Libertalia, dévoile l'actualité en images à travers les productions de cinq photojournalistes.
Digne représentant de la génération DIY ("Do It Yourself"), le photojournaliste Yann Levy a proposé à quatre autres photographes ( Valentina Camu, Julien Pitinome, Valérie Dubois et Nnoman) et au rédacteur photo Vincent Palmier de créer une revue baptisée : États d’urgence. Cet ouvrage collectif revient en images sur "le tas d’urgences que traverse la France" : mouvement social, crise migratoire, violence d’État, écologie…
Publiée par les éditions Libertalia, pour qui "ceux qui vivent sont ceux qui luttent", États d’urgence souhaite s'éloigner d'un traitement à chaud de l’actualité à travers divers événements qui ont marqué la France ces derniers mois. Au fil des images, les auteurs de ces clichés cherchent à créer des moments d’échanges et de partage entre les personnes photographiées et les lecteurs :
Nous pensons que la photographie ne doit pas juste servir à illustrer des articles, et que les sujets que nous photographions sont avant tout non pas des sujets mais des acteurs, de leur quotidien, de leurs engagements ou de leurs souffrance, explique Yann Levy. La photographie n'est pas qu'un outil de témoignage, de dénonciation, la photographie est pour nous une interrogation du réel, elle est aussi un outil de dialogue.
Vivre la ZAD
Jean Stern, rédacteur en chef de La Chronique d’Amnesty International France, signe un texte au début de la revue : il revient sur le rapport d’Amnesty sorti récemment sur l’instauration de l’état d’urgence : "Censé lutter contre la menace terroriste, l’état d’urgence a d’abord permis de pourchasser, d’assigner à résidence, d’interdire de manifestations des opposants à la COP21, des zadistes… Dans ses chiffres bruts, 4 200 perquisitions administratives, 710 assignations à résidence, 588 interdictions de séjour. Et seulement 0,3 % de ces mesures ont débouché sur des enquêtes policières pour fait de terrorisme", lit-on dans l'ouvrage sous la plume de l'ancien journaliste de Libération.
Au nom du frère
En ouverture de sa série sur les mobilisations autour de la mort d'Adama Traoré, le photographe Nnoman signe un très beau texte dont voici un extrait :
Adama fêtait ses 24 ans ce jour-là, avant de finir sa vie, menotté dans un fourgon de la gendarmerie, pour le seul tort d'avoir couru afin d'échapper à un contrôle d'identité, parce qu'il n'avait pas ses papiers sur lui. Il est nécessaire de donner la parole aux proches, à celles et ceux qui doivent vivre avec la perte d'un être cher et rester pourtant assez forts pour créer une mobilisation.