États-Unis : Antony Blinken, un ami de l’Europe parfaitement francophone au département d’État
Par Franck Mathevon
Joe Biden a dévoilé ses premiers choix pour son futur gouvernement. Le Président élu a choisi aux Affaires Étrangères l’un de ses fidèles, Antony Blinken, un pilier de la diplomatie du camp démocrate depuis trente ans, un francophone proche des Européens.
Après quatre années de décisions imprévisibles sous l’administration Trump, les diplomates européens ont retrouvé le sourire aujourd’hui en lisant la presse américaine. Ils connaissent tous l’homme que Joe Biden a choisi pour occuper le poste de secrétaire d’État (l'équivalent du ministre des Affaires étrangères).
Antony Blinken, parfaitement francophone, est une figure rassurante de la diplomatie américaine, un expert réputé des relations internationales dont les convictions laissent peu de place aux surprises et à l’incertitude. Tout au long de sa carrière, Antony Blinken a conseillé les plus éminents responsables démocrates en matière de politique étrangère.
Né le 16 avril 1962, il emménage à Paris en 1971 avec sa mère Judith et son nouvel époux, Samuel Pisar, célèbre avocat, rescapé d'Auschwitz, ex-conseiller de John Fitzgerald Kennedy, qui aura une forte influence sur son parcours. Tony Blinken est élève à l’école bilingue Jeannine-Manuel, dans le XVe arrondissement. Il retournera aux États-Unis pour son cursus universitaire, à Harvard et à Columbia. Un parcours d'étudiant modèle qui a toujours côtoyé l'élite, de New York à Paris.
En 1988 déjà, il travaille aux côtés de son père Donald, un banquier qui deviendra lui-même diplomate, dans l'équipe de campagne d’un candidat démocrate à la présidentielle, Michael Dukakis. Repéré par les caciques du parti, il rejoint l’administration Clinton. Il écrit les discours de politique étrangère du Président.
Numéro 2 du Département d'État sous Obama
En 2002, Anthony Blinken intègre la Commission des Affaires étrangères du Sénat présidée alors par un certain Joe Biden. C’est de cette époque que datent la collaboration et l'amitié entre les deux hommes. Blinken s'implique dans la campagne de Biden pour les primaires démocrates en 2008 puis sera nommé Conseiller à la sécurité nationale du vice-président de Barack Obama.
Il apparaît sur la célèbre photo de mai 2011 dans la Situation Room de la Maison-Blanche où Barack Obama, Joe Biden, Hillary Clinton et les plus hauts responsables de la sécurité des États-Unis suivent en direct le raid contre Oussama Ben Laden au Pakistan.

Lorsque Donald Trump est élu président en 2016, Tony Blinken est numéro 2 du Département d’État. Il rejoint alors le secteur privé mais continue à entretenir des liens étroits avec Joe Biden, qu’il conseille en matière de politique étrangère en vue de la prochaine élection présidentielle.
Dans la prochaine administration, Antony Blinken travaillera avec des proches : Jake Sullivan, futur conseiller à la sécurité nationale ou encore Linda Thomas-Greenfield, diplomate expérimentée, Afro-Américaine, qui occupera le poste d’ambassadrice à l’ONU.
Retour du multilatéralisme
Tous s’inscrivent dans l’héritage des années Obama. C'est la fin du "America first" cher à Donald Trump, le retour aux fondamentaux de la diplomatie américaine : le multilatéralisme, le dialogue avec les alliés historiques des États-Unis, notamment l’Europe et la France.
Lors d’un entretien en juillet dernier au Hudson Institute, Tony Blinken énumérait les défis à relever dans "le paysage international le plus difficile et complexe depuis plusieurs décennies, peut-être même plus".
Pour le futur secrétaire d’État américain, il n’existe pas de "solutions unilatérales" face aux grands enjeux de notre époque, comme le changement climatique, la pandémie de Covid-19, ou la dénucléarisation. "Même un pays aussi puissant que les États-Unis ne peut gérer cela seul."
Sous l’impulsion d’Antony Blinken, l’Amérique devrait faire son retour dans les institutions internationales, comme l’ONU ou l'OMS, et les grands compromis des années Obama, l’Accord de Paris sur le climat et l’Accord sur le nucléaire iranien de 2015.