États-Unis : le Wyoming devient le premier État américain à interdire la pilule abortive

Publicité

États-Unis : le Wyoming devient le premier État américain à interdire la pilule abortive

Par
La mifépristone est la pilule abortive la plus utilisée pour les IVG médicamenteuses.
La mifépristone est la pilule abortive la plus utilisée pour les IVG médicamenteuses.
© AFP - MANOOCHER DEGHATI

Alors que quinze États américains ont déjà restreint tous les types d'IVG sur leur territoire, l'interdiction de la pilule abortive est le nouveau combat des conservateurs. Au Wyoming, sa prescription ou son utilisation sont désormais passibles de six mois de prison.

C'est le nouveau combat des États conservateurs, neuf mois après la décision de la Cour Suprême américaine de révoquer le droit à l'avortement au niveau fédéral. Ils tentent de faire interdire la pilule abortive, qui permet de réaliser les IVG médicamenteuses. L'État du Wyoming est devenu vendredi 17 mars le premier à l'interdire. Une autre décision clé est attendue au Texas, qui pourrait étendre cette interdiction à l'ensemble des États-Unis.

Interdiction de prescrire, vendre ou prendre la pilule abortive

La mesure a été adoptée par le gouverneur du Wyoming (nord-ouest du pays) Mark Gordon, qui a signé un projet de loi interdisant la prescription, la vente et l'utilisation de la pilule abortive, ainsi que de tout médicament qui peut provoquer l'avortement, à l'exception des cas où la vie de la mère est en danger. La loi, qui devrait entrer en vigueur au 1er juillet, prévoit une peine allant jusqu'à six mois de prison et 9.000 dollars d'amende, rapporte le New York Times.

Publicité

La mifépristone, pilule abortive la plus utilisée pour les IVG, est utilisée pour interrompre une grossesse jusqu'à dix semaines après la conception. Elle a été autorisée en 2000 par l'Agence américaine du médicament (FDA) et fonctionne en bloquant les hormones nécessaires à la croissance de l'embryon.

Mark Gordon a appelé les législateurs à aller plus loin : inscrire une interdiction totale de l'avortement dans la constitution de cet État et la soumettre au vote des électeurs. " Je crois que toute vie est sacrée et que chaque individu, y compris les enfants à naître, doit être traité avec dignité et compassion", a-t-il déclaré vendredi soir. Dans le Wyoming, une loi interdisant presque tous les types d'IVG a déjà été adoptée, même elle a été bloquée par un juge le 27 juillet dernier. Seule une clinique continue à pratiquer des avortements, uniquement par voie médicamenteuse.

Les opposants à la loi ont exprimé leur indignation et leur frustration quant à cette décision. Selon le Guttmacher Institute qui défend le droit des femmes à avorter, environ 40% des avortements dans les États où l'avortement est réglementé de manière restrictive sont effectués en utilisant la pilule abortive.

Une décision au Texas pourrait interdire la pilule abortive dans tout le pays

Depuis la décision de la Cour Suprême américaine, une quinzaine d'Etats ont décidé de bannir toutes les interruptions de grossesse sur leur sol. Si de nombreuses cliniques pratiquant des IVG chirurgicales ont fermé, l'interdiction de la pilule abortive est plus difficile à mettre en place, dans la mesure où elle peut être prise chez soi et livrée par la poste, en provenance d'État voisins.

Une autre décision concernant la pilule abortive est très attendue aux États-Unis. Celle du juge fédéral ultraconservateur texan Matthew Kacsmaryk, qui pourrait ordonner qu'elle soit retirée du marché dans tout le pays. À l'origine du contentieux, une plainte d'une coalition de médecins et de groupes anti-avortement contre l'Agence américaine du médicament, qui estiment qu'elle n'avait pas à autoriser cette pilule il y a 23 ans.

Si le juge fédéral du Texas leur donne raison, des groupes de défense du droit à l'avortement affirment que cela aura un retentissement aussi important que l'arrêt de la Cour suprême en juin dernier. Depuis cette date, une quinzaine d'Etats d'entre ont limité l'accès à la mifépristone en exigeant qu'un médecin la fournisse, alors qu'elle peut normalement être prescrite en téléconsultation.

Les législateurs texans examinent également une proposition qui, non seulement interdirait les pilules abortives, mais exigerait également des fournisseurs d'Internet de l'État qu'ils bloquent l'accès aux sites où ces pilules sont vendues par correspondance. Des élus de l'Iowa cherchent également à interdire l'IVG médicamenteuse.