Étudiant, magnat de la presse, chanteuse : qui sont les emblèmes du mouvement pro-démocratie à Hong-Kong ?
Depuis le début de la contestation à Hong-Kong en mars 2019, des militants se sont imposés comme des figures du mouvement pro-démocratie.
Lundi, dix personnes, dont un magnat de la presse - libéré depuis sous caution - et une jeune femme figure du mouvement pro-démocratie ont été arrêtées au nom d'une loi très controversée, entrée en vigueur au début du mois de juillet. Une loi "sur la sécurité nationale", imposée par Pékin. Depuis mars 2019, diverses figures issues de la société civile s'élèvent ainsi contre l'amendement dit "de la loi d'extradition", et plus largement contre ce qui est perçu comme une mainmise de la Chine sur l'ex-colonie britannique. Focus sur 6 noms emblématiques de la contestation.
Agnes Chow, arrêtée pour "incitation à la sécession"
Arrêtée ce lundi avec neuf autres personnes, Agnes Chow était une figure de proue du mouvement pro-démocratie à Hong-Kong. Motif invoqué pour son arrestation : " 'incitation à la sécession', en vertu de la loi sur la sécurité nationale", selon le compte Facebook de la militante. Une loi drastique imposée par Pékin, entrée en vigueur début juillet, que France Inter vous détaillait. Déjà arrêtée le 30 août 2019, Agnes Chow avait alors été immédiatement libérée sous caution.
Agnes Chow, engagée de longue date dans le combat pour la démocratie. Elle était en 2012 porte-parole du mouvement étudiant Scholarism : l'une des organisations à l'origine du "mouvement des parapluies" en 2014, mené par des manifestants pro-démocratie.
Jimmy Lai, haro sur la presse
Avant d'être embarqué par les forces de l'ordre ce lundi, Jimmy Lai a lâché : "Il faut manger quand les plats sont cuits". Autrement dit : son arrestation n'était qu'une question de temps. Le magnat de la presse était l'un des champions de l'opposition. Patron du groupe Next Digital, propriétaire de deux titres critiques du régime chinois, le quotidien Apple Daily et le magazine Next. Le richissime septuagénaire a été interpellé pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères - en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité - et de fraudes.
La Chine a salué son arrestation, accusant Jimmy Lai d'être un "agitateur" à la solde de puissances étrangères. Son de cloche bien différent aux États-Unis, où le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est lui dit "profondément préoccupé". Jimmy Lai a été libéré mardi sous caution et a appelé les journalistes de l'Apple Daily à "se battre" : "nous avons le soutien des habitants de Hong Kong, nous ne pouvons pas les laisser tomber".
Joshua Wong, candidature non grata
Sa candidature aux élections législatives, comme onze autres, a été invalidée fin juillet par les autorités hongkongaises. Mais Joshua Wong, visage du "mouvement des parapluies" de 2014, n'en démord pas : il continuera son combat. "Notre résistance se poursuivra et nous espérons que le monde se tiendra à nos côtés dans les batailles à venir", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse. Il arborait un t-shirt noir, flanqué de l'inscription "Ils ne peuvent pas tous nous tuer".
Joshua Wong fait aussi partie des vingt-cinq militants pro-démocratie inculpés jeudi dernier à Hong-Kong. En cause : leur participation en juin à la veillée annuelle en souvenir de la répression de Tiananmen de 1989, veillée interdite à cause de l'épidémie de Covid-19. "Il est évident que le régime planifie une nouvelle vague de répression contre les militants", a immédiatement écrit le jeune homme de 23 ans sur Facebook.
Nathan Law, exilé
Menacé, il a élu domicile à Londres. Nathan Law, l'un des jeunes militants pro-démocratie les plus connus, a indiqué début juillet à la presse qu'il avait pris la fuite, après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité. Nathan Law, déjà leader étudiant lors du "mouvement des parapluies" en 2014, était l'un des chefs de file du parti politique Demosisto, parti militant pour la démocratie à Hong-Kong... et dissolu par cette même loi sur la sécurité. La veille de sa fuite, Law avait présenté un témoignage par vidéo lors d'une audience du Congrès à Washington. Audience lors de laquelle il a crié le slogan de protestation "Libérez Hong-Kong. La révolution de notre temps."
Denise Ho, chanteuse pop engagée
Son profil détonne. Denise Ho, 43 ans, née à Hong-Kong, est une chanteuse canadienne de "cantopop" (comprendre la pop chinoise hongkongaise). Cette icône LGBT a surtout sacrifié sa carrière en Chine par engagement politique, et mis depuis sa voix au service du mouvement pro-démocratie. En 2014, l'artiste participait déjà au "mouvement des parapluies" à Hong-Kong, lors duquel elle avait été interpellée par les forces de l'ordre. En juillet dernier, elle prend la parole au Conseil des droits de l'homme des Nations unies au sujet de la crise à Hong-Kong. "Les sacrifices sont faits par ceux qui ont choisi de se taire et de renoncer à leur liberté de parole", estime-t-elle : "C'est un sacrifice plus grand que le fait de perdre des contrats en Chine."
Alex Chow, dans les mémoires
4 novembre 2019. Alex Chow, étudiant de 22 ans, fait une chute mortelle d'un parking à étages, lors d'affrontements entre les les forces de l'ordre et les manifestants. Les circonstances demeurent obscures. Mais pour les manifestants, sa mort est bel et bien le résultat des violences policières. Et elle a surtout une portée symbolique : Alex Chow est en effet le premier à trouver la mort dans le cadre des manifestations, qui avaient alors débuté depuis 5 mois. "Aujourd'hui, nous pleurons la perte d'un combattant de la liberté à Hong-Kong", avait déclaré sur Twitter Joshua Wong, figure du mouvement pro-démocratie. Des milliers de personnes ont fait la queue pour déposer des fleurs, allumer des bougies et écrire des messages de condoléance à l'endroit où le jeune homme était tombé.