Européennes : “Il y aura toujours des ronchons”, répond le patron du PS à François Hollande
Par Yaël GooszAlors que l’ancien président François Hollande s’inquiète de voir des non-socialistes sur la liste du parti aux Européennes, Olivier Faure lui répond : “Il y aura toujours des gens qui considèrent qu’il faut faire comme avant, sauf qu’on sait ce que ça donne”.
Invité de France Inter mardi matin, l’ancien président François Hollande s’étonnait de voir la campagne du parti qu'il a dirigé pendant 11 ans s’éloigner du socialisme (“Je vote toujours pour les socialistes mais encore faut-il qu’il y en ait”). En effet, la liste du Parti socialiste sera emmenée en deuxième position par la socialiste Sylvie Guillaume, vice-présidente sortante du Parlement européen, mais en première position par Raphaël Glucksmann, tête de liste, venu de Place publique et non socialiste “du cru”.
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Peu de socialistes éligibles
Est-ce là une sorte de traumatisme perlé ? Il y a eu le déménagement de Solférino à Ivry, l’inventaire du quinquennat Hollande. Désormais, le mariage avec Place publique et Nouvelle donne interroge certains. Le PS d’Olivier Faure s’ouvre, ouvre grand ses fenêtres, très grand... Trop grand peut-être. Et il met à la porte l’ancien monde. “On a toujours fait des listes de rassemblement”, se souvient Christine Revault d'Allonne, euro-députée sortante, présidente de la délégation socialiste au Parlement européen. Mais alors qu’elle ne figure plus en position éligible sur la liste, elle regrette : “On ne sait pas de quelle manière va se faire ce rassemblement et surtout on ne sait pas quels seront les socialistes qui seront sûrs de siéger au Parlement européen dans le groupe des socialistes démocrates”.
Traduction : si le PS permet à Raphaël Glucksmann d'être élu, siègera-t-il avec les socialistes européen ? “Seulement si leur projet est résolument écolo et social”, répond la tête de liste.
“Il y aura toujours des gens qui considèrent qu’il faut faire comme avant”
La réalité, c'est donc surtout qu'il y a peu de places éligibles pour les socialistes. C’est ce qui fait grogner dans les rangs. Mais ces polémiques laissent de marbre le premier secrétaire Olivier Faure : “Ça m’importe assez peu” dit-il. Alors qu’il dit qu’après la défaite à la présidentielle, “il fallait prendre des décisions”, parfois “dérangeantes parce qu’elles changent notre façon de concevoir la vie politiques”, Olivier Faure veut “un parti ouvert qui se régénère et qui ne soit pas dans une forme de repli sur lui-même”.
Il estime qu’il faut pour cela s’ouvrir aux autres, à la société civile et assume l’alliance avec Place publique. “La politique ce n’est pas fait pour quelques professionnels mais pour que tout le monde s’y intéresse, pour que le plus grand nombre puisse être associé aux décisions et aux choix. Et j’espère que [...] cette volonté d’ouvrir la politique sera entendue reconnue”, poursuit Olivier Faure.
“Les gens qui donnent aujourd’hui des leçons sont ceux qui devraient justement en tirer quelques unes”
Alors qu’il dirige le Parti socialiste depuis l’après-présidentielle, il y a environ un an, Olivier Faure répond sans détour à celui qui occupait le même siège que lui durant onze ans, à la place de Premier secrétaire : “Il y aura toujours des ronchons, des gens qui considèrent qu’il faut faire comme avant. Mais 'comme avant', on sait ce que ça donne : c’est un échec historique et les gens qui donnent aujourd’hui la leçon sont ceux qui devraient justement en tirer quelques-unes. Nous ne sommes pas arrivés là par hasard et donc il faut en prendre la juste mesure, accepter l’idée que nous n’avons pas été compris, entendus, que nous avons commis des erreurs et que nous étions peut-être trop enfermés sur nous-mêmes” martèle celui qui dit vouloir faire en sorte que “demain ne ressemble pas à hier”.
Recadrage sévère pour un ancien président par un Olivier Faure désireux de renouveler le logiciel socialiste et les alliances. François Hollande revendique lui la cohérence, la constance et la fierté du drapeau PS... Mais ce n’est plus celui de 2012.