Évacuation de Kaboul : pourquoi les avions sont loin d'être pleins ?

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Évacuation de Kaboul : pourquoi les avions sont loin d'être pleins ?

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Depuis la chute de Kaboul, les afghans se ruent vers l'aéroport dont l'accès est contrôle par les talibans. Ils bloquent l'accès à ceux qui veulent fuir leur pays.
Depuis la chute de Kaboul, les afghans se ruent vers l'aéroport dont l'accès est contrôle par les talibans. Ils bloquent l'accès à ceux qui veulent fuir leur pays.
© AFP - Aroon Sabawoon / ANADOLU AGENCY

Le Pentagone a reconnu que son dernier vol de jeudi était à moitié vide quand il a quitté Kaboul. Le pont aérien, mis en place depuis l'effondrement de l'État afghan, ne tourne pas à pleine puissance. En cause : l'accès à l'aéroport rendu de plus en plus périlleux à cause des talibans qui en bloquent l'accès.

La liste des avions quittant Kaboul quasi vides s'allonge. Jeudi, le Pentagone reconnaissait que son C 17 était parti avec la moitié des sièges inoccupés. 

Plus tôt dans la semaine, l'Espagne a pu placer 50 personnes dans un avion qui contient trois fois plus de monde, ont confirmé les autorités. L'Australie a fait décoller mercredi un Hercules C-130 (capacité de 120 places) avec 26 personnes. Un C-17 néerlandais a décollé avec 40 des 150 sièges occupés. Le ministère italien de la Défense confirme que 70 diplomates et afghans sont arrivés dans un avion de 200 places. 

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L'exemple le plus édifiant reste cet A-400 M allemand d'une capacité de 150 personnes avec 7 passagers.

Certains appareils décollent avec plus de sièges vides que de vies sauvées, alors que l'ONU estime que 330 000 afghans sont prêts à quitter leur pays.  

Les talibans tiennent les barrages de la route de l'aéroport

De plus en plus de témoignages d'afghans font savoir qu'ils n'ont plus accès à l'aéroport, même dotés d'un passeport et d'un visa. 

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La reporter de CNN, toujours à Kaboul, rapporte des scènes où des Afghans ayant servi les États-Unis ont été repoussés par les talibans. Ils ont du rebrousser chemin. Les fondamentalistes limitent l'accès de l'aéroport. Leur piège se referme sur ceux qui sont encore à Kaboul.

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Les autorités américaines ont confirmé que les talibans ne tenaient pas leur promesse d'accès à l'aéroport, dont ils contrôlent désormais tous les accès. Si les talibans laissent bien les citoyens américains accéder à l'aéroport de Kaboul, il semble qu'ils "empêchent les Afghans qui souhaitent quitter le pays d'atteindre l'aéroport", a déploré Wendy Sherman, la numéro deux du département d'État américain.

Des scènes de chaos et de violence sont décrites, comme dans ce reportage du Los Angeles Times. Les témoins parlent de tirs, de coups de bâtons pour faire reculer la foule, en particulier à la porte nord du complexe aéroportuaire. Jeudi le photographe de ce grand titre américain a été frappé par des talibans.

Les ambassades de France et de Grande-Bretagne facilitent l'accès à l'aéroport

Les États-Unis préviennent dans un mail qu'il ne peuvent pas permettre un accès à l'aéroport. Les Afghans, avec des documents de voyages en règle, doivent se débrouiller pour approcher de l'enceinte. Pareil pour l'Allemagne, l'Australie et l'essentiel des nations qui tentent de ramener les leurs à la maison. 

C'est une autre stratégie qui est appliquée par les ambassades de Grande-Bretagne et de France. Les convois de passagers, réfugiés dans la représentation diplomatique française, sont escortés par des hommes du RAID, épaulés par soldats des forces spéciales basés à l'aéroport de Kaboul. 

L'accord des talibans pour passer les barrages

Pour franchir les points de contrôle, il faut donc le feu vert des talibans. Florence Parly, la ministre des armées, a reconnu qu'"il était très difficile de rejoindre l'aéroport de Kaboul aujourd'hui" dans une interview à BFM TV. "Il faut aussi surmonter des obstacles très importants", a-t-elle ajouté laconiquement, mais cela se traduit par la nécessité de négocier avec les talibans pour autoriser le passage de convois jusqu'à l'aéroport. La ministre a expliqué que "tous les canaux de discussion" étaient activés pour y parvenir.

Dans les évacuations menées par la France , il a fallu conduire les passagers réfugiés à l'ambassade, située dans la zone verte, à l'aéroport. Le trajet se fait de nuit, dans des mini bus ou voitures blindées, formant une longue file de voiture. 

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Sans la coopération des talibans, pas possible d'aller à l'aéroport

Notre consœur de RFI Sonia Ghezali, correspondante depuis 5 ans à Kaboul, était dans un vol pour quitter la capitale afghane ce mercredi. Elle confirme qu'il faut le feu vert des talibans pour accéder à l'aéroport. Elle déclare dans une interview à sa radio : "Clairement, cela s'est fait avec la coopération des talibans, sinon, cela n’aurait pas du tout été possible d’aller, avec autant de facilité, à l’aéroport militaire sans être arrêtés. Les talibans sont partout : ils tiennent des barrages, et occupent la place qu’occupaient les policiers et les soldats avant le basculement du pouvoir, dimanche". 

Les deux derniers vols, assurés par la France, ont permis respectivement à 220 et 138 personnes majoritairement afghanes de quitter l'enfer taliban. Ce qui correspond approximativement à la capacité maximale des deux appareils utilisés.

L'objectif est de sortir 5 000 à 9 000 personnes par jour

Les États unis prévoient d'évacuer 30 000 personnes (citoyens américains et afghans craignant pour leur vie) d'ici la fin du mois. Ils ont déployé 6 000 soldats pour assurer la sécurité dans l'aéroport et surtout pour assurer l'organisation du pont aérien. Pour l'instant, 7 000 vies ont été sauvées.

Dans une interview dans la nuit de mercredi à jeudi à ABC, le président Biden a reconnu des difficultés grandissantes dans cette opération d'évacuation. Il n'exclut de faire rester ses troupes au delà de la fin août si tous les ressortissants US ne sont pas sortis d'ici là. 

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Les USA, qui gèrent le pont aérien, ont fixé un créneau d'une heure pour faire atterrir et décoller un avion. L'embarquement est ultra rapide, aucune attente n'est autorisée. Le pont aérien est une opération bien connue par les militaires. Ce n'est pas la logistique qui pose problème, c'est la sécurité autour de l'opération et l'accès à l'aéroport.