Extinction Rebellion : le rejet des partis, mais pas des politiques

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Extinction Rebellion : le rejet des partis, mais pas des politiques

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La place du Châtelet, à Paris, occupée par les militants d'Extinction Rebellion.
La place du Châtelet, à Paris, occupée par les militants d'Extinction Rebellion.
© AFP - Virginie Merle/Hans Lucas

Le mouvement écologiste se mobilise cette semaine dans une soixantaine de villes à travers le monde. Au cœur de Paris, la place du Châtelet est occupée depuis lundi par quelques centaines de militants qui accueillent sans aucune animosité aucune les personnalités politiques venues leur rendre visite. Reportage.

Des tentes, une yourte même, un énorme poisson échoué dans des filets, des banderoles frappées du logo XR pour Extinction Rebellion mais aucun signe de parti politique, place du Châtelet à Paris, occupée depuis lundi par quelques centaines de militants. 

Ici, on n’attend rien des partis. Léon, vingt ans et quelques, tenue de combat écolo et duvet accroché au sac à dos : "Je suis venu parce que je croise des gens. On est un mouvement horizontal. On se met en réseau les uns avec les autres sur différentes luttes. Il y a des gens qui habitent par exemple Notre-Dame des Landes, et qui ont besoin de bras pour tenir leurs luttes dans leurs territoires. Il y a d'autres gens qui tiennent des ressourceries, des cantines autogérées. On les met en contact pour qu'ils puissent s'aider."

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Europacity, 

Un type se plaint dans un grand mégaphone : la sono mobile a disparu. Tant pis, il se lance : "On avait prévu à 18h un débat sur la lutte d'Europacity". Julien Bayou, le porte-parole d'EELV qui arrive de Mulhouse où il est allé soutenir au tribunal des décrocheurs de portrait d'Emmanuel Macron, boit du petit lait : car Europacity, c'est un projet de centre commercial et une gare au milieu d’un des derniers espaces de biodiversité d’Ile-de-France : le triangle de Gonesse. Il se murmure que la ministre de l'écologie Elisabeth Borne devrait proposer ces prochains jours au Premier ministre de stopper l'entreprise, tout du moins le centre commercial. "S'il reste la gare, c'est la porte ouverte à d'autres aménagements, il faut rayer le centre commercial et la gare", insiste Julien Bayou. 

Un artiste lui demande de poser avec un appareil photo bizarre, une militante gilet jaune écolo et pacifiste l'embrasse. Elle explique que samedi la manif des GJ partira de Montmartre pour rallier XR au Châtelet. La préfecture n'a pas validé le parcours. "On le fera quand même. Pas sûr toutefois que l'occupation de la Place du Châtelet soit toujours d'actualité", glisse-t-elle. "A la Préf, on parle d'une possible évacuation vendredi".

Un accueil favorable pour les personnalités politiques de passage

Les politiques passent, incognito ou non sur la place. Toujours bien accueillis. Rien à voir avec le rejet épidermique qu'en avaient conçu les militants de Nuit Debout.

Anton, activiste XR qui a participé à l'assaut de la place dimanche est très clair : 

Tout le monde est le bienvenu. Même les policiers. On a les a invité à venir discuter mais sans gaz lacrimo ou LBD. Les politiques c'est pareil. Nous on veut que ceux qui ont le pouvoir l'utilisent pour agir. 

Il ajoute : "On est face face à un désastre humain et écologique sans précédent. On est entré dans la 6ème extinction de masse. Ce qui va nous arriver ce n'est pas juste qu'on mettra des shorts au printemps, c'est qu'il y aura des famines en Europe de l'Ouest, que demain c'est entre 200 millions et un milliard de gens qui vont être obligés de migrer parce que leurs territoires ne seront plus vivables. Alors oui, si les politiques tendent l'oreille on est à fond pour. Mais quand on voit que 26 milliardaires détiennent autant d'argent que la moitié de l'humanité et que rien n'est fait par les gouvernements pour les taxer plus..."

Extinction Rébellion n’a rien contre la politique en soi ; ses militants entendent juste devenir le cauchemar des politiques en place. Parmi les actions prévues : "Demain tous migrants" ce jeudi matin à Paris dans un lieu encore tenu secret, et ce vendredi  : une "vélorution" dans les rues de la capitale.

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