Face à la crise, les Vénézuéliens fuient vers l’Espagne
Par Thomas Giraudeau, Marie-Hélène BallesteroLes électeurs sont appelés dimanche à voter pour une Assemblée constituante. Certains voteront à l’étranger, comme en Espagne, pays refuge pour de plus en plus de Vénézuéliens.
Ce dimanche, le scrutin vénézuélien sera très suivi en Espagne. Environ 180 000 ressortissants du pays sud-américain vivent de l’autre côté des Pyrénées. Et ils sont de plus en plus nombreux. En 2016, 4 000 Vénézuéliens ont demandé l’asile en Espagne, soit près de sept fois plus que l’année précédente, selon les chiffres de la Commission espagnole d’aide aux réfugiés. En 2012, avant l’arrivée de Nicolas Maduro au pouvoir à Caracas, ils étaient seulement 28.
Ils sont encore plus nombreux cette année. Entre janvier et avril 2017, près de 4 500 ressortissants ont demandé l’asile en Espagne. Car à la crise économique frappant leur pays, la pénurie alimentaire et l’inflation s’ajoutent les tensions politiques et sécuritaires. Depuis le 1er avril, 113 personnes ont perdu la vie lors de manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro. Les protestataires dénoncent le scrutin de dimanche, visant à élire une nouvelle Assemblée constituante, qui aura le pouvoir de dissoudre l’Assemblée actuelle.
L’Espagne pas si accueillante
A Madrid, le pouvoir a une réaction contradictoire face à l’afflux de Vénézuéliens. Il condamne la répression en cours outre-Atlantique, mais refuse quasiment toutes les demandes d’asile des ressortissants (99% selon la Commission espagnole d’aide aux réfugiés).
9 000 requêtes n’ont pas encore été étudiées. Parmi elles, celle d’Alfredo. Accusé à tort de sabotage dans l’entreprise électrique où il travaillait, il a fui le Venezuela en février 2016. Depuis, l’homme a retrouvé un emploi en Espagne, mais il est toujours en sursis.
Comme ma demande d’asile n’a pas encore été définitivement accepté, c’est une angoisse permanente, un cauchemar. Je suis en train de construire une nouvelle vie en Espagne mais j’aimerais qu’elle repose sur des bases solides.
D’autres Vénézuéliens ont également fui, vers le Chili, l’Equateur, le Mexique ou la Colombie. Dans ces deux derniers pays, certains exilés se sentent exclus, et disent subir des commentaires xénophobes. En 2016, 2 500 Vénézuéliens sans papiers ont été ramenés dans leurs pays d’origine par les autorités colombiennes.