Face à la Hongrie et la Pologne, l'Europe à l’épreuve des démocraties illibérales
Par Olivier Poujade
Après le gouvernement polonais en décembre 2017, une procédure de sanctions a été votée cette semaine contre le gouvernement de Viktor Orban. Pour les eurodéputés, la politique du Premier ministre hongrois présente un risque clair de violation des valeurs de l'Union européenne.
Le Parlement européen a envoyé cette semaine un signal fort aux promoteurs de la démocratie illibérale en sanctionnant la politique hongroise, en accord avec l'article 7 du traité sur l'Union européenne.
Une démocratie "illibérale" qui, en Hongrie et en Pologne, est désormais une réalité.
En Hongrie, plus d'étudiants étrangers dans l'université d'Europe centrale de Budapest
Son bras de fer avec le gouvernement hongrois est en cours, Michael Ignatieff préside l’Université d’Europe Centrale (CEU) de Budapest, une institution qui ne pourra plus accueillir d’étudiant à partir du 1er janvier 2019. La justice hongroise estime que le fonctionnement de cette université n’est pas en accord avec une loi, rédigée par le cabinet de Viktor Orban et votée en 2017.

Un texte "sur mesure" destiné à faire disparaître la CEU, créée en 1991 par le milliardaire Georges Soros à la suite de l’effondrement du bloc communiste, pour promouvoir et défendre la liberté d’expression. Un lieu hautement symbolique de Budapest où des thématiques progressistes, comme la démocratisation des sociétés et les Droits de l’Homme, sont mises en avant depuis près de 20 ans. Une vision que Viktor Orban a semble-t-il jugée incompatible avec sa politique.
"Il peut nous laisser en paix comme décider de nous chasser !"
Michael Ignatieff nous explique comment Viktor Orban a repris en main l’appareil judiciaire dans son pays. Il espère aussi que le signal, envoyé mercredi par le Parlement européen, conduira le Premier ministre hongrois à reconsidérer certaines de ses décisions.
Michael Ignatieff : "Il y a une dégradation continuelle de la démocratie en Hongrie"
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La Hongrie et la Pologne main dans la main
Au lendemain du vote de l’article 7 à l’encontre du gouvernement Orban, les dirigeants polonais (eux-même sous le coup d’une procédure de sanctions) ont manifesté leur solidarité vis-à-vis de la Hongrie.
En décembre dernier l’article 7 a été déclenché, à la veille de l’entrée d’une réforme de la Cour suprême polonaise, jugée incompatible avec le droit de l’Union. Une nouvelle étape dans la série de mesures mises en œuvre par le président du conseil des ministres Jaroslaw Kazcynski et le PiS (parti au pouvoir depuis sa victoire aux législatives d’octobre 2015).
"Le média public est devenu un média national de propagande"
Jaroslaw Kurski est directeur du quotidien polonais Gazeta Wyborcza. Il explique comment le PiS a rendu la presse publique dépendante du pouvoir.

Jaroslav Kurski : "Le média public est devenu le média national de la propagande pure"
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Le vote de l’article 7 à l’encontre des gouvernements hongrois et polonais par les institutions européennes est un message clair envoyé aux démocraties illibérales.
La mise en œuvre de sanctions contre ces deux pays reste toutefois très hypothétique. Elles ne pourront être engagées qu’au terme d’une longue procédure par un vote à l’unanimité au Conseil de l’Europe. La Pologne a déjà laissé entendre qu’elle n’abandonnerait pas l’allié hongrois.