Facebook et Instagram appelés à revoir leurs règles sur la censure des tétons de femmes
Par Juliette Geay, AFP
Le Conseil de surveillance de Meta, qui rend des avis sur la politique de modération du géant américain, estime que les règles actuelles sont basées sur "une vision binaire des genres", non "conforme" avec les responsabilités du groupe "en termes de droits humains".
C'était une décision attendue de longue date par les militantes féministes et les personnes transgenres. Le conseil de surveillance de Meta (maison mère de Facebook et Instagram) appelle le groupe a revoir ses règles sur la nudité, en particulier celle qui interdit aux femmes de montrer leur seins nus sur les réseaux sociaux.
"Il devrait y avoir plus d'égalité"
"Le règlement de l'entreprise sur la nudité des adultes empêche plus fortement les femmes et les personnes transgenres et non binaires de s'exprimer sur ses plateformes", a déclaré le conseil de surveillance, dans un avis rendu mardi 17 janvier. Constitué de vingt membres internationaux (journalistes, avocats, défenseurs des droits humains et anciens dirigeants politiques), il a été créé en 2020 sur proposition du patron Mark Zuckerberg. Il est chargé d'évaluer la politique de modération des contenus du groupe californien.
Les règles de Meta interdisent en effet les images contenant des mamelons, sauf dans certains contextes de santé, comme l'allaitement ou les chirurgies de réassignation sexuelle. Au contraire, les images d'hommes torse nu et leurs tétons sont autorisées. Depuis 2012, et le début du mouvement #Freethenipple, des femmes revendiquent la fin de la sexualisation des seins dans l'espace public, et le droit de pouvoir les afficher autant que les hommes.
Définir des critères "clairs, objectifs et sans discrimination"
La "cour suprême" du géant des réseaux sociaux a rendu cet avis après la censure de photos d'un couple américain transgenre, en 2021 et 2022. L'une des deux personnes expliquait qu'elle allait prochainement être opérée dans le cadre d'une chirurgie de réassignation sexuelle (ablation des seins) et le couple levait des fonds pour les aider à financer l'intervention.
"Le retrait de ces images n'est pas conforme avec les valeurs de Meta ou ses responsabilités en termes de droits humains", argumente le conseil de surveillance. Par ailleurs, "ce règlement est fondé sur une vision binaire des genres. (…) Cela implique que les modérateurs déterminent de façon rapide et subjective le sexe et le genre, ce qui n'est pas réaliste à grande échelle." Il recommande donc à la direction de Meta de définir des critères "clairs, objectifs et respectueux des droits humains pour que les personnes soient traitées sans discrimination de sexe ou de genre, conformément aux standards internationaux en matière de droits humains."
"Libérez ces beautés", a écrit de son côté jeudi la mannequin Helena Christensen en commentaire d'une vidéo parodique de l'humoriste Celeste Barber, qui secoue ses seins nus pixelisés. Lors de la conférence du conseil de surveillance sur Instagram jeudi, des utilisateurs ont demandé pourquoi Meta ne "libèrerait" pas tout simplement "tous les mamelons".
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La réponse de Meta attendue mi-mars
Ce n'est toutefois pas sur cette question si large que s'exprimeront les membres de Meta. Le groupe a rappelé que les images contestées avaient déjà été rétablies, et que l'entreprise avait déjà reconnu qu'elles n'auraient pas dû être retirées. "Nous savons que nous pouvons faire plus pour soutenir la communauté LGBTQ+ ", a précisé un porte-parole à l'AFP. Le groupe a prévu de répondre aux recommandations du conseil publiquement d'ici la mi-mars. En août 2021, Instagram avait présenté ses excuses après le bref retrait de publications partageant l'affiche du film de l'Espagnol Pedro Almodovar, "Madres Paralelas", qui montre un mamelon duquel pend une goutte de lait. Elles avaient été rétablies au nom du contexte artistique.