"Facile", "j'ai craqué" ou "ras-le-bol de l'eau citronnée" : ils nous racontent leur "Dry january"
Par La rédaction numérique de France Inter
TEMOIGNAGES - Plus que quelques heures. Le défi du mois sans alcool ou "Dry January", qui gagne en popularité est sur le point de se terminer. Bienfaits, difficultés, nouvelles habitudes... Comment s'est passé le défi des volontaires qui se sont lancés dans ce mois sans alcool ?
Le mois sans alcool vit ses toutes dernières heures. Passer 31 jours sans boire d'alcool, c'est le défi du Dry January, une campagne de prévention lancée en 2013 au Royaume-Uni, popularisée sur les réseaux sociaux ces dernières années. "Avec le Dry January, je me rends compte que je fais des efforts pour aller vers les gens", se félicite par exemple Sandrine, 52 ans.
Alors que 41.000 décès par an sont imputables à l'alcool selon Santé Publique France, nombreux sont ceux et celles qui souhaitent interroger voire modifier leur consommation. Chaque année, des centaines de milliers de volontaires se lancent, mais combien parmi eux réussissent à changer leurs habitudes ? France Inter a lancé un appel à témoignages, et a reçu des dizaines de réponses. En voici quelques-unes.
Anna, 39 ans (Seine-Saint-Denis) : “J’ai plus confiance en moi”
"Après une expérience avortée en 2020, je me suis lancée dans le Dry January sans l'avoir vraiment prémédité. J'avais observé un groupe qui le faisait sur Twitter l'an passé, qui semblait bienveillant et en avait manifestement tiré beaucoup de bénéfices. J'ai commencé en me disant que je ne tiendrais que 15 jours, mais finalement, je continue et j'ai surmonté sans réelle difficulté plusieurs obstacles (pot de départ, verres en amis, repas entre amis, vacances entre amis etc.) Je l'ai fait seule sans aucun jugement de mes amis. Par contre plusieurs amis m'ont dit avoir moins bu en ma “dry compagnie” qu'à l'habitude. J'avoue avoir envie d'un bon verre de vin, mais je n'attends pas le 1er février à tout prix. Je pense d'ailleurs que je ne boirai pas ce jour-là. J'ai plus confiance en moi et je vois les effets positifs sur ma peau, mon humeur et mon poids ! Je recommencerai sûrement dans l'année".
Christiane, 75 ans (Ariège) : “J’ai décidé de ne plus boire régulièrement”
"Le Dry January m'a semblé plus facile que prévu. Je l'ai fait seule face à un mari qui a continué à boire. Ces derniers jours, je les vis avec une légère impatience, mais j’ai décidé de ne plus boire régulièrement, uniquement dans les instants festifs. Moi qui l’avais fait l’an dernier, je renouvellerai l'année prochaine".
Laurent, 38 ans (Haut-Rhin) : “Les bières sans alcool commencent à être sympa”
"C'est déjà mon troisième dry january, je le fais seul mais vu que je ne bois pas, ma compagne n'a pas envie de boire, de même que les quelques invités que j'ai reçus. Donc pas d'alcool à la maison pendant un mois, et je le vis très bien, c'est facile, je suis rodé maintenant. J'ai même fait un pot de départ où j'étais le seul à ne pas boire d'alcool ! Je ne compte pas particulièrement les jours, mais j'ai mon anniversaire le 10 février et je compte bien boire un coup, donc je vais rompre l'abstinence. Je compte réduire ma consommation - je ne buvais que le weekend - à des quantités plus faibles. On prend souvent l'apéro en famille le vendredi soir, je pense que je le prendrai plus souvent sans alcool. Je suis un fan de bière, j'adore faire pleins de découvertes, c'est un goût qui me manque. Les sodas m'écœurent rapidement alors je pense que je vais me tourner vers les bières sans alcool plus souvent, surtout qu'elles commencent à être vraiment sympas".
Sandrine, 52 ans (Hérault) : “Je fais des efforts pour aller vers les gens”
"Je l’ai fait seule. Cela a été très difficile la première semaine. Je me suis limitée à l'abstinence en semaine, et le premier week-end j’ai bu trois verres de vin samedi et trois le dimanche. La deuxième semaine, deux verres de vin dans le week-end. Ensuite, zéro alcool jusqu'à la fin du mois. Et j'espère continuer ensuite ! Ma consommation était devenue déraisonnable avec mon isolement accru depuis le début de la pandémie. Je me rends compte - et je ne sais pas si c'est lié - que je fais des efforts depuis le début de mon Dry January pour aller vers les gens. Peut-être que l'alcool m'avait aussi isolée. Je vais tenter de prolonger l'expérience !"
Matthieu, 32 ans (Doubs) : “Pas difficile, mais pas très intéressant”
"Je l’ai fait en groupe. Ce n’était pas difficile, mais pas très intéressant. Les dernières heures ? Je les vis plutôt bien, mais c'est clair que le premier février je bois une bière".
Fabienne, 34 ans (Loire-Atlantique) : “Dégager du temps de cerveau lucide disponible”
"Pour moi qui ai la bière au bar plutôt facile habituellement, ça a été. Pour commencer, j'ai passé un réveillon en buvant de l'alcool très modérément, avec des ami.e.s qui en ont fait de même, ça aide. Je vis avec mon copain, qui lui l'a fait très rigoureusement. Ça aussi ça aide ! Au début, c'était un peu désarçonnant sur la question “comment voir ses ami.e.s”. Quelque part, c'est moins "automatique" comme moment, ça crée des échanges plus "intentionnés". Sinon, mon copain et moi avons gardé des moments d'apéro, en achetant des softs, donc je n'ai pas eu de sensation de privation. Les 3 fois où j'ai bu de l'alcool, j'ai eu l'impression de sélectionner le moment et de véritablement me poser la question de si j'en avais envie. Ca m'a permis de me dégager du temps de cerveau lucide disponible, de profiter de mes matinées le week-end pour me balader et profiter de la lumière du jour. Je ne compte pas du tout les heures, j'espère que le petit rythme que j'ai pris en termes de consommation d'alcool va se poursuivre".
Nathalie, 59 ans (Paris) : “Je ne vois pas d’effet sur mon poids”
"Aucun souci pour ce que je prends comme un petit test. Un mois dans l'année, c’est largement faisable. Je le fais seule, et j'ai l'impression de mieux dormir. Par contre, comme chaque année, je ne vois pas d'effet sur mon poids ! J'ai aussi l'impression de passer pour une extraterrestre dans mon entourage. Je le fais depuis 3 ans et oui, je vais renouveler cette expérience".
Mélanie, 26 ans (Finistère) : “On respecte mieux mon engagement”
"Avec mon mari, c'est le cas depuis trois ans (la première année je l'ai fait toute seule et il s'est lancé ensuite). Je savais donc à quoi m'attendre. Il y a des moments dans le mois qui font que c'est plus difficile "de tenir". L'apéro du vendredi reste le moment le plus frustrant : je savoure particulièrement ma/mes bière ou mon/mes verre de vin au moment du relâchement de la semaine. Sinon, pas de difficulté particulière. Les réflexions des proches sont moins présentes que les premières années ("oh mais c'est mon anniversaire, tu ne vas pas trinquer ?!") et donc les propositions d'alcool moins régulières. On respecte mieux mon engagement. Les discussions autour de la consommation d'alcool engendrées par cela sont intéressantes : questionnement global sur la place de l'alcool dans nos vies pour certains ou évitement du sujet pour d'autres ! Le dernier weekend de janvier est toujours "en trop", j'attends en quelque sorte la fin. Mais je "tiens" jusqu'au bout. Je renouvellerai l'année prochaine sur cette même période. Il est toujours intéressant de prendre du recul sur ma consommation, se prouver qu'on peut faire sans. Mais ça reste difficile de le faire sur une période aussi longue".
Sara, 37 ans (Hauts-de-Seine) : “J'ai acheté des spiritueux sans alcool pour faire des cocktails”
"Je l'ai fait seule, et ça a été difficile au début de casser l'habitude, puis je l'ai pris comme un jeu pour découvrir d'autres choses. Étant en plus en phase de perte de poids, je ne pouvais pas remplacer l'alcool par des substituts sucrés (soda, cocktails aux fruits, jus de fruits...) et c'est franchement là qu'on réalise la pauvreté de l'offre apéritive conviviale qui n'a pas un goût sucré surtout dans les bars. Mais la contrainte est devenue un challenge pour être créative et découvrir les alternatives. Le plus difficile, c'est vraiment de convaincre l'autre en face qu'on va quand-même passer un super apéro, détente et convivial et qu'on n'est absolument pas gêné qu'il ou elle prenne de l'alcool. Je vis les dernières heures assez facilement. Je suis contente des alternatives trouvées notamment à domicile. Le plus dur c'est vraiment les bars. J'ai acheté du spiritueux sans alcool pour faire des cocktails sympas qui ont le vrai goût de cocktail, finalement le virgin mojito sans sucre c'est sympa (plus que le Perrier-rondelle). Je vais vraiment essayer de garder de bonnes habitudes, et en tout cas de casser celle qui fait de l'alcool l'indispensable de l'apéro et de la convivialité".
Gilles, 52 ans (Loire-Atlantique) : “Difficile à faire comprendre aux autres”
"Le Dry January s’est bien passé, pour la deuxième année. C’est plutôt plus facile que l’année dernière. Au début, je l’ai fait avec ma conjointe mais depuis quelques jours, je le continue seul. Tout va bien. J’ai envie parfois de prolonger, mais cette expérience est difficile à faire comprendre aux autres".
Florine, 29 ans (Nord) : “J'ai aussi décidé de faire un mois sans sucre”
"Il a été plus facile qu’attendu. Là où j’ai compliqué les choses, c’est que j’ai décidé de faire également un mois sans sucre ; pas de jus ni sodas ! Et l’eau gazeuse citronnée, ça en devient agaçant. Il n’a pas été difficile pour moi de me mettre au Dry January, les fêtes ont été très copieuses et je sentais que j’avais besoin de calmer les excès en tous genres ! Nous étions un groupe d’une quinzaine d’amis à le faire, et à avoir créé un groupe de soutien. Certains ont craqué une fois, mais dans l’ensemble tout le monde a tenu son pari ! De plus, mon conjoint le faisait avec moi et je pense que si j’avais été seule, je me serais laissée aller, notamment pour le sucre ! De manière générale, je me sens plutôt en forme. Je dors très bien. Physiquement je me sens moins “gonflée”. Les dernières heures se passent bien. J’ai assisté il a quelques jours à la fête de PACS d’amis. J’étais très frustrée de ne pas prendre un verre pour trinquer avec eux. Finalement la frustration est passée assez vite. Il est hors de question pour moi d’arrêter le Dry January avant le 1er février, je n’ai pas tenu tout ce temps pour abandonner si près du but ! Je renouvellerai l’expérience et pense utiliser cette lancée pour réduire ma consommation d’alcool et de sucre de manière plus globale".
Julien, 39 ans (Moselle) : “Parfois difficile dans certaines situations”
"Le Dry January s'est bien passé, c’était plus facile que je ne le pensais car j'avais de fortes habitudes de consommation. Je l'ai fait avec mon épouse, et les résultats sur notre santé et notre quotidien sont plutôt bons. Il est parfois difficile dans certaines situations (anniversaire, journée difficile au travail, moments de convivialité) mais de manière générale ça n'a pas été si difficile. Sans compter les heures, on ne dirait pas non a un petit verre ! Mais ce n'est pas un besoin. Je ne sais pas si nous referons un mois complet, mais ça nous a quand même fait prendre conscience que ne pas boire en semaine, ou faire de petits arrêts par moment, était plus que bénéfique pour nous. Satisfait de l'expérience en tout cas, c’était la première fois".
Luca, 24 ans (Paris) : “Plusieurs collègues se sont joints à moi”
"C’était plus difficile que l'année passée. J'ai craqué à partir du 19 janvier, à cause de mauvaises nouvelles au travail. J'ai réalisé ce mois sans alcool seul au quotidien, mais plusieurs collègues de bureau se sont joints à moi, et leur présence a été très utile lors des événements d'entreprise ou quand nous allions au bar avec les collègues. J'ai arrêté le mien vers le 18 janvier, mais j'en suis content ! C'est une expérience utile, qui fait du bien en ce début d'année, couplée à une meilleure alimentation et à la reprise du sport. Je pense le refaire pour une troisième fois en 2024, en essayant de mieux tenir".