Fans ou néophytes, on dissèque pour vous la bande-annonce de "Dune", blockbuster le plus attendu de l'année
Par Olivier Bénis
C'est l'un des films les plus attendus de l'année 2020 (s'il n'est pas reporté à cause de l'épidémie de Covid) : "Dune", de Denis Villeneuve, deuxième adaptation au cinéma du chef-d'œuvre de la littérature de science-fiction, vient de révéler sa bande-annonce. Nous l'avons analysée en détails (et sans spoiler).
"Dune" est un monument : le roman (ou plutôt les romans) de Franck Herbert, paru dans les années 60, a eu une énorme influence, visible ou non, sur tout un pan de la culture populaire. Il faut dire que l'œuvre évoquait des thématiques qui sont devenues de plus en plus cruellement actuelles, comme l'écologie, les révolutions, le fanatisme religieux...
Adapté une première fois en 1984 par David Lynch (après et avant d'autres tentatives finalement abandonnées), "Dune" était sans doute trop ambitieux pour le cinéma de l'époque. Le résultat était délicieusement kitsch (avec notamment Sting qui surjoue joyeusement en slip métallique), mais les fans attendaient une adaptation plus fidèle. Denis Villeneuve, qui avait déjà ressuscité avec brio "Blade Runner", semble cocher toutes les cases de l'univers d'Herbert, si l'on en croit cette première bande-annonce.
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Vous n'avez pas tout compris ? On vous explique tout image par image, ou presque.

Le premier visage aperçu dans cette bande-annonce est celui de Paul Atréides. Le héros des premiers livres et du film est incarné par le jeune Timothée Chalamet, un choix judicieux puisqu'il est censé avoir 15 ans au début de l'histoire. Il est l'héritier d'une très longue lignée de la noblesse de l'époque (l'an 10191, excusez du peu).

Paul est sujet à des rêves prémonitoires : il y voit notamment Chani (l'actrice Zendaya), et rassurez-vous : le tuyau dans son nez n'est pas un respirateur artificiel pour malade du Covid, mais un élément du distille, le costume traditionnel des Fremens (une contraction de "free men", "hommes libres"), les indigènes de la planète Arrakis (surnommée Dune puisqu'elle est couverte de sable). Un costume qui permet de survivre dans le désert infini qu'est cette planète, en recyclant toute l'eau émise par le corps (sueur, salive... ou pire) pour la rendre potable et la garder en réserve.

On entend ensuite la voix de Paul annoncer : "une croisade arrive". Un choix de vocabulaire qui a fait tiquer certains fans, puisque dans le livre, cette croisade est clairement nommée "djihad". L'ouvrage d'Herbert aborde en effet largement la question du messie, de la guerre sainte, et plus largement de la religion et du fanatisme. Peut-être compliqué à assumer en notre époque post-attentats.

Cette aiguille a un sens bien particulier dans l'univers de Dune. Il s'agit du "gom jabbar", une aiguille empoisonnée liée à une terrible épreuve des sœurs du Bene Gesserit (un ordre religieux composé exclusivement de femmes). On n'en révélera pas plus, sinon que son sens est profondément lié à la réflexion d'Herbert sur ce qui fait de nous des humains.

Paul sur sa planète natale, Caladan : l'exact opposé d'Arrakis, puisqu'elle est couverte d'océans. Il ne s'agit donc pas de la planète "Dune" du titre, au cas où vous seriez inquiets des choix esthétiques de Denis Villeneuve...

Autre personnage-clé de l'entourage de Paul, Gurney Halleck, maître d'armes de la famille Atréides, incarné par Josh Brolin.

"Tu dois apprendre à gouverner, quelque chose qu'aucun de tes ancêtres ne fit" : la phrase récitée par Charlotte Rampling a un sens important. Dans l'univers de "Dune", la famille Atréides a en effet, comme son nom l'indique, une longue histoire qui remonte à notre propre Antiquité. Leur nom renvoie directement aux Atrides, la famille du roi Agamemnon (et à leur histoire tragique faite de trahisons et d'échecs).

Oscar Isaac (vu récemment dans la dernière trilogie Star Wars) incarne le père de Paul, Leto Atréides. Une figure essentielle, dont le destin sera crucial dans la construction de celui du jeune homme.

La bande-annonce est également très avare d'images du principal antagoniste de l'histoire : Vladimir Harkonnen, chef difforme et haineux de la famille rivale des Atréides. Il est incarné ici par le Suédois Stellan Skarsgård, et on a hâte de voir les transformations que lui aura imposé l'équipe du film pour interpréter ce personnage rendu monstrueusement obèse par une terrible maladie.

Étrangement, les premières images nous en dévoilent plus sur Glossu Rabban, neveu du baron Harkonnen et surnommé Rabban la Bête, cruel et sadique gouverneur de la planète Arrakis avant que sa famille en soit dépossédée au profit des Atréides : le point de départ d'une succession de tragédies pour ces derniers.

L'acteur Jason Momoa, alias Duncan Idaho, n’apparaît pas longtemps dans la bande-annonce, mais retenez-le bien : il est l'un des personnages les plus importants de la saga "Dune". À tel point que si le film est un succès et que des suites sont envisagées, sa retraite devrait être confortable.

Première vision d'un ver des sables, l'un des éléments iconiques de Dune. Ces vers semblent ici bien plus imposants que ceux dépeints par David Lynch dans le film de 1984. C'est l'un des plus grands dangers (et des plus grandes armes potentielles) de la planète Arrakis, et leurs apparitions devraient crever l'écran.

Un peu moins important, mais petit clin d'œil à l'attention des fans et des amateurs d'Histoire : les ornithoptères, des appareils volants qui ont réellement existé (il s'agissait d'ailleurs d'une des lubies de Léonard de Vinci), et que Franck Herbert avait imaginé en moyen de transport rapide et efficace dans son lointain futur imaginaire.

Ici, c'est moins l'image qui est importante que le texte qui l'accompagne : Paul récite une partie de la Litanie contre la Peur, une prière du Bene Gesserit et là encore un élément central du livre. En voici la version complète tirée du roman : "Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi."

La dernière scène visible dans cette bande-annonce est, évidemment, une course-poursuite avec un ver des sables. Ce dernier semble se calmer soudainement face à Paul, évoquant la domestication de l'animal (et plus largement de la planète elle-même) par le jeune homme. Encore une scène qu'on a hâte de voir sur grand écran.
La sortie du film est prévue pour le 23 décembre 2020 en France.