
La Grande-Bretagne vient de créer un secrétariat d'Etat destiné à lutter contre la solitude. En Angleterre, 200 000 personnes passent souvent un mois sans parler à personne. Chez nous, ce n'est pas mieux : 300 000 personnes de plus de 60 ans sont en situation de "mort sociale".
La "mort sociale", c'est une expression très violente, pour une situation qui l'est tout autant : pas d'amis, pas de famille, pas même de voisin à qui parler. Selon une étude de l'association Les Petits frères des pauvres, publiée fin septembre, 300 000 personnes de plus de 60 ans sont dans cette situation en France.
"Une forêt dont vous ne trouvez pas la sortie"
C'est ce qui est arrivé à Gérard, 61 ans, qui vit à Paris : "La solitude, pour moi, c'est parce que je suis tombé malade, et que j'ai été cambriolé ensuite. Je n'osais plus sortir. J'ai passé près de quatre ans enfermé, sans ouvrir le rideau ni les portes, sans que personne ne rentre. Vous êtes comme dans une forêt dont vous ne trouvez pas la sortie".
Ce long tunnel, il a fini par en sortir grâce aux bénévoles des Petits frères des pauvres : "C'est comme si j'avais retrouvé un semblant de vie, un semblant de dignité. C'est là que je me suis remis un peu à vivre". En France, ils sont 12 000 à être accompagnés par des bénévoles. Un chiffre qui ne cesse d'augmenter, et des associations qui se sentent aussi bien seules.
"Ce sujet n'a pas l'air d'intéresser le gouvernement"
"Au moment même où la Grande-Bretagne annonçait la nomination sur la lutte contre l'isolement, le ministère d'Agnès Buzyn annulait pour la quatrième fois son rendez-vous avec nous", déplore Armelle de Guibert, déléguée générale des Petits Frères des pauvres. "Ca se passe de commentaires, ça veut dire que ce sujet n'a pas l'air d'intéresser le gouvernement actuel".
Un gouvernement dans lequel aucun poste n'est dédié spécialement à la question de la vieillesse et de l'isolement. L'association demande donc, un peu sur le modèle britannique, la création d'un délégué interministériel sur ces questions