"Fille en colère sur un banc de pierre" : "nullité" ou "humanité" absolue ? Véronique Ovaldé divise Le Masque

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"Fille en colère sur un banc de pierre" : "nullité" ou "humanité" absolue ? Véronique Ovaldé divise Le Masque

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Le nouveau livre de la romancière Véronique Ovaldé divise Le Masque & la Plume
Le nouveau livre de la romancière Véronique Ovaldé divise Le Masque & la Plume
© AFP - GABRIEL BOUYS

Quatre ans après "Personne n'a peur des gens qui sourient", Véronique Ovaldé signe le récit d'une tragédie familiale sur une île au large de la Sicile. Une histoire de famille racontée avec "beaucoup d'humanité" pour une partie du Masque et "un mélodrame totalement absurde" pour l'autre.

Le livre présenté par Jérôme Garcin

Aïda, qui vit à Palerme, revient sur l'île Lazza au large de la Sicile, une île volcanique. L'Île d'où elle avait été chassée quinze ans plus tôt par son père, alias la Seigneurie, et qui vient de mourir. Il la tenait responsable de la disparition de sa plus jeune sœur une nuit de carnaval. En venant assister à l'enterrement de son père, Aïda fait ressortir les secrets de la famille composée d'un père tyrannique, d'une mère soumise et de leurs quatre filles dans une Italie du Sud où "avoir quatre filles, c'est ne pas avoir d'enfant". Véronique Ovaldé dit qu'elle a failli intituler son roman "L'immémorial chagrin des filles qui ne sont ni des gars, ni des jolies, ni des intéressantes".

Olivia de Lamberterie applaudit une histoire racontée avec style et panache

Olivia a toujours adoré le style de Véronique Ovaldé, et elle trouve qu'elle partage cette fois-ci une humanité d'écriture encore plus saisissante : "C'est vraiment un livre consacré à la condition des filles dans une île italienne à une époque pas si reculée. J'aime beaucoup cette veine-là de Véronique Ovaldé, elle fait confiance au roman. Il y a une sorte de générosité dans sa manière de raconter son histoire et une vitalité extraordinaire.

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Dans cette île, si vous n'êtes pas jolie, si vous n'êtes pas un garçon, si vous n'êtes pas intéressante, vous n'êtes rien. Peut-être est-ce l'histoire de l'humanité qui est en train de resurgir dans la littérature, et c'est très bien. J'aime son histoire de sœurs fâchées et, au-delà de son sujet très particulier, c'est vraiment un livre sur le secret qui empoisonne les familles, sur la culpabilité, sur le passé. Elle a ce don pour inventer des géographies imaginaires, mais tout à fait probables".

Pour Arnaud Viviant, c'est "le summum de la nullité absolue"

Après s'être arraché les cheveux pour trouver une contrepèterie qu'il a relevée dans le titre, mais qu'il n'a pas voulue partager avec les autres critiques, le journaliste littéraire pour la revue Transfuge confie que c'est un des romans les plus nuls qu'il ait lu dernièrement. Il estime que c'est dénué de littérature : "On est au summum de la nullité absolue. C'est comme un morceau de musique dont on ne vous donnerait pas la clé, c'est sans aucune tonalité. On ne sait pas vraiment si on est dans le tragique (car il y a quand même une enfant qui a disparu). On est dans une île, mais on se croirait dans une publicité internationale pour la Fiat 500 avec de l'Opéra et des pâtes. On est dans le ridicule le plus absolu.

Parfois, Véronique Ovaldé apparaît elle-même comme une espèce de marionnettiste manchote qui vous explique pourquoi elle n'arrive pas à faire avancer ses personnages. On se demande ce qu'on est en train de lire, ça n'a aucun sens, on ne comprend même pas comment ça peut être publié. Peut-être parce que Véronique Ovaldé est éditrice elle-même, et qu'elle doit avoir un passe-droit. Si un éditeur reçoit ce manuscrit par la poste, il se dit que c'est impubliable. Il n'y a pas de littérature, ni d'effet, il n'y a rien !"

Patricia Martin l'a trouvé très beau

Pour la critique de France Inter, c'est un magnifique livre sur la mélancolie de la vie : "C'est très bien écrit avec un très beau style. Il n'y a que des fantômes, que des femmes seules avec une espèce d'atmosphère menaçante qui pèse sur l'ensemble. Sans compter toute une cinglerie de l'île qui est extrêmement bien installée. Il y a, à la fois, beaucoup d'amour, mais assez peu de douceur. C'est très beau !"

Frédéric Beigbeder n'a pas cru une seule seconde à cette histoire

Au Figaro, on estime que le livre est aussi absurde qu'on soupçonne chez Véronique Ovaldé une littérature de genre opportuniste : "C'est quand même très sirupeux et laborieux. C'est un mélodrame complaisant. Pourquoi serait-on obligé d'aimer parce qu'il y a une petite fille qui disparaît ? On n'y croit pas une seconde, c'est absurde ! Enfin, votre fille a perdu sa petite sœur, évidemment qu'on va s'en occuper ! Dès le point de départ, ce n'est pas crédible.

On a l'impression que Véronique Ovaldé écrit sans jamais trier. Comme s'il fallait qu'elle fasse absolument 200 pages, donc elle écrit tout ce qui lui passe par la tête, ce qui débouche sur des espèces de développement dérisoires. C'est une littérature de genre, qui me donne l'impression qu'il y a des romans calculés pour plaire".

Le livre

Écoutez l'intégralité des critiques échangées sur le livre :

"Fille en colère sur un banc de pierre" de Véronique Ovaldé

10 min

📖 LIRE - "Fille en colère sur un banc de pierre" de Véronique Ovaldé (Flammarion)

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