"Friends", la sitcom de la génération X

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"Friends", la sitcom de la génération X

Par
Matthew Perry, Matt LeBlanc, David Schwimmer, Courteney Cox, Lisa Kudrow, Jennifer Aniston
Matthew Perry, Matt LeBlanc, David Schwimmer, Courteney Cox, Lisa Kudrow, Jennifer Aniston
© Getty

Rachel, Chandler, Monica, Phoebe, Joey, Ross ! Six prénoms qui au gré des 236 épisodes de leurs aventures new-yorkaises vont réunir des millions d'afficionados à travers le monde. "Friends", une série devenue culte et pour une fois on n'hésite pas à utiliser ce terme si galvaudé.

À l'occasion du festival Séries Mania, Benoît Lagane vous proposera, du 22 au 30 mars, un podcast original quotidien. Histoire de se mettre en jambe, coup de projecteur sur quelques séries qui ont marqué leur temps.

Une musique, une fontaine, des mains qui frappent en rythme, un bar, un canapé, des amis qui discutent et une mariée qui débarque, échevelée. En 2 minutes 30 on avait compris qu'on allait les aimer, ces six-là et qu'ils allaient nous accompagner un petit bout de temps.

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Dix ans très exactement. 

"Friends", la série qui parlait de tout et de rien

"Surtout de rien", précise Frédérick Sigrist dans le Blockbusters qu'il a consacré à la série : 

Dans l'histoire des sitcoms, il n'y a guère que Seinfeld qui a poussé aussi loin l'éloge du rien. Et c'est pour ça que c'était bien.

Avec Frédérick Sigrist, deux fans de la première heure puisqu'ils étaient lycéens lorsqu'a débuté la diffusion de la série en France : Pierre Langlais, aujourd'hui journaliste spécialiste des séries télé ( @MrSeries) et Thibaut de Saint Maurice, professeur de philosophie que vous retrouvez régulièrement sur France Inter avec sa Petite Philo.

Friends est le deuxième bébé de Martha Kauffman et David Crane, après Dream on, plus confidentiel en France.

Le pitch de départ, résumé par Pierre Langlais : "Comment on vit à Manhattan aujourd'hui (en 1994) et comment on s'installe dans cette nouvelle génération, la fameuse génération X, avec d'autres codes, mais en même temps en respectant les traditions. Bref, on a le cul entre deux chaises, entre les traditions et le refus des traditions."

C'est qui cette "Génération X" ?

"C'est la génération qui a 20 ans dans les années 1990", explique Thibaut de Saint Maurice, "et qui a perdu quelques illusions du fait de la difficulté de s'insérer sur le marché du travail, bien qu'on ait des diplômes. C'est une génération qui a des préoccupations beaucoup moins politiques ou universalistes que les générations précédentes et qui va donc être un peu plus dans le replis sur le groupe d'amis. Sur l'intime et sur l'ordinaire de la vie."

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Le sens du tempo

C'est primordial dans une sitcom. Une bonne réplique, c'est bien, mais encore faut-il qu'elle tombe au bon moment. "Ça, ça tient aussi au talent des acteurs" estime Pierre Langlais, "et à la direction d'acteur. L'écriture de Friends était assez traditionnelle, moins risquée que celle de Seinfeld, mais maîtrisée."

"Il y a l'écriture", poursuit Thibaut de Saint Maurice, "mais il arrivent à intégrer dans un épisode tous les registres du comique : le comique des mots, le comique de situation, mais aussi quelque chose qui est très présent dans Friends : les gestes. Certains sont même devenus cultes"

L'air du temps

De la mère porteuse (Phoebe) au transgenre (le père de Chandler) en passant pas le mariage homosexuel (l'ex-femme de Ross), la série a souvent abordé des sujets de société. Sans être une série militante, Friends a fait entrer ces sujets dans la fiction. 

"Ces thèmes sont ainsi intégrés à la vie ordinaire de ces amis que l'on connait bien", analyse Thibaut de Saint Maurice. "C'est une façon de les banaliser, mais c'est plus subtil que ça. Le fait que cela rentre dans la vie des Friends et donc par procuration dans la mienne, ça me permet de m'approprier cette grande question de société qui sinon est un peu difficile à manier. Ça permet de la faire entrer dans mon expérience et de savoir quel type d'émotion et de jugement je peux avoir. Ça a vraiment une fonction de médiation. La grande question de société devient une question intime et personnelle parce qu'elle a été "médiée" par la fiction d'amis que j'apprécie et que je connais bien."

La VOST

Les fans de la première heure découvrent la série en version originale sous-titrée, puisque c'est ainsi qu'elle est diffusée dès le printemps 1996 sur Canal Jimmy. Le grand public devra attendre septembre 1997 et se contenter de la version française, plutôt réussie, soyons honnêtes.

Nombre de téléspectateurs assidus ont d'ailleurs été quelques peu perturbés au début de la diffusion de la neuvième saison. Suite à un mouvement de grève des comédiens qui doublaient la série, certains n'ont pas été reconduits. Ainsi, Rachel, Joey et Chandler ont changé de voix pour les deux dernières saisons.

Rapidement, grâce aux cassettes vidéo, toute une génération découvre la série en version originale sous titrée. "Friends est plus "osé" en version originale", explique Pierre Langlais. "Il y a une sorte de "purification" du texte en version française qui fait qu'elle est un peu plus polie."

L'énorme succès de la série va créer une forme de hiérarchie entre les premiers fans et les autres. "C'est un réflexe assez fréquent", d'après Thibaut de Saint Maurice : "Quand quelque chose d'un peu confidentiel devient massif, on veut retrouver une forme de pureté." Ainsi les premiers aficionados ont beaucoup promu le visionnage en VOST.

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Ce que nous a appris "Friends"

J'ai appris à parler "séries" avec "Friends"

Tout comme Pierre Langlais, Thibaut de Saint Maurice reconnait le rôle "initiatique" de la série Friends : "ça a été l'occasion d'apprendre à regarder une série et d'apprendre à devenir spectateur d'une série :

  • Apprendre le rendez-vous régulier
  • Apprendre les premiers grands codes (cliffhanger, crossover, placement de produit, saison, spoiler...)
  • Apprendre à attendre la saison suivante
  • Apprendre à redouter la fin de la série
  • Apprendre à en faire le deuil et à passer à autre chose

Secrets de tournage

Comme toutes les sitcoms, Friends est tourné intégralement en studio, à Los Angeles, en public. Mais, contrairement à la légende urbaine, ce public n'est pas entraîné à rire à tel ou tel moment. En revanche certaines prises sont refaites, parce que parfois le public n'a pas ri ou pas bien ri. Il faut trouver la bonne note, le bon timing pour que le public rie proprement. C'est un vrai travail de comédie sur scène.

Aller plus loin

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