Galileo, le système de positionnement par satellite européen connait à nouveau des dysfonctionnements. Vous ne vous en êtes peut-être même pas rendu compte mais depuis le 11 juillet, le service est en panne suite à un incident technique. C'est loin d'être la première complication qui frappe le projet depuis ses débuts.
Le satellite européen Galileo fait face à un nouveau coup dur. Depuis le 11 juillet, la constellation de 26 satellites ne répond plus. Les raisons exactes de ce dysfonctionnement ne sont toujours pas connues mais l'Agence européenne chargée de sa mise en œuvre évoque "une panne de service" et un "incident technique lié à son infrastructure au sol". Ces infrastructures, qui sont sous la responsabilité de Thalès Alenia Space, regroupent désormais des antennes de réception des données, les centres de contrôles des satellites situés en Italie et le traitement du signal.
Le système est opérationnel depuis 2016 mais est encore considéré en phase pilote. Ce n'est que lorsqu'elle comptera 30 satellites que la constellation sera pleinement en service. La date annoncée est 2020. Les quatre derniers engins doivent être mis en orbite par la future fusée Ariane 6, laquelle n'a pas encore réalisé son premier vol. La Commission européenne, seule habilitée à parler dans ce nouvel épisode malheureux, estime que la phase pilote est précisément utile pour tester la robustesse du système. Un ton qui se veut rassurant alors que des sources proches du dossier affirment que pour l'heure, c'est le grand flou sur les causes de cette panne inattendue.
Financé par l'Union européenne, Galileo a pour but de concurrencer le système GPS mais surtout de doter l'Europe d'une autonomie dans le positionnement, devenu stratégique pour guider des flottes d'avions ou d'autres véhicules. Pour les besoins militaires, un tel système se révèle indispensable, le gouvernement américain se réservant le droit de dégrader le signal GPS à sa guise.
Le projet, imaginé il y a plus de 20 ans et initialement prévu pour la fin de l'année 2008, a connu retards et dysfonctionnements :
2007 : début du retard et problème de financement
Alors que la constellation devait être prête pour la fin de l'année 2008, Galileo est retardé de quatre ans. Mais ce n'est pas le seul problème auquel est confronté le programme.
Galileo devait être financé aux deux tiers par des entreprises privées et à un tiers par le public. Huit industriels, dont deux français, Thales et Alcatel, avaient été retenus pour assurer le lancement et l'exploitation du programme. Mais les entreprises n'ont pas su répondre aux demandes de l'Union européenne et de la Commission européenne.
Face aux retards et aux tensions entre les industriels, l'Union européenne décide en juin 2007 d'exclure les industries privées. En prenant cette décision, l'UE a dû partir à la recherche de 2,4 milliards d'euros pour mener à bien le projet.
Après plusieurs mois de discussions entre les pays membres, l'argent nécessaire a été récupéré dans les fonds publics de l'Union européenne. Les ministres du Budget de l'UE et le Parlement européen ont donné leur accord pour que les 2,4 milliards d'euros indispensables pour la mise en œuvre du programme Galileo soient pris en charge par le budget de l'Union de la période 2007-2013.
2014 : deux satellites placés sur la mauvaise orbite
À bord de la fusée Ariane ou de Soyouz, les satellites prennent le chemin de l'espace sans encombre. Jusqu'à ce que deux d'entre eux se retrouvent sur une mauvaise orbite, alors que les communiqués officiels se succèdent pour vanter la réussite du programme.
Invoquant une "anomalie d'injection des satellites Galileo", l'écart avec l'orbite visée par la fusée est trop grand pour que les satellites la rejoignent. L'agence européenne confirme tout de même que les deux satellites restent utiles à la constellation.
Une enquête révélera que l'envoi a échoué suite au gel du carburant de la fusée Soyouz qui emportait les satellites.
2016 : les horloges atomiques défaillantes
C'est un nouveau raté pour Galileo. En 2016, 18 satellites sont dans l'espace et chacun d'entre eux possèdent quatre horloges dont deux atomiques.
Les horloges atomiques sont essentielles au bon fonctionnement de Galileo. Elles lui confèrent son extrême précision (au mètre près, au centimètre près pour des usages défense, ce qui en fait à ce jour, le système le plus performant ). Jean-Yves le Gall, le président de la GSA l'agence qui gère la constellation, a coutume de dire qu'"avec le GPS on voit les rails d'une voie de chemin de fer, avec Galileo, on voit les wagons sur les rails".
Fin 2016, neuf horloges sont déclarées défaillantes sur les 72 présentes à bord des satellites.
Après une enquête, de l'Agence spatiale européenne, les causes de ces anomalies sont identifiées et corrigées.