"Galleria mellonella", la larve qui fait un festin... d'un sac plastique
Par Julien BaldacchinoUne chercheuse espagnole a découvert qu'une espèce de larve, utilisée notamment pour la pêche à la ligne, est capable de détruire naturellement du polyéthylène.
Et si la perspective de pouvoir bio-dégrader du plastique nous venait... d'une chenille ? La découverte de la chercheuse espagnole Federica Bertocchini pourrait offrir cette possibilité. Cette chercheuse au Centre espagnole de la recherche nationale (équivalent du CNRS) a identifié que la larve de la fausse teigne de cire, connue sous le nom scientifique de "Galleria mallonella", était capable de dégrader naturellement du plastique.
Et pas n'importe quel plastique : le polyéthylène, l'une des matières considérées comme les plus résistantes, utilisée dans de nombreux emballages. Elle sert notamment à la fabrication des sacs plastique, qui mettent plusieurs dizaines d'années, et parfois jusqu'à 400 ans, pour se décomposer complètement.
Une découverte presque par hasard
Les larves de galleria mallonella sont très communes, utilisées notamment pour la pêche à la ligne. Elles sont aussi connues pour être un parasite des ruches, qui se niche dans la cire des abeilles. Et c'est en s'occupant de ses ruches que cette chercheuse, qui est aussi apicultrice amateur, a constaté que les sacs plastique dans lesquels elle plaçait la cire infectée de ses ruches se retrouvaient perforés.
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D'autres observations, réalisées cette fois au Royaume-Uni, confirment la tendance : ces larves peuvent détruire du plastique en à peine quelques minutes. En douze heures, la masse d'un sac plastique se retrouve diminuée de 92 milligrammes : c'est beaucoup plus que ce que permet une bactérie découverte l'an dernier, capable de détruire du plastique au rythme de... 0,13 milligramme par jour.
Reproduire l'enzyme destructeur de plastique ?
Reste une énigme pour les chercheurs : quel mécanisme permet à cet animal de détruire ainsi du plastique ? Il est possible qu'elle le transforme ou qu'elle le brise chimiquement, plutôt que simplement l'ingérer. Selon Pablo Bombelli, chercheur à l'université de Cambridge au Royaume-Uni, si c'est un simple enzyme qui permet cette dégradation, "on pourra alors la fabriquer à une échelle industrielle grâce à la biochimie".
Enjeu d'une telle découverte : participer à la destruction des déchets en polyéthylène : ils composent 40% de la demande totale de plastique en Europe, et 38% d'entre eux finissent dans les décharges. En 2015, une étude estimait à huit millions de tonnes les rejets annuels de plastique dans les mers et les océans.