
Gérard Depardieu est en ce moment avec Benoît Poelvoorde dans le sud de la Drôme, à Dieulefit pour un tournage. A Cannes le jury du festival le jugera dans le film de Guillaume Nicloux dans un face à face émouvant avec Isabelle Huppert. Deux grandes figures du cinéma qui se retrouvent ainsi dans The Valley of love , en l'occurence la Vallée de la Mort, à la recherche de leur fils.
L'an dernier les festivaliers l'ont vu dans le film d'Abel Ferrara inspiré de l'affaire DSK. Cette fois le "buzz" est moins fort mais le film tout aussi attendu. Le festival a de surcroît programmé un documentaire consacré à Depardieu dans le cadre de Cannes Classics : Gérard Depardieu, grandeur nature . Le film sera diffusé le 21 mai dans la sélection Cannes Classics et sur France 5.
De la tendresse avec Gérard Depardieu
Ce film est l'oeuvre de Richard Melloul, photographe et proche de Gérard Depardieu. Il aurait dû se consacrer à l’histoire des Valseuses , mais il est finalement devenu un portrait de Depardieu.Richard Melloul avait envie de rétablir l’image d’un monstre sacré devenu provocateur et qu’on ne prendrait plus au sérieux.
Il est rare qu’on fasse des documentaires sur des gens vivants ; on fait des films sur des gens qu’on n’a jamais vu. Je trouvais difficile de persuader Gérard de faire un film pour redorer son blason car il se fiche de son image ; je lui ai donc proposé de se concentrer sur les Valseuses . C'est après que nous avons élargi le propos.
Le film retrace son parcours depuis l’enfance, et Depardieu témoigne lui-même de ses premiers pas , de ses premiers alexandrins déclamés sur scène.
Gérard DEPARDIEU raconte ses débuts - Gérard...par france5
On revoit des extraits des Valseuses , commentés par Bertrand Blier , sur le duo avec Patrick Dewaere notamment. Gérard Depardieu réapparait en Cyrano de Bergerac et dans Tenue de soirée .
Il en ressort un film tendre, comparé à l'image rude que Gérad Depardieu a pu montrer notamment en Russie avec Poutine. En trente secondes le film balaye ses excès. "Ca ne m'intéresse pas ," dit Richard Melloul. Le film ne livre donc pas cette clé-là.
Gérard Depardieu en train de peindre
En revanche il montre Gérard Depardieu en train de peindre des autoportraits, avec le visage angélique et anguleux de ses vingt cinq ans. On l'écoute aussi parler de son fils, Guillaume, dont il "entend encore les colères résonner" plusieurs années après sa mort.
Gérard est tendre pudique et généreux, il ne parle jamais de lui. Tout ce qui est dans mon film, il n’en parle pas beaucoup. Qu’est ce qui se passe avec Poutine ? Je m’en fous. Je ne suis pas non plus son agent.
Quand il était jeune il avait un visage angélique, et il a une violence terrible dans ses mouvements de corps.
Il est hors cadre. La seule mesure qui lui va c’est sa démesure : il est trop grand, il boit plus, il l’ouvre plus que les autres, mais quand il joue, il joue mieux que les autres.
C'est un documentaire amoureux que Melloul montre à Cannes. Il montre peu la face dévoreuse de Depardieu, que Sophie Marceau, membre du jury du festival de Cannes décrivait ainsi dans Society , en parlant du tournage de Police avec Maurice Pialat : " C'est un prédateur, il mange tout et tout le monde ; il s’est employé à nous monter l’une contre l’autre, Pialat et moi". Dans Gala, Gérard Depardieu lui a répliqué :
Elle l’a ressenti comme ça. Elle était très jeune quand on a tourné ce film avec Pialat, et c’est vrai qu’à l’époque, j’étais un peu prédateur. Et un peu con aussi. Donc ses propos ne sont pas gênants. C’est ce qu’elle pense, alors pourquoi pas, ça ne me dérange pas du tout !
Et d’ajouter avec ironie :"Ce qui me touche, parfois, c’est que je me demande pourquoi il n’y a que chez elle que l’on voit tantôt un sein, tantôt une culotte."
Typiquement le style de joute que Richard Melloul s'emploie à estomper pour montrer "son" Gérard en vert tendre.
The Valley of Love, présentée à Cannes le 22 mai
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