Gestes barrières, incertitude et liste d'attente : au cœur d'une des rares courses à pied maintenues en 2020

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Gestes barrières, incertitude et liste d'attente : au cœur d'une des rares courses à pied maintenues en 2020

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L'ultra-trail des Montagnes du Jura est l'une des très rares courses à avoir été maintenue au calendrier. Mais cette épreuve d'endurance a dû respecter un protocole sanitaire très strict
L'ultra-trail des Montagnes du Jura est l'une des très rares courses à avoir été maintenue au calendrier. Mais cette épreuve d'endurance a dû respecter un protocole sanitaire très strict
© Radio France - Jérôme Val

Depuis le mois de mars, les courses à pied ont été annulées les unes après les autres. Une poignée ont été maintenues, et c'est le cas de l'Ultra-Trail des Montagnes du Jura, dont la première édition s'est achevée ce week-end. Les 2 000 participants ont dû se plier aux modalités nouvelles pour pouvoir recourir.

Kilomètre 68 : les 250 concurrents au départ de la plus longue distance (180 kilomètres) profitent de la base de vie des Rousses pour se changer et se restaurer. Un moment de répit bienvenu alors que dehors, des trombes d'eau tombent sur le massif alentour. Il leur reste 112 km à avaler. Les premiers arrivés mettent moins de cinq minutes pour avaler un plat de pâtes et un peu de bouillon chaud. "Ah, du sucre", s'exclame devant des pâtes de fruit le Parisien Alexandre Boucheix, les vêtements détrempés. Dans un coin, des lits de camp sont installés, bien espacés les uns des autres. Cette base de vie installée dans un bâtiment de la station de ski a été repensée au temps de la Covid-19. "Il y a une entrée en bas. Comme ça quand les coureurs arrivent, ils montent directement ici, détaille sa responsable Marie-Carmen_. Il y a tout un cheminement à respecter et ils peuvent repartir par une autre porte à l'arrière."_

Ne pas se croiser, voilà le nouvel impératif à respecter et c'est le même protocole aux points de ravitaillement, comme à Chapelle des Bois. La nuit est tombée, la pluie est toujours aussi forte. "On demande aux coureurs de porter le masque à l'entrée, explique un jeune homme qui tient ce point où l'on trouve des boissons et des fruits. Et on leur donne la nourriture pour qu'ils ne se servent pas eux-mêmes." Ce qui n'est pas toujours du goût des concurrents. L'un d'entre eux peste au moment de sortir son masque dans son sac à dos mouillé. 

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Cette épreuve d'endurance a dû respecter un protocole sanitaire très strict, comme ici à la base de vie des Rousses
Cette épreuve d'endurance a dû respecter un protocole sanitaire très strict, comme ici à la base de vie des Rousses
© Radio France - Jérôme Val

Contraintes et autorisations de dernière minute

Mais l’UTMJ (Ultra-Trail des Montagnes du Jura) a dû composer. En traversant 3 départements (Ain, Jura et Doubs), avec un crochet par la Suisse, c**’est autant de contraintes, même si en course, ce n'est pas évident de respecter les gestes barrière**, remarque Sacha Devillaz, l’un des coureurs élite. "Pour moi, c'est un gros raté vis-à-vis de ça. En course, ce n'est pas du tout respecté. On n'a pas de masques et on ne peut pas courir à un mètre les uns des autres. Sur une course que j'a faite en France, on avait interdiction de cracher par terre et de se moucher. mais c'est impossible en course." 

C’est le prix à payer pour exister et une bénédiction dans une saison où les courses sont tombées les unes après les autres, des milliers d'épreuves annulées. L'Ultra-Trail des Montagnes du Jura est un survivant. "On vient de la région de Brest, donc à plus de 1 000 kilomètres d'ici, racontent Christophe et Mickaël qui n'ont pourtant pas hésité un seul instant. Depuis le mois de mars, on a fait zéro course officielle. On s'est fait une course entre nous dans la région de Brest, nous étions une dizaine. Sincèrement au mois de juin, je n'y croyais pas."

Des courses rares donc très demandées

Les organisateurs de l'UTMJ n'ont reçu le feu vert des pouvoirs publics que 24 heures avant le départ. Et c'est une incertitude difficile à gérer pour des coureurs privés de leur passion, comme Sébastien venu en voisin de Besançon. "C'est vrai que jusqu'à il y a trois semaines, nous étions dans l'expectative. Nous avons vu beaucoup de courses dans le triathlon ou le trail être annulées au dernier moment. C'était un peu compliqué de se motiver jusqu'au bout. Ça fait du bien. Ça fait presqu'un an qu'on court autour de la maison, c'est chouette de prendre l'air."

Et la rareté crée la demande. Les listes d'attente pour participer aux différentes épreuves ce week-end dans le Jura se sont très vite allongées. "Nous avons des mails très récemment encore, alors que les inscriptions sont fermées, pour nous dire : s'il y a un dossard qui se libère, on est preneur, s'amuse l'organisateur Eric Picot. Sur toutes nos courses, on a des listes d'attente de dizaines de coureurs."

Cet ultra-trail, même sous la menace de la Covid-19, n'a pas dérogé à son exigente règle de dureté : il y a eu deux tiers d'abandons dans le froid et la pluie. Il a été remporté par le Suisse Fabrice Fauser qui s'est imposé en 24h 53 minutes et 39 secondes avec plus d'1 heure d'avance sur son premier poursuivant.