"Gilets jaunes", un mouvement populaire, une révolte singulière
Le journal Le Monde propose la première enquête sociologique sur les "gilets jaunes". Un collectif de 70 universitaires est allé les rencontrer un peu partout sur le territoire, afin de tenter de déterminer leurs profils et leurs motivations.
Depuis la fin du mois de novembre un collectif d'universitaires a lancé une enquête de terrain. L'idée est de comprendre le mouvement des "gilets jaunes", initié d'abord sur les réseaux sociaux le 21 octobre, puis officiellement lancé lors de la première manifestation du 17 novembre. Au lendemain du 17 novembre, des chercheuses du centre Emile Durkheim à Bordeaux lancent un appel auprès des chercheurs en science politique. Leur idée est de comprendre ce mouvement.
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Enseignants chercheurs, chercheurs au CNRS, à l'INRA, docteurs, étudiants, sociologues, politistes et géographes commencent à travailler sur cette enquête sur la base du volontariat. Ils sont 70 à partir en observation sur le terrain, à analyser les réseaux sociaux ou encore mettre en place une cartographie afin de saisir sociologiquement ce qu'est ce mouvement des "gilets jaunes".
Entre le 24 novembre et le 1er décembre, 166 questionnaires de 28 questions sont diffusés, puis analysés. Voici les premières conclusions publiées par le quotidien Le Monde.
Le premier élément constaté par les chercheurs est la surreprésentation des employés (33 %) et le fait que l'on rencontre très peu de cadres (5%) au sein de ce mouvement. Les ouvriers constituent 14% des participants et les artisans commerçants et chefs d'entreprises sont présents à hauteur de 10%.
Concernant leurs âges, les chercheurs évoquent une moyenne de 45 ans pour les personnes interrogées, les plus mobilisés étant les 35-49 ans.
Un mouvement mixte avec 54% d'hommes et 45 % de femmes parmi lesquelles une forte proportion de personnes issues de classes populaires.
Par ailleurs, les chercheurs constatent une surreprésentation des bacheliers et des CAP et BEP. Seuls 5 % des participants ont un bac +4 ou plus.
Les "gilets jaunes" sont imposables pour 55% d'entre eux et sont 85% à posséder une voiture. Le revenu médian de leur foyer représente 1 700 euros par mois soit 30% de moins que le revenu médian moyen en France.
47% d'entre eux, participent à leur première mobilisation et ils sont 44% à avoir déjà participé à une grève.
Ils sont nombreux, 64%, à rejeter les organisations syndicales et 81% pensent que les partis politiques n'ont pas leur place dans le mouvement. 33% se déclarent ni de gauche, ni de droite.
Ils se situent majoritairement à gauche
Parmi ceux qui se positionnent, 15% se situent à l'extrême gauche, 5,4% à l'extrême droite, 42% à gauche, 12% à droite et 6% au centre. Leur motivation sont moins surprenantes, puisqu'ils affirment se battre pour le pouvoir d'achat et contre la politique favorable aux riches. Cette diversité d’appartenance politique donne encore plus de singularité au mouvement aux formes rarement vues dans l'histoire des mobilisation.