Gisèle Halimi, une voix

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Gisèle Halimi, une voix

Gisèle Halimi
Gisèle Halimi
© AFP - AFP

France Inter consacre une soirée spéciale à l'avocate et militante féministe, celle qui fut toute sa vie un porte-voix de la cause de femme. L'occasion de réécouter quelques émissions.

Si Gisèle Halimi avait été un son, elle aurait été un cri. Un cri qui exhorte les femmes à ne pas se soumettre.

L'homme et la femme sont deux libertés dans une même unité

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"Le Grand Atelier"

Dans ce Grand atelier "hommage", vous entendrez ceux qui l'ont côtoyée évoquer la femme engagée. Et vous entendrez sa voix. Une voix d'un grand calme, mais chargée d'une force de conviction inébranlable.

La voix de Gisèle Halimi

1 min

Autour de Vincent Josse :

Annick Cojean, qui a recueilli les derniers propos de Gisèle Halimi, consignés dans un livre, " Une farouche liberté ", sorti quelques semaines après sa disparition.

Annick Cojean se souvient de leur rencontre : "Elle m'a appelée un jour pour me dire 'J'ai lu un de vos papiers. Ça parlait des femmes et ça m'a fascinée. J'aimerais bien qu'on déjeune' avec une voix très ferme." Bien que très intimidée, la jeune journaliste accepte et c'est ainsi qu'a débuté une série de rendez-vous"

En 2018, la journaliste sollicite Gisèle Halimi pour un grand entretien à paraitre dans Le Monde : "Je trouvais que sa voix manquait, alors qu'elle avait tant à dire. Et que son regard sur le monde était toujours tellement tonique, tellement critique et tellement précieux"

Emmanuel Faux , le fils de Gisèle Halimi. Le jour du décès de sa mère, Emmanuel Faux a dit qu'elle s'était éteinte dans la sérénité : "Je pense qu'elle est partie en douceur, avec le sentiment du devoir accompli. Je l'accompagnais de très près ces dernières années, notamment depuis la disparition de mon père, de son mari en 2017. Je voyais une femme qui sentait qu'elle avait rempli son devoir."

Sophie Couturier, militante à La Cause des femmes , association co-fondée par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi. Sophie Couturier a adhéré en 2009 à "Choisir". Elle se souvient de la première réunion à laquelle elle a participé. Des réunions qui avaient lieu chez Gisèle Halimi : "Elle m'a ouvert la porte. J'étais un peu sidérée par ce que je m'attendais à trouver une militante du groupe et c'était Gisèle et elle a toujours été là."

Elisabeth Moreno , ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. "C'est la plus belle inspiration dont je puisse rêver pour porter les missions qui sont les miennes, que ce soit sur l'égalité entre les femmes et les hommes, que ce soit pour défendre les droits des personnes LGBT+, que ce soit pour porter l'égalité des chances. Elle se disait être dans le camp des victimes, et moi, quand elle parle comme ça, ça m'inspire."

Richard Berry , comédien. Dans le spectacle "Plaidoiries", il incarne plusieurs ténors du barreau, dont Gisèle Halimi

Le Grand Atelier
1h 48

"Radioscopie"

Jacques Chancel : "Vous défendez le droit à disposer de votre corps ?"
Gisèle Halimi : "De disposer de moi-même. Je ne suis pas qu'un corps, je ne suis pas qu'un ventre […] Je veux disposer de moi tout entier. Comme vous."

Entretien à fleuret moucheté en ce mois de novembre 1973. Un peu de contextualisation s'impose :

  • Deux ans plus tôt, Gisèle Halimi a été l'une des signataires du Manifeste des 343. Une pétition parue le 5 avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, appelant à la légalisation de l'avortement en France, en raison notamment des risques médicaux provoqués par la clandestinité dans laquelle il est pratiqué. 343 femmes ont signé le manifeste “Je me suis fait avorter”, s'exposant à des poursuites pénales.
  • Un an plus tôt, le 8 novembre 1972 s'achevait le fameux procès de Bobigny où l'avocate a défendu une mère qui a aidé sa fille mineure à avorter après un viol. ► Relisez la plaidoirie de Gisèle Halimi.
  • La loi relative à l'interruption volontaire de grossesse, dite "loi Veil", sera promulguée un peu plus d'un an plus tard, le 17 janvier 1975.
Radioscopie par Jacques Chancel
48 min

"Le Tribunal des flagrants délires"

En octobre 1982, Gisèle Halimi est face à "la Cour" présidée par Claude Villers. Elle est inculpée pour "tapage diurne et nocturne ; pour avoir provoqué beaucoup de bruit autour de ses idées ; d'incitation à la débauche, en demandant la pilule pour toutes ; d'incitation à la discrimination sexuelle, en ne la demandant que pour les femmes. De troubles et privation de jouissance, puisque le mouvement "Choisir" se propose entre autre de détruire les clichés et stéréotypes relatif aux femmes, c'est-à-dire souvent les fantasme des hommes et enfin de cumul de fonction car Halimi sont nez partout."

Ce jour là, l'avocat général n'est pas tendre !

Les Réquisitoires du tribunal des flagrants délires
8 min

Lettre à Gisèle Halimi

Chaque année, la Fondation des Femmes organise un concours d’éloquence. L'un des Prix, celui de l’éloquence pour les droits des femmes porte un nom : “Gisèle Halimi”.

"Comme on nous parle"

Gisèle Halimi est venue par deux fois répondre aux questions de Pascale Clark.

La dernière fois, en mars 2011, c'était pour parler d'un livre témoignage dans lequel elle évoquait sa petite fille. L'histoire d'une passion entre une grand-mère et sa petite-fille. La grand mère est avocate. Grande figure du féminisme. L'écriture de cet ouvrage a remué quelques affaires familiales, car cette histoire est aussi celle d'une rupture avec son fils. Et pourtant l'écriture a été joyeuse et libératoire, confie-t-elle à Pascale Clark.

J'avais besoin de mettre les choses en place. Je crois que l'écriture, ça aide beaucoup à ça

Dans cette émission, l'avocate évoque ses relations compliquées avec sa propre mère. La naissance de ses trois garçons, elle qui rêvait d'avoir une fille. L'amour fou et immédiat pour sa petite-fille. Elle revient aussi sur ses combats pour le droit des femmes.

Comme on nous parle
35 min

Quelques mois plus tôt, en mai 2010, Gisèle Halimi est venue parler de l'enquête qu'elle vient de diriger en Europe pour pointer les meilleures initiatives. Il est également question dans cet entretien de l'IVG, du voile intégral et de l'égalité des salaires hommes-femmes.

Celle dont la première révolte féministe fut une grève de la faim quand elle avait 11 ans parce qu'elle ne supportait pas d'être moins bien traitée que ses frères n'imaginait sans doute pas qu'elle devrait se battre toute sa vie pour le droit des femmes.

La bataille chez moi, c'était pour survivre. En fait, ce n'était pas tellement altruiste au départ.

Je ne pouvais pas supporter que mes frères, qui au demeurant étaient des cancres, étaient absolument les rois à la maison et que nous, les filles, notre destin c'était d'épouser le marchand d'huile quand j'avais 15 ans, marchand d'huile qui en avait 35 ans. Il n'y en avait pas d'autres de destin.

Soirée spéciale culture
1h 58