"Grand Débathon" : quand Twitch joue avec le gouvernement

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"Grand Débathon" : quand Twitch joue avec le gouvernement

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Un plateau finalement assez classique... mais un ton bien différent des habituelles émissions politiques
Un plateau finalement assez classique... mais un ton bien différent des habituelles émissions politiques
- Capture d'écran Twitch

Si vous avez plus de 25 ans, il y a peu de chances que vous l'ayiez regardé. Pourtant ce mardi, un débat politique rassemblait une dizaine de ministres et de secrétaires d'État, un casting que certaines chaînes de télé rêveraient d'avoir. Il était diffusé sur Twitch, la plateforme de streaming de jeux vidéo en ligne.

Ce "Grand Débathon" a duré onze heures et a permis à des youtubeurs, et à leurs abonnés de poser des questions aux représentants du gouvernement. Un exercice étrange, intéressant et joyeusement bordélique, avec un ton très éloigné d'une émission politique traditionnelle, même si à l'image cela ressemblait à un plateau télé presque classique : des fauteuils et une table tout simples, deux animateurs tournants, des intervenants spécialistes ou simples citoyens, et en face, un ou deux ministres venus pour "parler aux jeunes"... Et les écouter.

► L'émission est visible intégralement sur la chaîne Twitch d'Accropolis (accessible à tous)

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On pouvait donc envoyer ses questions sur la transition écologique à François de Rugy, ses interrogations sur la réforme du bac à Jean-Michel Blanquer, ou ses interpellations sur la représentativité des élus à Julien Denormandie. Le tout interrompu, de temps en temps et pour permettre des pauses et des changements de participants, par des analyses et commentaires (un peu comme à la mi-temps d'un match).

Sur le fond, l'amateur de politique au quotidien n'aura rien appris de vraiment nouveau : Édouard Philippe assure ainsi que la politique est "plus propre" aujourd'hui "qu'il y a 50 ou 60 ans", ou que la voix des jeunes "doit être entendue". Mais voir des ministres répondre à bâtons rompus (certains avec plus d'aisance que d'autres : Julien Denormandie enchaînant par exemple les petits accrochages avec Usul, youtubeur et journaliste à Mediapart) et être interrompus, voire recadrés, en direct et sans codes par les interviewers présents a tout de même quelque chose de rafraîchissant. Tout comme le fait de voir passer des questions moins filtrées et policées que dans un média traditionnel.

Entre trolls, vannes et questions sérieuses

Ce marathon, c'était celui des animateurs, des politiques, mais aussi des modérateurs du débat : comme souvent sur Twitch, la majeure partie de l'action se passait sur le chat, visible et lisible aussi sur le plateau (y compris par les ministres eux-mêmes). C'est un peu "Le Téléphone Sonne" puissance 10.000, avec un tsunami de questions (plusieurs dizaines de milliers selon les animateurs), mais aussi de vannes ou d'interpellations. Dans ce flux incessant de réactions, on croisait aussi bien les références typiques des "trolls" du forum 18/25 de JeuxVideo.com que des interrogations de connaisseurs, très développées, sur des sujets bien précis.

Au fil des heures, les premiers ont d'ailleurs de plus en plus cédé la place aux seconds, avec une amélioration progressive de la qualité des messages, à mesure que les plus moqueurs se lassaient et que les plus sérieux restaient présents. Dans la journée, les spectateurs ont d'ailleurs oscillé entre enthousiasme pour cette nouvelle manière de participer au débat et une certaine frustration, la quantité de questions étant bien trop importante pour qu'elles soient toutes relayées.

On nous promettait un exercice inédit, il faut admettre que c'est le cas... Deux mondes très différents s'y sont parlé : reste à savoir s'ils ont vraiment réussi à s'entendre.