
Notre reporter Philippe Randé est à Athènes, alors que l'Eurogroupe doit prendre une décision sur le sort de la Grèce. Ses créanciers demandent plus d'efforts mais un Grec sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Certains ne peuvent même plus se soigner.
Reportage dans un des dispensaires improvisés installés dans des appartements de la capitale.
À quelques heures d’une réunion peut-être décisive de l’Eurogroupe, la situation est encore tres tendue entre la Grèce et ses créanciers. Le Premier ministre Tsipras explique être prêt à négocier mais n’hésite pas à critiquer ouvertement les créanciers.
Car sur place, son pays vit toujours un enfer économique. Ici, un habitant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté , et beaucoup n'ont plus les moyens de se soigner. Depuis la crise, une trentaine de dispensaires improvisés se sont installés dans des appartements d’ Athènes.
Grâce aux volontariat des médecins et aux dons de médicaments, ils accueillent des centaines de personnes par jour. Écoutez le reportage de notre envoyé spécial Philippe Randé
Un dispensaire où se succèdent des Grecs désespérés
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Dans cet appartement de 70 m² dans un vieil immeuble, des médecins bénévoles soignent les dents, les maux de tête, tandis que d'autres rangent des médicaments. Cathy le sait déjà : il n'y en aura pas assez pour tout le monde.
Même les escaliers sont remplis de personnes qui viennent chercher des médicaments. Ils vivent comme des zombies , c'est fou la situation qu'on vit. Demander des efforts, c'est complètement absurde, ce n'est pas humain. Ils ne savent pas ce que le peuple vit.
En Grèce, trois millions de personnes sont privées d'accès aux soins. Et alors que le chômage touche une personne sur quatre, chaque perte d'emploi s'accompagne de la perte de la couverture santé. C'est le cas de Fotis, un homme de 60 ans qui ne travaille plus depuis quatre ans.
J'ai été obligé de teindre mes cheveux. Je dis que j'ai 50 ans pour trouver un travail. Mais rien depuis quatre ans. J'ai honte, ce sont mes enfants qui me donnent de l'argent de poche. Ça fait 30 ans que je travaille et je ne peux plus me soigner ! Et en plus de ça, les créanciers veulent qu'on fasse plus d'efforts ?Des euros, de toute façon, moi j'en ai pas.
Et rien ne peut rassurer Fotis. Pas même la promesse du gouvernement Tsipras d'assurer une couverture santé pour tous. "L'Europe dira non : ça coûte trop cher" .
