Guerre en Ukraine : la Russie annonce l'ouverture de couloirs humanitaires, refusés par l'Ukraine

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Guerre en Ukraine : la Russie annonce l'ouverture de couloirs humanitaires, refusés par l'Ukraine

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Des plots anti-chars près de Marioupol, en Ukraine
Des plots anti-chars près de Marioupol, en Ukraine
© AFP - Ivan Rodionov / Sputnik

Au douzième jour de la guerre en Ukraine, l'armée russe a annoncé lundi matin l'ouverture de plusieurs couloirs humanitaires pour évacuer les civils de Kharkhiv, Kiev, Marioupol et Soumy, notamment vers la Russie. Une proposition rejetée par l'Ukraine.

"Les forces russes, dans un but humanitaire, déclarent un 'régime de silence' à partir de 10h le 7 mars, et l'ouverture de couloirs humanitaires", indiquait lundi matin un communiqué du ministère russe de la Défense. Des couloirs d'évacuation accompagnés de cessez-le-feu locaux destinés à permettre l'évacuation des civils des villes de Kharkhiv, Kiev, Marioupol et Soumy, en proie à de violents combats. Mais l'Ukraine a refusé ces couloirs humanitaires : "Ce n'est pas une option acceptable", selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Les couloirs en question dirigent tous vers la Russie, la Biélorussie ou l'Ukraine. 

Selon l'armée russe, la décision a été prise suite à une discussion de deux heures, par téléphone, entre le président russe Vladimir Poutine et Emmanuel Macron. L'ouverture de ces couloirs humanitaires répond à une "demande personnelle" du président français. L'Elysée dément cette information : "Le président de la République n'a pas demandé ni obtenu des couloirs vers la Russie après sa conversation avec Poutine (...) C'est une manière encore pour Poutine de pousser son narratif et de dire que ce sont les Ukrainiens les agresseurs et eux qui offrent l'asile à tous". Selon l'Elysée, le chef de l'Etat n'a demandé qu'une seule chose : la fin des hostilités. Lundi, Emmanuel Macron a dénoncé le "cynisme" de cette proposition russe. 

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L'armée n'a toutefois pas précisé si le "régime de silence" commencerait à 10h selon l'heure russe ou l'heure ukrainienne, les deux pays ayant une heure de décalage. Elle n'a surtout pas précisé combien de temps cela doit durer. 

"C'est comme si Hitler donnait une carte vers Auschwitz"

Les autorités russes proposaient que les civils de Kiev puissent évacuer en direction de la Biélorussie, avec un couloir ouvert vers Gomel. A Marioupol**,** où deux autres tentatives de cessez-le-feu ont échoué ce week-end, les civils devraient pouvoir évacuer soit vers Rostov-sur-le-Don en Russie, soit vers Zaporojie toujours en Ukraine, dans une zone plus éloignée des combats. A Kharkhiv, c'était également vers la Russie et la ville de Belogrod que le couloir était proposé ouvert. Et un peu plus au nord, les habitants de Soumy étaient invités à migrer là aussi soit vers la Russie, soit vers Poltava en Ukraine. 

"C'est vraiment cynique de la part des Russes : la Russie bombarde constamment les zones résidentielles à Kharkhiv depuis cinq ou six jours, ils mettent la ville dans une situation de crise humanitaire", explique Maria Avdeeva, directrice d'un cercle de réflexion ukrainien sur les questions de sécurité et de désinformation, l'Association des experts européens, restée à Kharkhiv. "Les gens ne peuvent pas évacuer car il n'y a pas de route sûre. Le ministère de la Défense russe publie cette carte avec les routes des corridors humanitaires vers des villes russes : c'est comme si Hitler disait "je vous donne un couloir humanitaire, voici une carte pour Auschwitz"", dit-elle, rappelant que selon elle les Ukrainiens veulent fuir vers l'ouest. 

Nouvelles négociations ce lundi

Ces annonces interviennent alors que ce lundi, un troisième cycle de négociations doit commencer entre Kiev et Moscou. Mais Vladimir Poutine l'a rappelé dimanche à Emmanuel Macron, il compte bien "atteindre ses objectifs" que ce soit par la négociation ou par la guerre. La semaine dernière, il avait conditionné la possibilité des négociations au fait que toutes les revendications russes soient satisfaites. 

Dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée russe a continué de bombarder Kharkhiv, la deuxième ville du pays : des immeubles civils ainsi qu'un complexe sportif universitaire ont été touchés. L'armée resserre l'étau sur la capitale Kiev, dans une logique "d'encerclement" de quelques grandes villes, selon l'armée ukrainienne qui estime que "les forces russes accumulent leurs ressources pour lancer un assaut sur Kiev".