
Giscard Samba a eu un comportement inacceptable, estime la jeune athlète Anaïs. Envers ses camarades de piste, mais surtout envers elle, stigmatisée pour avoir parlé. Car dans le sport, c'est encore l'omerta qui prévaut. Mais la justice pourrait briser le silence.
Anaïs Desroses est en colère. À 28 ans, l'ancienne athlète de l'US Créteil ne veut plus se taire et montre à qui veut bien l'écouter les lettres envoyées par sa mère il y a dix ans pour alerter son club, ses dirigeants, sur les comportements de son entraîneur, Giscard Samba, qu'elles qualifient de harcèlement moral... En vain.
Je suis en colère parce que, à l'époque, j’avais alerté le club. Il n’y a jamais eu vraiment de sanctions contre lui, il a continué à entraîner tranquillement.
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"On porte short et brassière parce que cela nous permet d’aller plus vite, explique Anaïs. Mais ce n’est pas pour autant qu’on est là pour se faire reluquer ou pour entendre des plaisanteries salaces !"

Une de ses amies, que nous appellerons Amandine, avait même déposé une main courante au commissariat de Thiais pour des allusions sexuelles très lourdes puis des menaces. Sans plus d'effet.
"Plus l'enfant est dénudé, plus cela attire"
Un silence, comme une chape de plomb, qui ne surprend pas vraiment Sébastien Boueilh, ancien rugbyman à la tête depuis quatre ans de l'association Colosse aux pieds d'argile.

Victime de viols quand il était jeune, il fait aujourd'hui le tour des clubs et des fédérations pour de la prévention.
Cela va faire cinq ans que l’association existe et que je vais dans les clubs, les fédérations, les écoles. Il n’y a pas eu une fois où je n’ai pas eu de victime en face de moi.
"Tous les sports sont concernés mais plus l’enfant est dénudé plus cela attire les prédateurs : athlétisme, natation, gymnastique. Dernièrement, j’ai eu des témoignages dans le baseball, en pétanque aussi, l’équitation, où il y a également beaucoup de problèmes."
La loi du silence
Mais l’omerta reste la règle dans le sport. Catherine Louveau, sociologue du sport, vient de lancer le collectif "Non aux violences sexuelles dans le sport".

"L’omerta, c’est aussi quand un président de fédération entend parler de cas et dit oui, on en avait entendu parler mais ce n’était que des rumeurs. La parole des femmes ne serait que des rumeurs ?"
Il y a une loi du silence qui existe. Le sport en est coutumier.
En 2007, une étude commandée par la ministre des Sports de l'époque, Roselyne Bachelot, indiquait que 31 % des sportives et sportifs interrogés pensaient ou déclaraient avoir subi au moins une forme de violence ou de harcèlement.