Hinkley Point, premier dossier radioactif pour Theresa May
Theresa May, premier ministre britannique, va devoir reprendre en main un dossier qui crée des tensions des deux côtés de la Manche : l'installation de deux EPR à Hinkley Point.
Theresa May, Premier ministre britannique, s’est entretenue jeudi, lors de sa première visite à Paris, du dossier Hinkley Point. Le projet nucléaire, soutenu par le gouvernement, est toujours pourtant violemment rejeté par les syndicats d’EDF.
C’est un point sur la côte ouest de l’Angleterre, sur la cote du Somerset, à quelques encablures de Brigwater : la centrale nucléaire d’Hinkley Point, où le gouvernement français aimerait installer ses deux EPR. Le projet est déjà largement controversé dans les rangs d’EDF depuis sa présentation 2012 : les syndicats de l’électricien juge ce projet trop fragile, et, en plus d’une stratégie financière peu solide, ils remettent également en cause l’état même des réacteurs, déjà jugés trop anciens.
Pour se maintenir à flot, EDF doit déjà engager 100 milliards d’euros de dépenses d’ici 2030, selon la Cour des comptes.
Un Brexit plus tard, les conditions d’implantation du projet sont encore moins satisfaisantes pour les syndicats d’EDF qui craignent de ne pas être entendu par le gouvernement. La fragilité financière du dossier avait même provoqué la démission, en mars dernier, du directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, pas convaincu par la « faisabilité » du projet Hinkley Point.
Ce dernier, estimé à près de 21,7 milliards d’euros, pourrait pourtant bien couter le double.
Passage en force du gouvernement
Ce mercredi, Les fédérations CGT, CFE-CGC et FO de l'énergie ont lancé un appel au président de la République pour empêcher la validation de ce projet, tenu pour un "véritable pied de nez au dialogue social". Ces fédérations "fustigent" la "demande de la présidence d'EDF, soutenue par Emmanuel Macron, d'un passage en force fin juillet" avec la prise de la décision finale lors d'un conseil d'administration prévu la semaine prochaine.
Une réunion de façade
Le ministre de l'Economie avait justement convié les syndicats lundi à une réunion sur le dossier Hinkley Point, mais les membres des délégations CGT, FO, CFE-CGC et Unsa Industrie ont tous quitté ce qu’ils estimaient être une « réunion de façade », notamment parce qu’ils ont découvert au dernier moment que le PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy, assisterait également à la rencontre.
Le CCE d’EDF, qui estime ne pas disposer "de tous les éléments pour émettre valablement un avis" avait déjà assigné l’entreprise en référé, avec une audience le 22 septembre prochain. Les syndicats craignent pourtant que le gouvernement ne décide de prendre une décision avant cette date, plutôt que de laisser passer un contrat de taille avec la Grande-Bretagne.
D'autant que le National Audit Office, l'équivalent britannique de la Cour des Comptes, vient de rendre un avis défavorable sur l'implantation des EPR. Les explications à Londres d'Annabelle Grelier :
Le National Audit Office n'est pas favorable au projet d'EPR à Hinkley Point
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