"Hold-Up" : comment les élus répondent-ils à leurs électeurs en plein doute ?
Par Maxence LambrecqDepuis sa mise en ligne mercredi, le documentaire "Hold-Up" a déjà été vu plusieurs centaines de milliers de fois. Ce film tente de démontrer, pendant 2h40, que le Covid-19 est un virus créé de toutes pièces pour restreindre les libertés, enrichir les laboratoires pharmaceutiques et aboutir à un gouvernement mondial.
Promu par des célébrités, ultra viral, le documentaire "Hold-Up" décline en 2h40 sa thèse selon laquelle une vaste "manipulation" des gouvernants est à l'oeuvre autour du Covid. Le film affirme dénoncer des mensonges et exagérations du gouvernement autour du Coronavirus, jusqu'à l'explication finale d'un complot mondial destiné à contrôler et asservir les populations. L’ancien ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy y a participé et dit le regretter.
Élus, députés, doivent faire face à ces théories complotistes de plus en plus répandues. Et c’est loin d’être évident.
Le soupçon s'insinue partout, jusque dans la circonscription du député Olivier Becht, à Mulhouse, qui a pris le temps de regarder le documentaire qui lui avait été "recommandé par des concitoyens" dit-il. Lé député qui a vécu la réalité de la première vague dans le Grand Est, a été "sidéré par ce déni de réalité", avoue-t-il : "Il y a des gens qui m'ont dit 'Vous savez, tout ça, c'est du spectacle. À l'Hôpital militaire de campagne à Mulhouse, c'étaient des acteurs de Hollywood.'" Olivier Becht leur a répondu que lui est rentré dans cet hôpital "J'ai vu des gens qui étaient intubés, qui avaient une trachéotomie, aucun acteur ne se fait faire une trachéotomie pour les besoins d'un film. Allez voir ce qui se passe dans les hôpitaux !"
Mais la défiance est telle à l'égard de la parole publique et politique qu'il en appelle aux simples citoyens. C'est à eux, selon lui, de lutter contre le complotisme. "Actuellement, j'ai ma propre secrétaire qui est malade du Covid, confie le député. Elle a 40 ans, elle est sportive, elle n'a aucune comorbidité et elle a du faire un passage à l'hôpital. Ce sont ces gens-là qui doivent témoigner de ce qu'ils ont vécu, les proches qu'ils ont perdu, pour convaincre les autres que tout ça ce n'est pas un complot, que ce ne sont pas des histoires inventées pour restreindre les libertés."
Contre-attaquer est d'autant plus difficile qu'il y a des choses vraies dans ce film : la fausse étude publiée dans The Lancet, le fiasco des masques.
Le gouvernement a sa part de responsabilité, estime l'insoumis Eric Coquerel. "Ça s'appuie sur des choses vraies, et notamment des choses ratées par le gouvernement. Ça, c'est clair. On n'aurait pas eu des mensonges d'État, je pense notamment à la question du masque, ce genre de thèses aurait du mal à se diffuser."
Des thèses qu'aucun parti politique français n'ose relayer pour l'instant.