Il est gras, il sent la dinde et il bouche les égouts : alerte au "fatberg" au Royaume-Uni

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Il est gras, il sent la dinde et il bouche les égouts : alerte au "fatberg" au Royaume-Uni

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Un égoutier de Londres présente un "fatberg" dégagé à l'intersection dégagé sous la très chic Regent Street.
Un égoutier de Londres présente un "fatberg" dégagé à l'intersection dégagé sous la très chic Regent Street.
© AFP - Adrien Dennis

South West Water, fournisseur privé d'eau potable, demande aux Britanniques de ne pas verser la graisse de la dinde de Noël dans l'évier ou les toilettes. Sinon, ils prennent le risque de créer une énorme bouchon de graisse dans les égouts.

On dirait l'énoncé d'un problème de mathématiques. Sachant qu'une dinde produit en cuisant en moyenne 43 centilitres de graisse, l'équivalent de trois quart d'une pinte (une unité de mesure liquide très prisée par les Anglais), si tous les clients de South West Water, soit 1 million de foyers, les versent ensuite dans les canalisations, cela représente 2 800 baignoires remplies de graisse.

Dans un pays où les évacuations des eaux usées et leur traitement sont un problème récurrent, ce type de comportement pourrait engendrer un monstre : un "fatberg" (contraction entre "fat" c'est à dire graisse et le "berg" de iceberg). Pour le voir en photos, rendez-vous sur  cet article de la BBC.

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Un égoutier londonien s'affaire, pelle à la main, à dégager le gras accumulé dans les canalisations, en décembre 2014.
Un égoutier londonien s'affaire, pelle à la main, à dégager le gras accumulé dans les canalisations, en décembre 2014.
© AFP - Adrian Dennis

Un frisson de dégoût et d'effroi parcourt l'échine en se remémorant un gigantesque bouchon découvert à Plymouth il y a deux ans. Il avait fallu plusieurs semaines pour en venir à bout. En mai 2021, à Birmingham, c'est un colosse gras de 300 tonnes qui oblige de courageux égoutiers à s'affairer pendant un mois. L'année dernière, sous Canary Wharf, un égout londonien s'étouffait avec un "fatberg" aussi lourd qu'un "bungalow" en travers du tuyau.

La règle des "3P"

Pour que l'ignoble bouchon se forme, il faut une énorme quantité de gras, comme sait si bien en produire la gastronomie britannique, et des déchets qui ne devraient pas se trouver là : mégots, tampons, cotons-tiges... Toute cette matière s'accumule et quand la graisse refroidit, elle forme un immense bouchon solide.

"Nous retirons dans la région environ 450 tonnes de produits non jetables comme des lingettes humides, donc ce n'est pas de la petite bière, pour ainsi dire", explique sur la BBC Alan Burrows, directeur de la liaison environnementale et de la culture à South West Water. La compagnie fournit de l'eau dans le Devon, en Cornouaille, dans le Somerset et le Dorset.

Pour imager le propos, il est rappelé aux Britanniques de ne déverser dans les toilettes que les "3P" : "Pee, paper, poo" (pipi, papier, caca). La recommandation est donc de bien gratter les couverts pour enlever les restes de nourriture et les jeter à la poubelle. Même chose pour la graisse et l'huile de cuisson.