"Il n'y a que l'art pour nous donner une possibilité d'éternité" - Le Best-of de Boomerang
Revivez les plus beaux moments de Boomerang cette semaine. Augustin Trapenard recevait l'actrice Adèle Haenel, le chanteur Vianney, l'écrivain Kamel Daoud, le dessinateur Emmanuel Guibert et le chanteur Asaf Avidan.
Pablo Cotten a préparé rien que pour vous le best-of de Boomerang de la semaine à partir des entretiens d'Augustin Trapenard :
Le Best-of de Boomerang du vendredi 02 octobre
11 min
Adèle Haenel
Grands symbole du féminisme aujourd'hui, elle sera à l'affiche de Les héros ne meurent jamais d’Aude-Léa Rapin. Adèle Haenel est venue se confier dans Boomerang :
AH : "Comme j'ai pu l'évoquer lors de l'entretien avec Mediapart, quand j'ai pris en charge mon récit, que j'ai accepté de voir les choses comme elles m'étaient arrivées, de me remettre au centre de mon histoire, c'était évident que je pouvais m'intéresser aux autres.
Je ne pense pas qu'on préexiste à une rencontre. Je pense qu'il y a quelque chose de nous qui advient quand on rencontre une personne.
Les histoires d'amitié, d'amour, sont autant de possibilités de vraiment exister. Certaines rencontres ont tout simplement permis de survivre et d'autres ont donné beaucoup d'air à ma vie.
Il y a, en France, des gens que je trouve vraiment grands dans le sens où il ne se laissent pas abattre malgré la violence qui s'opère contre eux. Je ne sais pas si "héros" est le bon terme, mais je pense à des gens que j'admire dans la société civile. Je pense à quelqu'un comme Assa Traoré que je trouve vraiment admirable.
On reste debout et on continue de gueuler.
Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se passent en ce moment dans la société française, il y a un vrai dynamisme de la part des populations mobilisées qui est quand même assez enthousiasmant. J'ai envie de faire partie de ce peuple-là".
- La Carte blanche d'Adèle Haenel
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Emmanuel Guibert
À l'occasion de l'exposition que lui consacre actuellement l’Académie des Beaux-Arts, Emmanuel Guibert était l'invité d'Augustin Trapenard :
EG : "Je pense que la solitude, on en a tous besoin, c'est l'endroit où on se parle, c'est l'endroit où on réfléchit, c'est l'endroit où on se ressource. Mais il est évident qu'elle n'est valable que si on sait qu'on va retrouver des gens qu'on aime, qu'on va sortir tout à l'heure.
Je me suis mis à faire assez naturellement des biographies d'amis, tout simplement parce qu'en les entendant raconter des histoires passionnantes, je me suis dit qu'il était dommage que ces histoires ne sortent pas des quatre murs où elles sont proférées. J'ai un métier qui me permet de les faire circuler donc je vais le faire.
L'équipe de Charlie Hebdo, ce sont des gens que, pour certains, j'avais côtoyés : j'avais rencontré Cabu, j'avais partagé deux repas avec Georges Wolinski. Mais ne les aurais-je pas connu personnellement que j'aurais eu, je pense, à peu près rigoureusement la même sensation car ces gens, on les connaissait tous, on connaissait leur psyché à travers leurs dessins. C'étaient des gens qu'on fréquentait par les journaux qu'on lisait, que l'on fréquentait par les albums qu'on collectionnait.
Je me souviens le soir même de cette étrange paralysie qui m'a complètement envahi… Je crois que je n'avais jamais ressenti quelque chose de pareil.
J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à trouver une façon d'illustrer cet événement. Mais depuis, j'ai surtout continué à faire ce que j'ai toujours fait, un autre type de dessin qui raconte essentiellement des vies et j'ai fait ce qu'on doit faire dans ce genre de circonstances : continuer".
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Vianney
Le troisième extrait de son troisième album N’attendons pas vient de sortir. Le chanteur était au micro de Boomerang :
Vianney : "Le courage, c'est important mais c'est surtout un juste retour des choses. Quand on est affiché, on sait très bien qu'on est très exposé alors que d'autres le mériteraient autant, voire plus. On le sait, nous qui sommes exposés, c'est juste parfois de rappeler qu'il y a des gens qu'on n'expose pas mais qui font des choses peut-être plus utiles que nous, voire plus grandes que nous.
Il faut nuancer la peur. Je n'aime pas l'idée d'être asservi par la peur mais j'aime bien l'idée de la prudence tout de même. Ça n'empêche pas la prudence de dire que nous n'avons pas peur.
Je pense qu'il ne faut pas avoir peur parce que ça rend la vie plus triste
Je pense qu'il faut rester prudent, sinon il n'y a plus de vie".
► Ne manquez pas la Carte blanche de Vianney
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Kamel Daoud
Le Goncourt du Premier Roman (2015) pour Meursault, contre-enquête est venu parler de "liberté", de "vérité" et "d'altruisme" à l'occasion de la journée spéciale que France Inter consacrait aux 50 ans de Charlie. Kamel Daoud était dans Boomerang :
KD : "Au lieu de se battre pour la vérité, nous devons nous battre pour la mesure, pour la tempérance, pour la possibilité d'être différent.
L'objet, le sujet, le lieu de ma réflexion, depuis quelques années, c'est l'altérité, en quoi l'autre m'est nécessaire ? En quoi il définit la limite du monde ?
La littérature m'apporte une sorte d'éternité, une possibilité de correspondre à dix mille vies et, en même temps, elle relativise les vérités, elle nous ramène à l'humain.
Il y a des livres, il n'y a pas un seul livre. Il y a des auteurs, des romanciers, des écrivains, des poètes, des artistes, il y a des danseurs. L'art nous ramène à ça. C'est notre façon de griffonner un petit peu sur les murs de l'infini. Nous sommes entourés d’abîme, le ciel nocturne, c'est un abîme. Nous reposons les pieds sur terre, mais la terre a les pieds sur rien et, face à l'abîme, il n'y a que l'art qui nous donne de la dignité, qui nous donne une possibilité d'éternité. C'est la seule possibilité que nous avons de vaincre un tant soit peu la mort.
La caricature n'est pas un crime, c'est tuer qui est un crime. Dessiner, c'est de l'humour, c'est un droit, c'est de l'art, c'est de l'amusement, c'est de la littérature, c'est du bonheur. C'est de la culture, donc redéfinissons les choses simplement. Donc, il n'y a pas de commune mesure entre les deux.
J'ai l'impression qu'on est dans un monde qui inverse les choses comme dans 1984 de Georges Orwell, où les mots ne veulent plus rien dire…
Tuer est un crime, dessiner, c'est de l'humour, c'est un droit. C'est de l'art. C'est de l'amusement. C'est de la littérature. C'est du bonheur. C'est de la culture, donc redéfinissons les choses simplement. Donc, il n'y a pas de commune mesure entre entre les deux.
Je ne sais pas si je peux parler d'espoir. Souvent, je suis pessimiste mais, en même temps, le pessimisme vous oblige à l'oisiveté parce que vous avez l'impression de savoir que tout va mal finir. Alors, qu'est-ce qu'on va faire entre temps ? On va s'ennuyer donc autant espérer.
Parfois, je me dis que l'histoire n'est pas aussi simple, n'est pas mécanique, elle n'est pas humaine. On peut penser qu'on va vers le désastre, mais l'histoire peut prendre un autre cours. C'est une eau sauvage, c'est une sorte de crue, ça nous dépasse. L'accident, la possibilité, l'imprévisible me donnent de l'espoir. Mais, en même temps, je me dis qu'en tant que personne, je dois me battre pour mes opinions, pour ce que je crois, même si le bateau coule. Il en va de ma dignité, je mourrai, je me noierai mais serai un noyé digne".
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Asaf Avidan
Il vient de sortir son 7e album Anagnorisis. Asaf Avidan était au micro d'Augustin Trapenard :
AA : "La conscience humaine est vraiment conditionnée pour la structure. Même notre langage est une structure imposée au chaos. L'art est une structure imposée au chaos. Tout ce que nous faisons, c'est de structurer la nature chaotique de l'existence. C'est pourquoi il faut être à l'écoute de ce chaos qui est en nous et dans l'univers mais notre seul moyen d'en tirer du sens, c'est d'être en paix, c'est de le structurer. Pour cela, il faut être en maîtrise constante.
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