Il n'y aura pas de vague artificielle sur le lac du Bourget, le promoteur renonce au projet
Par Célia Quilleret
Le projet touristique d’installer sur ce lac naturel de Savoie une structure flottante générant une vague de 60 centimètres à 1,60 mètre de haut pour amateurs de surf avait créé d'important remous de puis octobre. Mais devant l’opposition grandissante des ONG, le promoteur a décidé de renoncer.
Cette vague artificielle devait être installée d’ici 2024 au milieu du lac du Bourget, face au port d’Aix-les-Bains et juste en-dessous de la chaîne de l’Epine et de la Dent du Chat. Bien que démontable, elle devait être posée sur un socle flottant de 60 mètres de diamètre. Le but était de créer un espace de loisirs, assez novateur, mais Laurent Héquily, le patron de la société Okahina Wave, concepteur de cette vague, abandonne.
"En tant que fournisseur, nous ne mettrons pas de vague au lac du Bourget", confirme-t-il à France Inter, en précisant qu’il avait d'ores-et-déjà prévenu l'agglomération d’Aix-Les-Bains. "Au départ, ce projet avait du sens pour nous, notamment pour les jeunes surfers de la région", explique cet entrepreneur, fan de surf, "mais le lieu est sensible, ce n’est pas le meilleur endroit, les conditions ne sont pas réunies et nous n’irons pas à l’encontre des Aixois et des riverains du lac", admet-il.
Contestation locale
Et en effet la colère montait, localement. Une pétition d’associations et d’ONG environnementales avait recueilli plus de 20.000 signatures en un mois et demi. Michel Lévy de France Nature Environnement ne voulait surtout pas de cette "soucoupe volante" posée en plein milieu d’un lac naturel. Pour lui, "cet atoll aurait été une tâche dans l’environnement du lac". Et même si le projet n’était pas énergivore, la vague aurait été générée grâce à de l’électricité solaire, "ce projet n’allait pas dans le sens de l’histoire" selon ce militant, lui-même étonné par le succès de sa pétition. Il craignait en outre que ce parc d’attraction renforce la sur-fréquentation du lac l’été.
D’ailleurs, même les élus locaux étaient divisés. Si le président de l’agglomération aixoise semblait favorable (nos demandes d'interview sont restées sans suite, NDLR), le maire du Bourget-du-Lac, Nicolas Mercat, avait signé la pétition. Pour lui, "cette vague était en décalage avec l’image que les élus souhaitaient donner du tourisme au bord de ce lac". Un tourisme doux, durable, tourné vers le bien-être, un tourisme plus proche de l’observation des oiseaux migrateurs que du surf dans un îlot artificiel. Il avait d’ailleurs "cru à un poisson d’avril" lorsqu’il a eu connaissance du projet. Et il admet, comme le promoteur, que le projet a été "mal annoncé et mal expliqué" en octobre, les élus l’ayant découvert dans la presse.
D'autres projets au Futuroscope, à Libourne ou à Torcy
En tout cas, le patron d’Okahina Wave aura mis peu de temps à renoncer. Laurent Héquily travaille sur d’autres projets de vague artificielle, l'un au technopôle du Futuroscope de Poitiers pour 2022, un autre à Libourne en Gironde pour 2023, sans oublier Torcy, en région parisienne. Ce dernier projet devra être prêt pour les Jeux Olympiques de 2024.
De leur côté, les ONG et associations comme France Nature Environnement, les Amis de la Terre, ou Greenpeace, avaient prévu de manifester samedi 11 décembre devant la mairie d’Aix-les-Bains. Ce ne sera plus nécessaire.