"Il ne lui a laissé aucune chance" : perpétuité requise contre Bruno Garcia pour l’assassinat de Julie Douib
Par Mathilde Vinceneux
Le ministère public a demandé à la Cour d’assises d’appel d’Ajaccio de condamner une seconde fois l’accusé Bruno Garcia, à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sureté, pour l’assassinat de son ex-compagne, Julie Douib, en mars 2019.
Comme en première instance, avant de requérir la peine maximale contre Bruno Garcia, l’avocate générale s’est d’abord tournée vers la famille de Julie Douib. "Je dois le dire, il y a eu des manquements au sujet des plaintes déposées par Julie et classées sans suites", reconnaît Catherine Levy devant une salle comble. La jeune femme avait déposé six plaintes avant d’être abattue chez elle, par son ex-compagnon, père de ses deux enfants, le 3 mars 2019 à l’Ile Rousse en Corse.
"A la genèse de ce féminicide, il y a le manque de vigilance de ceux qui ont la charge de nous protéger", abonde Me Jean Sébastien De Casalta, l’un des avocats des proches de Julie Douib, "elle est devenue le symbole des violences faites aux femmes. Un martyr". Pendant des années, elle a subi des violences "intolérables", martèle l’accusation. "Un traitement qui relève du châtiment", plaide Me Lia Simoni, du côté des parties civiles. Des violences essentiellement psychologiques tente de minimiser Me Gilles Antomarchi, avocat de l’accusé.
"La préméditation est établie"
"Bruno Garcia l’a traquée, l’a suivie", rappelle la magistrate. Elle ne croît pas l’accusé qui affirme qu’il ne voulait pas la tuer. "Le simple fait qu’il se soit présenté à la porte de Julie avec une arme chargée suffit à constituer la préméditation", affirme Catherine Levy. Elle évoque "une exécution pure et simple". Selon ses voisins, Julie Douib était au sol quand Bruno Garcia l’a tuée. "Vous ne pouvez pas retenir ce scénario, il manipule les preuves", s’emporte Jean-Paul Eon en défense.
Les avocats de Bruno Garcia dénoncent la surmédiatisation qui a fait de leur client un "monstre". L’avocate générale insiste au contraire sur la dangerosité de l’accusé. Un homme décrit par les psychiatres comme "paranoïaque, psychorigide, obsessionnel, impulsif". "Je n’ai noté chez lui aucune empathie. Pas de regrets", martèle le ministère public. "Il a tuée Julie par jalousie. C’est un crime de soumission ! On n’a pas le droit de quitter Bruno Garcia, de s’affranchir de son joug , de refaire sa vie, de disposer de son corps. […] Il a assassiné sa liberté de femme, sa liberté de mère !", clame Me De Casalta.
Derrière la vitre du box des accusés, Bruno Garcia garde les yeux rivés vers le sol. Il ne laisse rien paraître quand l’avocate générale demande aux neuf jurés et aux trois magistrats de le condamner à la perpétuité avec la peine de sureté maximale : 22 ans. Il ne frémit pas non plus quand l’avocate de ses enfants demande à la Cour, la déchéance de son autorité parentale. "Je vous demande de protéger ces enfants d’un père, plaide Me Francesca Seatelli, un père qui a décidé de faire d'eux à perpétuité des fils d'assassin, à jamais des orphelins."