Images d'information & théories complotistes : "c'est la fiction aujourd'hui qui valide la réalité"

Yann Moix observe qu'aujourd'hui, surtout chez les ados, c'est la fiction qui crédibilise la réalité - et que le groupe Etat Islamique l'a compris et l'utilise dans sa propagande…
Dans L’Instant M, l'émission consacrée aux médias sur France Inter, Sonia Devillers a reçu le chroniqueur et écrivain Yann Moix. Il y a évoqué les changements profonds qu'il a observé ces derniers mois dans les traitements médiatiques des attentats. Au-delà, il pointe aussi du doigt combien les attentats ont modifié profondément notre façon d'interpréter le traitement des images - et cela, notamment chez les jeunes...
Yann Moix commence par un rappel historique : “Lorsque les Nazis voulaient faire de la propagande, ils montraient des images réalistes, et ils mentaient : ce qu’on voyait sur les images étaient le contraire de la réalité”. Les images servaient à masquer, déguiser la barbarie.
Yann Moix poursuit : "Daesh a compris que la propagande était au service de ce qu’on faisait vraiment sur le terrain - on décapite vraiment. Ils ont compris que nos jeunes considèrent que des images qui ont l’air vraies sont en réalité fausses" : les images d’un homme qui a marché sur la Lune sont tellement réalistes que c’est la preuve que personne n’a marché sur la Lune.
Selon Yann Moix, pour que les adolescents pensent qu'un événement a vraiment eu lieu, il faut injecter un peu de fiction : mettre des plans de coupe, des effets spéciaux, faire en sorte que ça ressemble aux films d’action hollywoodiens.
Il y a une inversion des valeurs cinématographiques chez les adolescents qui vont sur internet : la fiction n’est plus une vérité de substitution mais une vérité de confirmation. C'est la fiction qui valide la réalité.
L’horreur quotidienne et banale des journaux télévisés a été remplacée peu à peu par le divertissement :
Le passage par l’imaginaire est devenu la seule façon de montrer.
Regardez l'entretien de Yann Moix au micro de Sonia Devillers dans son intégralité :