Insécurité et délinquance : les effets "très atypiques" des deux confinements de 2020
Par Emmanuel LeclèreLe Service statistique ministériel de la sécurité intérieure a dévoilé, ce jeudi, son rapport annuel du bilan statistique "Insécurité et délinquance" pour l’année 2020. Une année marquée par deux confinements qui ont totalement modifié les tendances de la délinquance et de la criminalité observées ces dernières années.
Le rapport montre de fortes baisses de certains indicateurs (vols, cambriolages) et de fortes hausses (violences intrafamiliales). Les données analysées permettent d’en savoir plus sur les victimes qui se sont déclarées dans les commissariats et les gendarmeries, ainsi que sur les auteurs présumés en fonction des départements et des régions concernées. On remarque aussi les différences qui sont apparues entre le premier et le deuxième confinement.
Le nombre de victimes d’homicides enregistrées en baisse
En 2020, 863 personnes ont été tuées, dont 7 en lien avec un attentat terroriste. Ce sont 17 victimes en moins par rapport à 2019. À noter qu’un peu moins d’un tiers des victimes sont des femmes. Les suspects mis en cause sont majoritairement des hommes avec une "nette surreprésentation des 18-29 ans".
La forte hausse confirmée des plaintes pour violences intrafamiliales, sauf à Paris
Les analystes de l’INSEE, rattachés au ministère de l’Intérieur, ont constaté en 2020 "une très légère hausse des coups et blessures volontaires (CBV) enregistrés (+1 %), en lien avec celle plus importante des violences intrafamiliales (+9 %)" alors que le nombre de victimes d’autres coups et blessures volontaires (hors du cadre familial) diminue nettement en 2020 (-7 %).
Le nombre de violences intrafamiliales enregistrées en 2020 augmente "fortement" par rapport à 2019 dans la quasi-totalité des départements métropolitains selon les données de la place Beauvau, à "l’exception notamment" de Paris. Christine Gonzalez-Demichel, la cheffe analyste du service ministériel de la sécurité intérieure a lancé ces dernières semaines une enquête de terrain (enquête de victimation) pour comprendre les raisons qui expliquent cette exception dans la capitale, pour savoir si c’est en lien avec le départ d’une bonne partie de la population qui s’est mise au "vert" et donc dans de meilleures conditions pour supporter les effets du confinement ou s’il y a d’autres explications.
En revanche, comme les années précédentes, et en cela les confinements n’ont rien modifié, les femmes sont "largement majoritaires" parmi les victimes de violences intrafamiliales enregistrées (85 %), alors qu’environ deux tiers des victimes de coups et blessures volontaires qui ont porté plainte en dehors du cadre familial sont des hommes.
Pour ce qui est des auteurs présumés de coups et blessures volontaires : ce sont à 85 % des hommes - 87 % dans le cadre intrafamilial et 83 % hors cadre familial.
Viols et tentatives de viol en hausse
Le nombre de plaintes pour des violences sexuelles (viols et tentatives de viols en particulier) continuent d’augmenter en particulier pour des faits remontant à plus d’un an. Pour les analystes du SSMSI c'est toujours le "contexte de libération de la parole" qui explique cette tendance et qui se confirme par le nombre de dépôt de plaintes (+ 3% pour viol et 11% pour tentative de viol).
La tendance la plus impressionnante étant "la part des victimes ayant porté plainte pour des faits datant de plus d’un an" : elle a augmenté ces dernières années de 31 % en 2016 à 39 % en 2020. Et en particulier le nombre de victimes ayant déclaré des faits commis plus de cinq ans auparavant qui a plus que doublé entre 2016 et 2020. Plus de la moitié des victimes de violences sexuelles enregistrées sont des mineurs.
Les vols, les cambriolages de logements et les dégradations en baisse
On savait que le nombre de vols et cambriolages avait reculé en 2020 avec des courbes statistiques qui chutent dès le mois de mars 2020.
Ces évolutions "très atypiques" sont largement confirmées : -24 % pour les vols sans violence contre des personnes, -20 % pour les cambriolages de logements, -19 % pour les vols violents sans arme, -18 % pour les vols d’accessoires sur véhicules, -17 % pour les vols dans les véhicules, -13 % pour les vols de véhicules, -13 % pour les destructions et dégradations volontaires et -8 % pour les vols avec armes.