
C'est la tendance du moment : les éditeurs courent après les communautés de lecteurs qui se constituent sur Instagram. Sur le réseau social qui base tout sur les images et les hashtags, les passionnés trouvent le moyen d'échanger leurs conseils de lecture.
On les appelle les bookstagrameurs. Cela vient de bookstagram, contraction de book et d'Instagram et ce mot est tagué quelque 20 millions de fois. Ce sont souvent des jeunes femmes qui animent ces comptes. Ils ou elles ont parfois des goûts très classiques, comme l'animatrice du fil Mirage Livresque qui vient de lancer l'opération #adopteundumas, consacré à Alexandre Dumas.
Les éditeurs ont repéré leur vitalité, et le fait qu'ils constituent des communautés de fans fidèles. on est loin des scores de certains youtubeurs, avec des millions de vues, mais désormais les fils consacrés à la littérature possèdent sur leurs propres fil des dizaines milliers d'abonnés. On trouve de tout dans ces amateurs, des lecteurs experts, des bibliothérapeutes, des amateurs de lecture-doudou, des tenants du 'feel good book', des poètes, des libraires passionnés, etc...

Sur ces comptes, les instagrameurs, ou bookstagrammeurs partagent leurs coups de cœur littéraires : un livre une photo, les grincheux ne manquent pas de mettre en avant la superficialité du genre.
Ces amateurs s'appliquent à mettre en scène les livres pour faire une belle photo, en général une tasse de café à coté du livre, un pompon, un rouge à lèvre, un bouquet de fleurs. Ce sont parfois des images assez mièvres filtrées à la mode d'Instagram, les jeunes en sont friands. Mais il y a aussi de la place pour des lecteurs vraiment experts comme chez Studio Littéraire, qui prend les choses très au sérieux...
"C'est un exercice particulier que de vouloir justement se contraindre à quelques lignes pour écrire une critique étayée", explique Côme Grévy l'un des deux piliers du Studio Littéraire. "Après publication, la discussion peut aussi s'engager avec d'autres internautes.". Côme Grévy s'astreint à ne partager que ses coups de cœur auprès de ses 17 000 abonnés, même si désormais des auteurs ou des éditeurs lui envoient des livres à découvrir. Car certains de ces bookstagrameurs sont devenus des interlocuteurs pour les maisons d'édition. Leurs prescriptions sont prises en compte.
Dans le viseur des éditeurs
Laura Behn responsable du marketing digital du Livre de Poche : "impossible aujourd'hui de faire l'impasse sur ces communautés de lecteurs. Pour l'instant on ne connaît pas l'impact sur l'achat de livres, mais la fonction "achat" va se développer sur Instagram. Nous réfléchissons à l'instaurer sur nos fils".
Livre de Poche, fort de son succès sur le réseau social, a également développé deux autres fils thématiques, pour la romance et l'imaginaire. Livre de Poche réfléchit surtout à la manière d'être en relation directe avec ses abonnés, au style à donner à chaque fil.
Le retour est immédiat quand on touche les communautés. Elles nous apportent des connaissances en plus
La tendance est désormais de jouer la complémentarité entre rendez-vous physiques et interactions sur Instagram en instaurant des échanges auteurs-lecteurs par exemple.