Isabelle Dinoire, première greffée du visage, est morte
Sur les sept personnes greffées en France depuis 2007, deux sont morts, les cinq autres se portent bien
Le CHU a confirmé le décès d’Isabelle Dinoire, "première patiente au monde ayant bénéficié d'une greffe faciale réalisée par le professeur Devauchelle et ses équipes le 27 novembre 2005". Isabelle Dinoire avait été opéré à 38 ans. Elle est morte en avril dernier "entourée de sa famille", selon l’hôpital. "En accord avec la volonté de ses proches, aucun avis de décès n'avait alors été publié dans la presse, pour préserver leur légitime intimité en ces moments douloureux", a précisé l'établissement où la patiente avait été opérée.
Aucune conférence de presse n’est prévue par les membres de l’hopital. "L'hiver dernier, elle avait subi un nouveau rejet du greffon et avait perdu une partie de l'usage de ses lèvres", assure le quotidien Le Figaro, selon lequel "les lourds traitements anti-rejet qu'elle devait prendre à vie avaient favorisé la survenue de deux cancers".
Défigurée par une morsure de chien
En 2005, l’histoire dramatique de cette femme, défigurée par la morsure de son chien, avait fait la Une des médias. Isabelle Dinoire avait bénéficié d'une greffe du triangle facial nez, bouche et mâchoire.
L’équipe comprenant le professeur Jean-Michel Dubernard du CHU de Lyon, connu dans le monde entier pour avoir effectué la première greffe d'une main en 1998, et le professeur Bernard Devauchelle, spécialiste de chirurgie maxillo-faciale avaient réalisé cette opération.
Depuis la greffe d’Isabelle Dinoire, il y a eu 37 greffes de face dans le monde, dont dix en France
Comment vivent les greffés ? Comment supportent-ils le traitement et leur nouveau visage ? Une première étude qui porte sur sept patients opérés en France vient d'être publiée dans the Lancet (aout 2016).
Sur sept greffés depuis 2007, deux sont morts, les cinq autres se portent bien
Les sept patients sont des hommes, ils ont été opérés entre 2007 et 2011. Deux sont morts depuis, l'un s'est suicidé, l'autre un grand brûle de 37 ans greffé du visage et des mains en 2009, n'a survécu que deux mois à l'intervention, quand l'infection a gagné les tissus.
Les cinq autres poursuivent leur route. La mobilité et la sensibilité de leur visage est bonne, certains travaillent même comme Pascal. Ce trentenaire atteint d'une maladie génétique qui a déformé son visage.
Reprendre une vie sociale, oser le regard des autres même si la chirurgie n'est pas esthétiquement parfaite.
Pour le Professeur Lantieri qui a dirigé l'étude, c'est le premier critère de réussite.
Un de nos patients montre maintenant son visage sur Facebook, ça prouve à quel point il a assumé son nouveau visage.
Comme pour tous les greffés, le danger, c'est le rejet du greffon qui peut conduire à sa destruction. Les cinq patients ont régulièrement des alertes ils sont donc très suivis. Le traitement est lourd et associé, ils le savent, à d'autres dangers, explique le Professeur Lantieri
Comme tout médicalement il y a des effets secondaires qui peuvent donner du diabète et atteindre les reins et le fait qu’on diminue votre immunité un risque comporte un risque plus important d’infection et de cancer
Sur ces cinq patients, aucun, à ce jour, n'a développé de cancer.
Jérôme Hamon fait partie des 10 français en ayant bénéficié d'une greffe c'était en 2010 que cet homme, atteint d'une neurofibromatose, maladie génétique qui lui avait déformé le visage, a été opéré par le professeur Lantiéri. Jérôme Hamon, interrogé par Jérôme Jadot, estime que la mort d'Isabelle Dinoire ne doit pas remettre en cause ce greffe.
Cette opération a changé ma vie car ça a changé le regarde des autres sur moi, et leur rejet. Des choses inimaginables.
Jérôme Hamon : C'ets malheureusement le risque des greffes, on le sait
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