"J'avais enfin trouvé ma famille !" : entre Sempé et le New Yorker, une "amitié" de 40 ans

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"J'avais enfin trouvé ma famille !" : entre Sempé et le New Yorker, une "amitié" de 40 ans

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Jean-Jacques Sempé a beaucoup dessiné New York, mais ne s'y est pas installé. Ici, dans son atelier Parisien, en 2015.
Jean-Jacques Sempé a beaucoup dessiné New York, mais ne s'y est pas installé. Ici, dans son atelier Parisien, en 2015.
© AFP - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Avec une centaine de couvertures, Sempé est l'un des dessinateurs qui a le plus collaboré avec l'hebdomadaire américain. En Une, il a dessiné New York, mais aussi Paris, s'autorisant pour une fois les couleurs flashy.

"L'artiste Jean-Jacques Sempé - ou J.J., pour ses lecteurs du New Yorker - est décédé à 89 ans", écrit sur son compte Instagram le magazine "The New Yorker", dans un poste hommage au dessinateur français, décédé à l'âge de 89 ans. "Sempé a contribué à plus de 100 couvertures au New Yorker, plus que tout autre artiste contemporain", poursuit l'hommage. Durant 40 ans, celui qui "adorait les couleurs de New York", les a reproduites, imaginées. Avec un trait fragile et délicat, Sempé a capturé "un large éventail de plaisirs simples de la vie", disait de lui la directrice artistique du magazine Françoise Mouly, en 2019.

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"Pour la première fois, j'existais !"

En 1978, Jean-Jacques Sempé entre au New Yorker, après avoir découvert le magazine grâce à ses compères dessinateurs Chaval et René Goscinny. "J'avais presque 50 ans et pour la première fois de ma vie, j'existais ! J'avais enfin trouvé ma famille !", déclarait-il alors. Sa première "Une" représente un employé de bureau prêt à s'envoler depuis la fenêtre de sa tour.

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Au fil des années, il trace son bonheur de vivre dans la mégalopole newyorkaise, avec ses chats indolents, ses humains minuscules, sa frénésie, ses jazzmen et ses jardins cachés. L'éditeur Denoël rassemble ces dessins dans l'album "Sempé à New York" (2009).

Une du 2 février 1998 - Jean-Jacques Sempé
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- The New Yorker
Une du 1er mars 1982 - Jean-Jacques Sempé
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- The New Yorker
Une du 24 novembre 1997 - Jean-Jacques Sempé
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- The New Yorker

"C'était toujours une aubaine, d'avoir une couverture de Sempé"

"Sempé est un des artistes qui [a rendu] mon travail au New Yorker le meilleur boulot du monde", a déclaré Françoise Mouly, directrice artistique du New Yorker, à France Inter. "C'était à la fois un merveilleux artiste, et c'était une amitié", a-t-elle poursuivi. "À chaque fois, il trouvait de nouvelles façons de nous faire apprécier la beauté d'un moment simple. C'était toujours une aubaine, d'avoir une nouvelle couverture de Sempé". Le 29 décembre 2014, sous la plume de Mina Kaneko et de Françoise Mouly, le New Yorker a rendu hommage à Sempé en publiant en ligne une sélection de ses couvertures sous le titre Cover Story: Jean-Jacques Sempé's Dancers.

112 couvertures et un album

Le 7 mai 2018, le dessinateur humoristique a publié sa 111e "Une" pour le magazine, "un record pour un artiste vivant", rapportent les Échos. On y voit un cycliste en ciret jaune, pédaler sous la pluie de New York, multicolore. L'occasion pour Françoise Moly de l'interviewer sur sa relation avec cette ville. S'il se dit "passionnément attaché à New York", Sempé ne s'y est pas installé durablement, bloqué par la barrière de la langue. "Si je savais parler anglais, je me serais sans doute installé là-bas. Mais j'en suis totalement incapable, et je ne voulais pas être vu comme un de ces Français arrogants qui ne parlent que leur propre langue", rapportent encore les Échos.

Cinq mois plus tard, il reprend son crayon et dessine un groupe enfants, plongé dans la lecture d'un ouvrage, dans un luxueux salon. C'est sa dernière "Une", la 112e, publiée à l'âge de 86 ans.

Une du 15 octobre 2018 - Jean-Jacques Sempé
Une du 15 octobre 2018 - Jean-Jacques Sempé
- The New Yorker