Le tribunal de Melun refuse la demande de libération conditionnelle de la sexagénaire partiellement graciée par François Hollande après sa condamnation pour le meurtre de son mari.
Jacqueline Sauvage ne sera pas libérée. Le tribunal d'application des peines de Melun qui devait décider, dans la matinée, du sort de cette cette femme de 68 ans qui avait tué son mari violent, n'a pas tranché en sa faveur.
A deux reprises, les cours d'assises du Loiret puis du Loir-et-Cher ont condamnée Jacqueline Sauvage à 10 ans de réclusion criminelle. Mais, après une forte mobilisation de l'opinion publique, les avocates de Jacqueline Sauvage ont obtenu de François Hollande une grâce partielle en janvier dernier. Depuis cette date, elle a été soumise à des expertises pour évaluer sa dangerosité. Elle espérait donc que le tribunal allait suive les réquisitions du parquet et décide de la libérer. Il n'en a rien été.
Tout était pourtant réuni pour que Jacqueline Sauvage obtienne cette libération
Pour la procureure de Melun, ce dossier remplissait toutes les conditions de la libération conditionnelle. C'était également l'avis des services pénitentiaires de la prison de Réau qui ont hébergé Jacqueline Sauvage ces six derniers mois, c'est aussi l'avis d'un psychiatre qui l'a examinée. En revanche une commission composée de magistrats, d'avocats et de représentants de l'Etat a émis un avis négatif. Ce n'est qu'un avis consultatif pourtant il a visiblement eu un poids déterminant.
Les avocates, qui avaient plaidé en vain la légitime défense lors du dernier procès, espéraient décrocher cette fois la remise en liberté de leur cliente, même si cette mesure devait s'accompagner de restrictions comme son placement sous bracelet électronique ou l'interdiction d'évoquer publiquement son affaire. Aujourd'hui elles ne comprennent pas cette décision. "Ce qui ressort de la décision, c'est qu'il lui est reproché de ne pas avoir confirmé qu'elle avait finalement choisi de commettre ces faits", ont dit ses avocates, Me Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta.
"Il est précisé qu'elle ne peut prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui compte tenu des soutiens dont elle bénéficie risquerait de la maintenir dans une position victimaire", ont-elles ajouté.
Le parquet qui avait pris des réquisitions favorables à la remise en liberté de cette femme de 68 ans, devenue un symbole des violences conjugales, "va faire appel", a annoncé la procureure de Melun, Béatrice Angelelli.
Jacqueline Sauvage a effectué au total un peu plus de trois ans et demi de détention, soit le tiers de sa peine. Elle était pressée de retrouver ses filles Sylvie, Carole et Fabienne, et ses petits-enfants, mais ce ne sera certainement pas avant un moment.
Jacqueline Sauvage avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal. Lors de l'audience, ses trois filles avaient témoigné violemment à charge contre leur père.
Sa condamnation en appel avait suscité une vague de mobilisation. La demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Une pétition " Libérez Jacqueline !" avait recueilli plus de 400.000 signatures.
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