"Je me suis sentie humiliée", lance Penelope Fillon à l'ouverture de son procès en appel

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"Je me suis sentie humiliée", lance Penelope Fillon à l'ouverture de son procès en appel

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François et Penelope FIllon à leur arrivée à la cour d'appel, le 15 novembre 2021
François et Penelope FIllon à leur arrivée à la cour d'appel, le 15 novembre 2021
© AFP - Thomas COEX

Le procès en appel des époux Fillon s'est ouvert ce lundi à Paris. Il sera question des soupçons d'emplois fictifs de Penelope Fillon, comme assistante parlementaire de son mari, de son suppléant Marc Joulaud, ainsi qu'à la Revue des deux mondes. Le couple avait été lourdement condamné en première instance.

Le couple Fillon est assis au premier rang. Elle, cheveux argent, pull marine. Lui, costume bleu sombre et regard noir. Ils ne sont pas côte à côte. Entre eux se tient Marc Joulaud, l'ancien suppléant de François Fillon, et troisième prévenu du procès qui s'est ouvert ce lundi 15 novembre devant la cour d'appel de Paris.

"Je suis Penelope Clarke Fillon, née au Royaume-Uni le 31 juillet 1955. Aujourd'hui, je n'ai pas d'activité", décline, à la barre, la sexagénaire à l'accent britannique. "Vous êtes mariée, vous avez cinq enfants", complète le président. "Pour quelle raison avez-vous fait appel ?" 

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"Je ne me reconnais pas dans le jugement rendu au premier procès", répond Penelope Fillon. "Je me suis sentie ridiculisée, enfin humiliée. J'étais tétanisée, je n'ai pas pu m'exprimer comme je l'aurais voulu. J'ai le sentiment qu'il y a eu un préjugé contre moi dès le début. Tout ce que j'ai fait a été mésestimé. Cette fois, je voudrais expliquer ce qu'a été mon travail." 

"Quelque chose de pourri dans cette procédure"

À leur tour, François Fillon ("retraité") et Marc Joulaud expliquent qu'ils contestent la décision rendue en première instance par le tribunal correctionnel le 29 juin 2020. La suite de l'audience est consacrée à l'examen de plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité et des conclusions de nullité déposées par la défense. "Il y a quelque chose de pourri dans cette procédure", lance Me Antonin Levy. "Pourri au sens shakespearien, au sens de Hamlet". 

L'avocat évoque les pressions hiérarchiques que la cheffe du parquet national financier, Eliane Houlette, a déclaré avoir reçues au cours de l'enquête préliminaire. Il s'interroge aussi sur la désignation de Serge Tournaire comme juge d'instruction, le magistrat s'étant déjà vu confier plusieurs dossiers concernant la droite. L'incident est joint au fond. Les débats entreront mardi dans le vif du sujet, avec l'interrogatoire de Penelope Fillon. 

Jugement sévère en première instance

Lors du jugement rendu en premier instance, le tribunal avait eu des mots particulièrement sévères, estimant que l'ancien Premier ministre avait "élaboré et mis en place" un système dans le but de détourner de l'argent public et "compléter les revenus de son couple". Les magistrats avaient souligné au passage son "absence totale de remise en question".  

Quant à Penelope Fillon, le tribunal avait conclu qu'elle avait "en toute connaissance de cause accepté des contrats de travail qui n'avaient aucune consistance". Il avait donc prononcé une peine de cinq ans de prison dont deux ans ferme à l'encontre de François Fillon, trois ans de prison avec sursis pour Penelope Fillon et Marc Joulaud. Le tout assorti d'un total cumulé de 770 000 euros d'amende, et de plus d'un million d'euros à verser à l'Assemblée nationale. Les trois mis en cause avaient fait appel. 

Au cours de ce second procès prévu pour durer jusqu'au 30 novembre, les époux Fillon vont donc tenter de convaincre les juges que les différents emplois occupés par Penelope Fillon entre 1998 et 2013 étaient bien réels, malgré l'absence ou presque de traces écrites. Penelope était "les yeux et les oreilles de son mari" dans la circonscription, martèle la défense depuis le début de la procédure. Une collaboratrice certes "discrète", mais néanmoins "essentielle"

Aujourd'hui, François Fillon est retiré de la vie politique. S'il siège au conseil d'administration d'un groupe pétrolier russe, après sa condamnation en première instance il a cessé toute activité au sein de la société de conseil en gestion d'actifs Tikehau, afin de préparer la bataille qu'il s'apprête à livrer devant la cour d'appel de Paris.