"Je ne voulais pas la tuer" : au procès de l'assassinat de Julie Douib, l’accusé nie toute préméditation

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"Je ne voulais pas la tuer" : au procès de l'assassinat de Julie Douib, l’accusé nie toute préméditation

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Le palais de justice d'Ajaccio, où se tient le procès en appel de l'assassinat de Julie Douib
Le palais de justice d'Ajaccio, où se tient le procès en appel de l'assassinat de Julie Douib
© Maxppp - Florent Selvini

Pendant plus de trois heures ce jeudi, la cour d'assises d'appel d'Ajaccio a interrogé Bruno Garcia, accusé d'avoir assassiné son ex-compagne, en mars 2019 à l'Ile-Rousse, en Corse. Il a reconnu avoir tiré sur la mère de ses deux enfants, mais nie avoir préparé son passage à l'acte.

Avant que Bruno Garcia ne se lève dans le box, la cour d'assises d'appel d'Ajaccio a diffusé ce jeudi les enregistrements des disputes conservés par son ex-compagne. Un flot d'insultes résonne dans la salle d'audience. On entend l'accusé traiter Julie Douib de "clocharde". En fond, l'un de leurs deux petits garçons réplique : "C'est pas vrai !". Il y a aussi des menaces : "Je vais t’emplâtrer", "Ça va mal finir !".

"Vous reconnaissez les violences ?", demande la présidente. Julie Douib avait déposé six plaintes et cinq mains courantes contre son ex-conjoint avant d'être tuée. "C’était une situation conflictuelle", répond Bruno Garcia, 46 ans, crâne rasé et visage émacié. Il parle de "bousculades". "Vous la traquiez après votre séparation ?", poursuit la magistrate. "Ça m’arrivait de la croiser", rétorque l’accusé.

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Il nie l'avoir suivie à la sortie du cinéma la veille des faits, en mars 2019. "Elle était pourtant morte de trouille selon les témoins", souligne la présidente. "Elle a fait tout un manège avant de rentrer chez elle", abonde l'avocate générale. Bruno Garcia ne comprend pas non plus pourquoi ses enfants ont dit qu'il s'était entraîné à tirer avec son arme dans le jardin, ce même soir.

Son historique internet l'accable aussi. "Vous avez effectué des recherches avant les faits. "Tentative de meurtre", "Peine pour homicide". Vous vous renseigniez sur ce que vous risquiez ?", interroge l'accusation. "C'était pour des jeunes du village, après une fusillade", répond avec conviction l'accusé.

Un glock chargé

Au matin du dimanche 3 mars 2019, après avoir préparé le petit-déjeuner, Bruno Garcia quitte sans prévenir ses enfants, sa sœur et son beau-frère. Pour se rendre "au stand de tir", dit-il. Sa licence est périmée, qu'importe. Il emporte son pistolet glock, son silencieux et ses munitions. En chemin, il prend finalement la direction de l'appartement de Julie.

"Je me suis dit que j'allais régler le problème du planning de garde des enfants", explique l'accusé. Il veut aussi interroger son ex-compagne sur une liaison qu'elle aurait avec un coach sportif. "Je ne voulais pas la tuer, sinon je n’y serai pas allé un dimanche matin, tout le monde m’a vu", insiste Bruno Garcia.

"Pourquoi vous avez chargé votre arme avant d’entrer chez elle, si vous n’aviez pas l’intention de vous en servir ?", demande la présidente. Bruno Garcia assure qu'il voulait lui faire peur et discuter. Avec une arme, "on est d'accord qu'il n'y a pas de dialogue ?!", rétorque la magistrate.

"Trou noir"

Bruno Garcia reconnaît un premier tir "accidentel" dans la chambre des enfants. Julie Douib s'est enfuie vers l'extérieur. "Il y a du sang, elle a dû crier ! Les voisins ont décrit des cris de femme. Vous les entendez ses cris ?", insiste la cour. Bruno Garcia n'entend pas, ne voit pas. Il la suit. Puis "c'est le trou noir" sur le balcon, quand il tire encore.

"Julie était encore vivante quand vous êtes parti. Pourquoi ne pas avoir appelé les secours ?  ", questionne la présidente. "C’est vrai, elle serait peut-être encore là", lâche l’accusé. Sans jamais les regarder ni même se tourner vers eux, Bruno Garcia présente ses excuses aux parents de Julie. "Ça doit être très dur de perdre un enfant", souffle-t-il. Sur les bancs des parties civiles, le père de la jeune femme tremble. Julie Douib avait 34 ans.