Jean-François Copé veut devenir l'opposant numéro un à Hollande

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Jean-François Copé veut devenir l'opposant numéro un à Hollande

[scald=224059:sdl_editor_representation]par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - L'UMP entend tirer profit du climat de défiance actuel envers le pouvoir socialiste pour redonner de la voix en opposant mercredi une motion de censure à un gouvernement "aux abois".

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Cette initiative, toute symbolique soit-elle, permet à Jean-François Copé d'asseoir son autorité à la tête de l'opposition face aux ambitions de son ex-rival François Fillon, voire de donner corps à l'hypothèse, qui fait son chemin à l'UMP, de l'inanité d'une nouvelle élection interne en septembre.

La motion de censure qui sera présentée mercredi à l'Assemblée dresse un bilan sévère de l'action de François Hollande dix mois après son élection, en l'accusant d'"oeuvrer au déclin économique et social" de la France.

"L'Assemblée nationale devra censurer la politique économique d'un gouvernement aux abois, incapable de s'élever au-dessus de ses intérêts électoraux et de ses réflexes idéologiques", peut-on lire dans le document signé de 144 députés UMP, dont quatre apparentés, ainsi que d'une députée non inscrite, Véronique Besse.

La motion, dont une seule a été adoptée sous la Ve République, en 1962, n'a aucune chance d'être votée puisque le Parti socialiste et ses alliés disposent de la majorité à l'Assemblée et que les autres groupes de gauche -Front de gauche et écologistes- n'ont nullement l'intention d'associer leurs voix à celles de l'opposition.

Seuls les députés favorables à la motion de censure participent au scrutin, dont le résultat sera connu mercredi à 19h15. Les députés du Front national, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, voteront pour, même s'ils estiment que l'UMP "n'est pas légitime à porter ce constat".

Aucun élu de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) ne s'est associé au texte et on soulignait lundi au groupe parlementaire que le vote centriste ne serait pas "automatique".

"Tout le monde votera" au groupe UMP (195 membres), a assuré lundi son président Christian Jacob, qui relativise l'absence de certains élus de poids -Luc Chatel, François Baroin, Lionnel Luca, Laurent Wauquiez...- parmi les signataires. L'ancien Premier ministre François Fillon a paraphé le texte.

"Ce qui compte, c'est le vote", souligne-t-on dans l'entourage de Jean-François Copé, en avançant notamment des difficultés techniques d'émargement.

RECONQUÊTE ET SABRE DE BOIS

La stratégie de Jean-François Copé, qui avait évoqué la perspective d'une motion de censure dès novembre dernier, ferait débat au sein du groupe, entre partisans d'une opposition "coup de poing", majoritaires, et ceux d'une opposition de "contre-propositions", selon des sources parlementaires.

"On s'oppose, mais on propose. L'UMP, par sa voix, fait écho à ce que beaucoup de Français pensent. Le positionnement de Jean-François Copé n'est pas contesté", affirme-t-on dans l'entourage de ce dernier, jugé désormais "consensuel".

Jeudi, l'UMP organise une convention sur la fiscalité.

"Les gens sont dans l'inquiétude et l'attentisme, l'économie est paralysée. On le sentiment que le pays n'est pas géré sur le long terme, François Hollande n'a pas les épaules. Une autre voie est possible", souligne un responsable de l'UMP.

Jean-François Copé s'exprimera en ces termes mercredi, s'offrant dans l'hémicycle une tribune pour sa "reconquête" tout à la fois personnelle et électorale. Un "sabre de bois" face à Jean-Marc Ayrault, grincent des élus "fillonistes".

"Je ne pense pas que la motion de censure à elle seule pourra restaurer la crédibilité de l'UMP. Je pense qu'il faut aujourd'hui que nous soyons en proposition", a commenté lundi la députée des Yvelines, Valérie Pécresse, sur Radio Classique.

Le Premier ministre, critiqué jusque dans son propre camp, prend pourtant l'échéance très au sérieux. Il prépare activement son discours: déjeuner avec des responsables de la majorité, coups de téléphone, travail de réécriture.

"Ce discours sera l'occasion de rappeler tout ce qui a été fait en dix mois, même si le Premier ministre est conscient que les Français attendent encore les résultats", dit-on à Matignon.

On estime à l'UMP que "le timing est bon" après l'élimination de la candidate socialiste dans la législative partielle de l'Oise ("un mini 2002", souligne un cadre de l'UMP) et dans l'attente de la prise de parole de François Hollande, vraisemblablement d'ici la fin du mois. "Hollande est pris en tenaille par l'opposition", dit un cadre de l'UMP.

"On avance, on reconstruit, Paris ne s'est pas fait en un jour. L'Oise montre qu'on peut peut-être créer la surprise aux élections municipales de 2014", plaide un responsable de l'UMP.

Avec Elizabeth Pineau et Emile Picy, édité par Patrick Vignal