Jean Leonetti "la communication sur le vaccin est désastreuse, elle donne l'impression qu'on y va à reculons"

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Jean Leonetti "la communication sur le vaccin est désastreuse, elle donne l'impression qu'on y va à reculons"

200 maires Français veulent se faire vacciner pour l'exemple, dès que ce sera possible
200 maires Français veulent se faire vacciner pour l'exemple, dès que ce sera possible
© AFP - Stéphane de SAKUTIN

Alors que le nombre de Français prêts à se faire vacciner est en baisse, deux cents maires se sont engagés mercredi à se faire vacciner contre le Covid-19 afin de donner l'exemple et demandent à l'État de faciliter leur initiative. Parmi les signataires du texte publié figure Jean Leonetti. Il est notre invité.

Seuls 44% de Français ont l'intention de se faire vacciner, selon une étude BVA publiée dans le JDD. L'une des proportions les plus basses parmi 32 pays étudiés et qui nous donne le titre, non enviable, de "champion du monde" des pays réfractaires, devant la Russie et l'Afrique du Sud.

C'est pour donner l'exemple et faire bouger les mentalités que 200 maires ont signé un texte publié ce mercredi par Le Figaro. "La confiance ne se décrète pas, elle se mérite", écrivent les signataires. "Les Français ont confiance en leur maire. Notre exemple et notre incitation peuvent convaincre demain des administrés aujourd'hui fébriles", souligne le manifeste des 200 maires. 

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Parmi les signataires, Jean Leonetti, maire Les Républicains d'Antibes, président de la communauté d'agglomération Sophia Antipolis et médecin. Il était l'invité du journal de 13h de France Inter. 

FRANCE INTER : Vous signez ce manifeste où vous vous engagez à vous faire vacciner plus vite possible, une question de confiance ? 

JEAN LEONETTI : "C'est important de retrouver la confiance. La population a perdu la confiance envers un gouvernement qui a perdu sa crédibilité à force d'injonctions contradictoires. Le maire c'est encore l'élu en qui les citoyens ont le plus confiance. Donc à l'initiative de Karl Olive, le maire de Poissy, on s'est engagés pour dire : 'Nous, à notre tour, et quand notre tour viendra, en ne prenant pas la place des autres, nous nous ferons vacciner', pour montrer que l'on est prêts à s'engager et à faire ce qu'on dit. Ce qui montrera que nous n'avons pas peur de ce vaccin et qu'au contraire, on a confiance en lui."

C'est une question d'image et de communication. Ça compte ça pour les Français ? 

"Je pense que ça compte. Regardez, on a perdu 15 points de crédibilité vis à vis du vaccin. Aujourd'hui, on a des mesures sur le couvre-feu qui vont encore jeter la confusion parmi nos concitoyens. On n'a que deux armes contre la Covid : la première, c'est la distanciation, les mesures barrières, et la deuxième c'est le vaccin. Je suis d'accord avec Axel Kahn : nous sommes trop lents, trop prudents, et cette communication est désastreuse parce qu'elle donne l'impression qu'on y va à reculons. Il faut y aller massivement parce que ça va sauver des vies et ça va éviter l'encombrement des malades dans nos hôpitaux et en réanimation." 

Comment expliquez-vous que la France aille moins vite en matière de vaccination que d'autres pays comme l'Allemagne, par exemple ? 

"Je pense que c'est un problème logistique, un problème de nombre de vaccins. On a à peu près le même nombre de vaccins que nos voisins, mais on compte 60 000 vaccinés en Allemagne et cinq injections à Nice dans la matinée, une centaine de personnes vaccinées en France, c'est très insuffisant. La vaccination pour qu'elle soit efficace, quel que soit le vaccin, il faut qu'elle soit massive. Si on ne vaccine que deux personnes par ci, trois par là, ça a un effet de communication politique, mais ça n'a aucune efficacité sanitaire. c'est pour ça qu'il faut étendre très rapidement la vaccination à toutes les personnes vulnérables et aux personnes âgées, parce que ce sont eux qui, malheureusement, peuvent faire des formes graves, peuvent aller en réanimation et peuvent en mourir." 

Il y a aussi peut être un travail de conviction à faire auprès des Français, qui sont effectivement très sceptiques dans leur ensemble face à la vaccination ?

"Commençons par le volontariat et faisons en sorte que tous les volontaires, et en particulier tous les volontaires qui sont fragiles parce qu'ils sont âgés, ou parce qu'ils ont des comorbidités, qu'on leur permette d'accéder à la vaccination. Et là, on aura fait un grand pas vers l'efficacité. Ça sera beaucoup plus efficace que toutes les autres mesures qu'on pourra prendre dans le domaine de la lutte contre la Covid." 

Avons-nous assez de doses pour vacciner les Français plus vite ? 

"Je pense qu'on a suffisamment de vaccins. Je crois le gouvernement dans ce domaine. Par contre, je pense qu'on n'a aucune organisation mise en place et qu'on n'a pas anticipé cette logistique indispensable à la vaccination de masse. Ça a été fait en Allemagne, au Danemark, au Portugal et dans beaucoup de pays européens. Pourquoi sommes-nous toujours en retard ? Pourquoi on a toujours quinze jours, à trois semaines de retard sur les autres sur les masques, sur les tests; sur les vaccins ? C'est un peu dommage parce que la France est un grand et beau pays sur le plan de la santé, sur le plan de la médecine, et on donne toujours l'impression qu'on est à la traîne..."