Jean-Michel Jarre et une startup française veulent monter "le YouTube du métavers"

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Jean-Michel Jarre et une startup française veulent monter "le YouTube du métavers"

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Avec la plateforme VRrOOm, Jean-Michel Jarre a déjà produit plusieurs concerts, comme ici pour la fête de la musique 2020
Avec la plateforme VRrOOm, Jean-Michel Jarre a déjà produit plusieurs concerts, comme ici pour la fête de la musique 2020
© Maxppp - LP/Olivier Arandel

L’entreprise VRrOOm a annoncé ce mardi ses ambitions pour les mois à venir : après avoir créé avec plusieurs entreprises et artistes, dont Jean-Michel Jarre, des spectacles en réalité virtuelle, elle veut ouvrir cette plateforme à tous les artistes d'ici à la fin de l'année.

La présentation a lieu dans le plus que centenaire Palais des Mirages du Musée Grévin, une animation son et lumière qui rappelle que "toutes les technologies d’aujourd’hui, on les doit à la fée électricité", dit Louis Cacciuttolo, fondateur de l'entreprise VRrOOm, spécialisée dans la création d'événements culturels et réalité virtuelle. À ses côtés, Jean-Michel Jarre, dont les derniers grands concerts ont justement eu lieu au coeur d'univers virtuels : une cathédrale Notre-Dame de Paris recréée (et réparée) pour le passage au Nouvel An 2021, et une ville imaginaire nommée Oxyville pour accompagner le projet Oxymore - dévoilé en début d'année à la Maison de la Radio, et qui sortira dans sa version définitive à l’automne.

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"Tous les jours, il y a des dizaines de millions de personnes qui n’ont pas accès à des spectacles - donc des dizaines de millions d’euros perdus pour l’industrie culturelle", explique Louis Cacciuttolo, dont la plateforme VRoOOm se veut à la fois une plateforme de création, de diffusion et de monétisation. Objectif de l'entreprise : poser, d'ici à la fin de l'année, les bases du "YouTube du métavers". "Pour cela, il faut donner des outils aux créateurs", explique Jean-Michel Jarre : "Grâce à la technologie, on a pu faire de la musique depuis sa chambre à coucher. Bientôt on va pouvoir faire la même chose pour créer des concerts, ou des expositions".

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"L’univers virtuel dont j’ai toujours rêvé"

Concrètement, à quoi ressemblent ces concerts en VR ? Ce sont des espaces virtuels dans lesquels chaque participant est incarné par un avatar, qui peut se déplacer librement dans l’espace, devant une scène (ou autour), dans un décor habillé par l’artiste pour l’occasion "et sans aucune contrainte d’espace ou de temps". Jean-Michel Jarre, connu pour ses concerts géants, affirme que la réalité virtuelle lui "a permis de créer l’univers virtuel dont j’ai toujours rêvé", où, dit-il, le public peut voler au milieu de la salle, où l'on peut dépasser les deux (parfois trois) dimensions d'une scène de spectacle habituelle.

Jean-Michel Jarre et Louis Cacciuttolo dans le Palais des Mirages du Musée Grévin
Jean-Michel Jarre et Louis Cacciuttolo dans le Palais des Mirages du Musée Grévin
© Radio France - JB

"Comme dans YouTube vous avez des artistes qui créent du contenu, chez nous, il y aura des VRrOOmers, qui n’auront aucune limite pour créer les mondes dont ils rêvent", selon Louis Cacciuttolo. Concrètement, on ne sait pas encore à quoi ressembleront ces outils qui devraient permettre à chacun et chacune de créer son propre espace dans le metavers, mais l'entreprise promet que cela ne nécessitera pas plus qu'un PC (et éventuellement un casque de réalité virtuelle) et fonctionnera sur un modèle d'abonnement "à la manière de la suite Adobe [qui contient notamment Photoshop, ndlr]" ou en version semi-gratuite, la plateforme ponctionnant dans ce cas une partie des revenus des contenus créés.

"Ne laissons pas la VR filer" entre les mains des États-Unis

L’autre enjeu, à l’autre bout de la chaîne, c’est celui de la diffusion : "Lorsque nous avons fait le concert à Notre-Dame, nous avons dû payer pour être sur une plateforme américaine, VRChat", raconte à France Inter Jean-Michel Jarre, qui souligne les problèmes que cela peut poser en termes d’indépendance. "On a tout laissé filer aux États-Unis pour la diffusion de vidéos, ne laissons pas faire la même chose pour la réalité virtuelle", dit-il, appelant à une volonté politique, car "pour développer un métavers franco-européen, il faut un cloud franco-européen - et pour ça, il faut des décisions politiques".

L’intérêt est évidemment financier, rappelle Louis Cacciuttolo : en un concert de dix minutes sur Fortnite, le rappeur américain Travis Scott a généré 20 millions de dollars, "alors que dans sa tournée, il a fait 54 millions de dollars en 56 dates", ajoute-t-il. Mais pour Jean-Michel Jarre l’enjeu de développer une telle plateforme en France va bien plus loin : "Ce n’est pas un gadget, ce n’est pas qu’un univers de geeks, c’est quelque chose qui va changer nos vies au même titre que l’électricité", assure le musicien. Et lui assure que cela ne se fera pas au détriment des "vrais" concerts, comme au début du XXe siècle, le cinéma ne s'est pas développé au détriment du spectacle vivant.

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"Dans un an il sera trop tard"

Mais au-delà du voeu pieux de créer un "YouTube du métavers", comment tenir tête face aux géants américains, et notamment Facebook, qui misent tout sur ces évolutions ? Le temps est l’ennemi numéro un, selon Jean-Michel Jarre : "Dans un an, il sera trop tard, c’est une question de semaines, de mois.Mais l’autre facteur, et évidemment le nerf de la guerre, c’est l’argent. "On a besoin d’argent, d’investisseurs", note le fondateur Louis Cacciuttolo, qui a annoncé lundi une levée de fonds d'un million et demi d'euros, et un budget total de 50 millions d'euros pour lancer la plateforme en fin d'année.

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Pour l’instant, le métavers est encore un univers très lié aux casques de réalité virtuelle - qui, bien que de plus en plus accessibles, restent un marché peu développé. Ainsi la première version de la plateforme VRrOOm sera réservée aux casques VR. Il faudra attendre l’année prochaine pour que le dispositif existe aussi pour les ordinateurs de bureau sous forme de jeux vidéo, et dans un troisième temps sous forme d’appli pour smartphone. "Et dès l’année prochaine", conclut Louis Cacciuttolo, "on ne portera plus des casques mais des lunettes de réalité mixte ou augmentée qui seront encore plus légères", et qui les ouvriront, espèrent tous les acteurs de ce marché, à un plus grand public.