Jean Zeid : "Le jeu vidéo est de moins en moins interactif, il se regarde beaucoup"

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Jean Zeid : "Le jeu vidéo est de moins en moins interactif, il se regarde beaucoup"

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Le jeu vidéo, ou l'homme face à la machine
Le jeu vidéo, ou l'homme face à la machine
© Radio France - Olivier Bénis

La Fondation EDF accueille l'exposition "Game, le jeu vidéo à travers le temps". Pour son commissaire, le journaliste Jean Zeid, exposer le jeu est tout sauf une contradiction.

Regarder un jeu vidéo, sans manette ni clavier, comme on fixerait une œuvre dans un musée : après tout pourquoi pas ? C'est en tout cas de cette idée qu'est parti Jean Zeid, journaliste à France Info et spécialiste de longue date du jeu vidéo, comme fil rouge de cette exposition qui interroge beaucoup notre rapport au jeu en tant que spectateur. Bien sûr, il sera toujours possible de prendre une manette, un volant, ou d'enchaîner les pas de danse sur une borne de Dance Dance Revolution, mais l'enjeu est tout autre.

► À LIRE | La version livre de l'exposition est disponible aux éditions Radio France

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"C'est parti d'une constatation bizarre", explique Jean Zeid. "Le jeu vidéo est défini comme un divertissement interactif, or j'ai l'impression qu'aujourd'hui il est de moins en moins interactif, il se regarde beaucoup. L'e-sport, par exemple, c'est du jeu vidéo qui se regarde. Les youtubeurs jeu vidéo, c'est du jeu vidéo qui se regarde. J'ai essayé de détricoter l'histoire du jeu vidéo à rebours, pour voir si c'était le cas dès l'origine." Du jeu vidéo qui se regarde sur écran, mais pas seulement : même les objets du jeu vidéo se regardent ou cherchent à attirer le regard. Une console portable dans le métro, une borne de jeu en forme de voiture de course dans une salle, des figurines connectées...

Trente jeux à tester de 1950 à nos jours

D'où les mises en scène de l'exposition : on y croise une Game Boy géante (1m40) sur laquelle les jeux exposent leurs plus beaux pixels, une série de statuettes montrant l'évolution d'un même héros de jeu vidéo selon les époques et les technologies disponibles, et même des photos tirées de jeux, figés dans l'instant, parce que parfois lorsqu'on joue, on se sent obligé de s'arrêter devant une scène ou un paysage. Le jeu vidéo, un art à part entière ? "L'exposition ne répond pas à la question, elle en pose encore plus... Moi, il m'arrive de m'arrêter sur des jeux qui sont magnifiques. À la fin, ça ne donne pas forcément une création artistique, mais au départ, on a des artistes, ça c'est sûr."

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L'exposition est pourtant totalement interactive. Une trentaine de jeux seront à la disposition des visiteurs, une série de "Big Bangs du jeu vidéo, qui ont fait grandir ce medium jusqu'à aujourd'hui". Le tout sur une période rarement couverte : on pourra aussi bien tester les tout derniers casques de réalité virtuel que les premiers balbutiements du jeu vidéo dans les années 50, "quand il servait d'ambassadeur, de médiateur à la révolution informatique". "À l'époque, personne n'y comprenait rien à part quelques chercheurs en blouse blanche... Alors pour se faire entendre des étudiants, du grand public, pendant les portes ouvertes, ils se sont dit : tiens, et si on faisait des jeux ?" Une idée qui a largement dépassé leurs attentes : le jeu vidéo est devenu, six décennies plus tard, le deuxième bien culturel le plus vendu en France.

► PRATIQUE | "Game, le jeu vidéo à travers le temps" : à la Fondation EDF (6 rue Récamier à Paris) du 1er mars au 27 août