L'ancien ministre, poursuivi pour fraude fiscale, sera fixé sur son sort ce 8 décembre. Le parquet national financier a requis trois ans de prison et cinq ans d'inéligibilité.
C'est une histoire d'exemplarité. Pour le parquet national financier, créé justement en réponse à l'affaire Cahuzac, la plus grande faute du ministre est morale. Député, président de la commission des finances à l'assemblée, puis ministre chargé du Budget, Jérôme Cahuzac était en même temps un fraudeur fiscal. "Vous avez flétri l'honneur de ce pays", "trahi tous vos serments", lui avait lancé la procureure Eliane Houlette, justifiant ses réquisitions sévères : trois ans de prison ferme.
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Contre son ex-épouse, qui a pourtant dissimulé plus d'argent, le parquet avait requis deux ans ferme, car elle n'était pas ministre. À eux deux, les ex-époux ont subi un redressement majoré de 2,5 millions d'euros. Il n'est donc pas ici question d'argent, mais de symbole.
Le tribunal suivra-t-il cette logique, en envoyant l'ancien ministre derrière les barreaux ? Pour sa défense, ses avocats avaient plaidé que Jérôme Cahuzac a "déjà tout perdu : son métier, ses amis, ses idéaux", et qu'il ne représente "aucun danger pour la société". En dessous de deux ans de prison ferme, sa peine pourrait être entièrement aménagée, Jérôme Cahuzac n'ayant jamais été condamné.
Quatre ans après le scandale déclenché par les révélations de Mediapart sur ses comptes cachés à l'étranger, Jérôme Cahuzac avait été jugé pendant deux semaines, au mois de septembre, aux côtés de son ex-épouse Patricia, et de plusieurs banquiers, avocats et notaires. Environ 600.000 euros avaient été retrouvés sur son compte suisse, après l'éclatement du scandale et sa démission en mars 2013.