Jeux de cartes 1 : Pique
Texte se Sylvio Arriola, Carole Faisant, Nuria Garcia, Tony Guilfoyle, Martin Haberstroh, Robert Lepage, Sophie Martin, Roberto MoriDramaturgie de Peder BjurmanMusique originale (composée et interprétée) par Philippe BachmanMise en scène Robert LepageAvec Sylvio Arriola, Nuria Garcia, Tony Guilfoyle, Martin Haberstroh, Sophie Martin et Roberto Mori
Bagdad et Las Vegas - la guerre et le jeu -
Le public français connaît déjà Robert Lepage ; sa réputation est d’ailleurs mondiale depuis l’époque de La Trilogie des dragons. Jamais encore il n’avait été accueilli à l’Odéon. C’est désormais chose faite aux Ateliers Berthier, une salle modulable parfaitement adaptée à ses éblouissantes recherches scénographiques. Lepage y présente la première levée d’une tétralogie qui devrait compter à terme une bonne douzaine d’heures de spectacle. Initié par le Réseau 360° , qui rassemble à travers le monde des lieux circulaires à vocation artistique, Jeux de cartes 1 : pique a imposé dès sa conception des contraintes très fortes, de celles où le metteur en scène canadien aime à puiser d’étonnantes ressources d’invention . Dans l’un de ces espaces nocturnes et magiques dont il a le secret, Lepage déploie en quelques ambiances d’une impeccable poésie visuelle et sonore deux versants d’un même désert contemporain, qui se répondent secrètement d’un bout à l’autre du globe : Bagdad et Las Vegas – la guerre et le jeu, ou encore une cité «bombardée par l’administration Bush au nom de la promotion de la démocratie» et le concentré caricatural des valeurs de l’Occident.
Pique / Coeur / Carreau / Trèfle
Les jeux de cartes comportent un ensemble de règles, de signes, de structures mathématiques ou numérologiques, de mythologies et, surtout, de personnages. En les combinant et les ordonnant, on peut créer autant d’histoires qu’il y a d’agencements possibles. C’est du moins l’intuition guidant Robert Lepage et ses collaborateurs dans le projet Jeux de cartes. Face à un tel éventail de possibilités, les créateurs se sont donc imposé un cadre que la structure même du jeu de cartes fournit : au terme du projet, il y aura quatre spectacles, PIQUE, COEUR, CARREAU et TRÈFLE, explorant chacun un univers inspiré de l’atout qui le représente. La recherche de l’origine des cartes mène invariablement au monde arabe. À la fois indépendantes et liées, les quatre parties de la tétralogie composeront un cosmos traitant de nos rapports – passés, présents et futurs –, de nos échanges et, parfois, de nos chocs avec la culture arabe.
Jeux de cartes 1: PIQUE
La première partie, PIQUE, explore lethème de la guerre . L’action met en parallèle deux cités construites au coeur de deux déserts au moment où les États-Unis envahissent l’Irak. D’un côté, Las Vegas, caricature des valeurs du monde occidental ; de l’autre, Bagdad, bombardée par l’administration Bush au nom de la promotion de la démocratie...Cette tour de Babel qu’est la capitale du jeu permet la rencontre de personnages d’origines et d’affinités diverses. Ils révèleront, le temps d’un séjour sur la Strip, l’identité multiple de la ville : royaume du showbiz et du clinquant, lieu de passage, carrefour multiculturel, endroit de toutes les permissions, point de rencontre entre richesse (parfois extrême) et pauvreté. Au-delà de la chance, du hasard et de la démesure, Las Vegas se dévoile aussi comme l’empire du faux, de la fuite et de l’étourdissement. À l’image d’une ville qui continue à divertir en pleine guerre, les personnages y mèneront d‘intimes luttes avec leurs démons intérieurs, dans l’espoir de résoudre leurs propres contradictions.Quelle sera l’issue de la partie : déchéance ou rédemption ? Les paris sont ouverts.