Jusqu’à un milliard d’habitants dans le monde menacés par la montée des eaux y compris en France
Par Victor VasseurL'Asie serait le continent le plus touché par la montée des eaux d'après l'étude. Mais les conséquences seront aussi visibles en France, où une augmentation des températures de trois degrés inonderaient des villes comme Anglet, Bordeaux et Nice.
Combien d’habitants de la planète seront menacés par la montée des eaux ? Les conclusions publiées dans la revue Environmental Research Letters sont éloquentes. Les chercheurs ont comparé plusieurs situations. La première est un monde où l’Accord de Paris pour le climat est respecté, les températures augmentent de 1,5 degré. Dans ce cas, un demi-milliard de personnes vivront dans une ville inondée. Si la planète se réchauffe d'un demi-degré de plus, 200 millions de citadins supplémentaires seront régulièrement affectés par des inondations. Jusqu’à un milliard d’habitants seraient concernés dans le pire des cas.
Selon le rapport du GIEC, le niveau de la mer pourrait augmenter jusqu'à 1 mètre d'ici la fin du siècle. Cette hausse pourrait même atteindre près de deux mètres d'ici à 2300. C’est deux fois plus qu'estimé par le GIEC en 2019. Cette étude se projette bien plus loin, entre 200 et 2000 ans.
Deux degrés de plus et l'eau montera en moyenne de 4,7 mètres
"De nombreux petits États insulaires sont menacés de pertes quasi totales" écrivent les chercheurs. Ils préviennent : "Les menaces sont mondiales mais concentrées en Asie, où l'avenir des mégapoles est en jeu". Les zones côtières en Chine, mais aussi l’Inde, l'Indonésie et le Vietnam seront très touchées. "D'importants efforts d'adaptation dans le monde seront nécessaire pour protéger les populations côtières au fil du temps, ainsi que pour préserver de vastes zones de l'environnement tel qu'il existe aujourd'hui, et tout le patrimoine culturel qu'il incarne" poursuivent-ils.
"Environ 5% de la population mondiale vit actuellement sur des terres situées sous le niveau qui sera atteint en marée haute sous l'effet du dioxyde de carbone déjà accumulé dans l'atmosphère par l'activité humaine" explique à l'AFP l'auteur principal de l'article Ben Strauss, président et chef des chercheurs de l'organisation indépendante de journalistes et scientifiques Climate Central. Selon les chercheurs, si la hausse des températures se limite à deux degrés, le niveau de l’eau va augmenter de 4,7 mètres en moyenne.
À cause du changement climatique, la fonte des glaces va se poursuivre, et l’eau va également se réchauffer. Depuis 1800, la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 1,1 degré, et la concentration actuelle de CO2 est de 50% supérieure. L’un des objectifs du prochain sommet pour le climat dans quelques semaines, la COP26 de Glasgow, sera de réitérer la promesse tenue en 2015 en France lors de la COP21 : limiter la hausse des températures à 1,5 degré.
Des images pour mieux saisir l'ampleur
Pour rendre encore plus concret leur propos, pour les visualiser, les auteurs de l’étude ont réalisé, avec l'organisation scientifique Climate Central, une simulation en photos des scénarios envisagés. On peut voir par exemple la ville de Bordeaux, avec la primatiale Saint-André. Comparaison entre aujourd’hui et une augmentation des températures de quatre degrés.
A Anglet, près de Biarritz, une augmentation des températures d’un degré suffit pour que certains lotissements soient inondés. Voici une comparaison avec une projection de deux degrés.
A Nice, la comparaison entre aujourd’hui et une augmentation des températures de trois degrés.
La tour de Londres, la forteresse située sur la rive nord de la Tamise. Comparaison entre aujourd’hui et une augmentation des températures de 1,1 degrés.
À New-York, une augmentation de quatre degrés auraient des conséquences bien visibles, comme le montre cette simulation.