
Le 4 novembre 2016, l'Accord de Paris, ratification du texte adopté pendant la Cop 21 en 2015, entrait en vigueur, avec des objectifs ambitieux : contenir la hausse des températures et lutter contre le dérèglement climatique. Un an plus tard, les engagements restent difficiles à tenir.
L'accord de Paris, à ce jour ratifié par 168 pays, impose un cadre à la lutte contre le réchauffement climatique, sans toutefois fixer d'objectif contraignant décliné par pays : il a néanmoins pour objectif de limiter la hausse de la température "bien en-deçà de 2°C" et à "poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C", par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle.
Cet accord a au moins amorcé une dynamique, et les émissions de CO2 semblent se stabiliser. Mais depuis quelques semaines, les rapports s'accumulent : montée des eaux, recul des glaces, vague de chaleur : beaucoup de scientifiques s’accordent à dire que nous sommes encore loin du compte, comme Olivier Boucher, chercheur en climatologie à l'institut Pierre Simon Laplace :
On va dans le bon sens, mais on y va certainement trop lentement
"Pour limiter le réchauffement climatique à 2°, il faudrait que les émissions mondiales atteignent un pic en 2020, explique-t-il, et ensuite qu’on commence à réduire assez rapidement jusqu’en 2030. Il est tout à fait possible qu’en 2030 les émissions soient encore plus élevées qu’aujourd’hui".
D'après le programme Environnement des Nations Unies, il faudrait faire trois fois plus que ce qu'on s'engage à faire aujourd'hui pour espérer atteindre les objectifs de l'accord..
"Il faut que l’ambition de l’accord de Paris soit revue à la hausse", estime le climatologue Jean Jouzel, qui souligne aussi la difficulté induite par le retrait décidé par Donald Trump : "Il sera difficile de revoir cette ambition à la hausse si les États-Unis, second pays émetteur, n’en fait plus partie".
La gestion du cas américain est l'un des enjeux de la Cop 23 qui se tient à Bonn en Allemagne dès le 6 novembre.
Aider les pays pauvres à faire la bascule
En 2009, les pays riches avaient promis que leur aide atteindrait 100 millards de dollars par an en 2020, pour permettre aux plus pauvres de financer des infrastructures énergétiques propres et s'adapter aux impacts du réchauffement.
Le texte de Paris acte que cette somme n'est qu'un "plancher", un nouvel objectif devant être fixé "d'ici 2025". tandis que de nombreux pays en développement réclament "une feuille de route" précise. Une estimation publiée en octobre 2016 par l'OCDE et une quarantaine de pays estime que, sur la base des engagements déjà annoncés, l'aide publique atteindrait 67 milliards annuels en 2020.
Selon le think tank New Climate Economy, entre 3 et 4.000 milliards dollars restent nécessaires pour assurer une transition vers des économies "bas carbone" : ce qui ne pourra se faire rapidement qu'avec une réorientation massive de la finance mondiale.