L'accord entre le PS et LFI, s'il est signé, serait "inacceptable" selon François Hollande
Par Noémie LairDans l'état actuel des négociations, l'accord discuté entre La France insoumise et le Parti socialiste "ne sera pas accepté", estime François Hollande. Pour l'ancien président de la République, il est d'ailleurs "inacceptable" sur le fond et la forme.
François Hollande ne mâche pas ses mots. Invité de la matinale de franceinfo ce jeudi, l'ex-président socialiste estime que les négociations en cours entre La France insoumise et le Parti socialiste pour les législatives n'aboutiront pas à un accord. Il met par ailleurs en garde sur la "disparition" du PS et de ses valeurs avec un effacement derrière L'Union populaire de Jean-Luc Mélenchon.
De premiers échanges ont eu lieu mercredi entre le PS avec LFI, arrivée en troisième position du premier tour de l'élection présidentielle, qui négocie par ailleurs avec EELV et le PCF en vue du scrutin des 12 et 19 juin. L'ambition des Insoumis est de rassembler un maximum de députés sous l'étiquette de L'Union populaire afin d'obtenir la fonction de Premier ministre pour Jean-Luc Mélenchon.
"Inacceptable" sur la forme et le fond
D'après François Hollande, "cet accord ne sera pas accepté parce qu'il est inacceptable sur le plan de ce qu'il représente électoralement et parce qu'il met en cause des principes mêmes qui sont des fondements de l'engagement socialiste". Sur la forme, il regrette l'effacement derrière L'Union populaire : "Cela veut dire que dans les trois quarts des circonscriptions de France, il n'y aurait plus au premier tour de candidat socialistes, écologistes ou communistes, il n'y aurait que des candidats de L'Union populaire. Jamais dans l'histoire de la gauche on n'a eu ce type de comportement, y compris quand le Parti socialiste faisait 25 ou 30% et ses alliés, supposés ou réels, faisaient 5-6%", a-t-il souligné. Cet accord, s'il est signé, serait "inacceptable", d'après François Hollande.
Sur le fond, l'ex-président socialiste pointe du doigt plusieurs points de désaccord : "Si les programmes sont faits pour être appliqués, ça voudrait dire quoi dans l'état actuel de la négociation ? Ça voudrait dire que le prochain gouvernement serait amené à remettre en cause les prochains traités européens ? À désobéir aux traités européens ? À quitter l’Otan ? À ne plus aider les Ukrainiens en leur fournissant des équipements militaires ? C'est la position de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis." Ce serait "une remise en cause de l'histoire même du socialisme, de François Mitterrand et ses engagements européens, de Lionel Jospin et sa crédibilité économique et ses avancées sociales", a-t-il alerté.
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Discuter c'est nécessaire, disparaître c'est impossible.
Pour François Hollande, si les dirigeants du PS acceptaient cet accord, ils "auraient décidé de disparaître". "Le PS a toujours prôné l'union et le rassemblement : accord électoral pour les élections législatives et accord programmatique quand il y a une perspective d'accès au pouvoir. Or, sur ces deux sujets, ce n'est pas une discussion qui est en cause, c'est une disparition. Discuter c'est nécessaire, disparaître c'est impossible."
François Hollande souhaite donc que cet accord soit "revu ou repoussé" et envisage "une autre union", avec les écologistes et les communistes. "Si les Insoumis ne veulent pas donner de la place à leurs partenaires, je ne vois pas pourquoi ces partenaires voudraient se sacrifier", estime-t-il. "Mais quoiqu'il arrive il faudra refonder le Parti socialiste", reconnaît l'ancien président.
Hollande "exclut" de se présenter sous l'étiquette de L'Union populaire
Pour toutes ces raisons, l'ex-chef de l'État "exclut" de se présenter aux législatives sous les couleurs de L'Union populaire. Il n'a toutefois pas fermé la porte à une candidature, notamment en Corrèze, sous une autre étiquette.
Mardi, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a enjoint ceux qui ne seraient pas d'accord avec les négociations de quitter le parti. Une déclaration qualifiée de "curieuse manière" par François Hollande : "Le premier devoir d'un responsable politique qui dirige une formation, c'est de rassembler d'abord les siens avant de penser se rassembler avec les autres." Tout en reconnaissant "une part de responsabilité" dans l'état actuel du PS, il a pointé du doigt le fait que le parti soit "sans incarnation" et qu'il n'ait pas engagé de "travail programmatique" ces dernières années.