L'agent de propreté licencié après avoir été dénoncé sur Twitter poursuit son employeur

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L'agent de propreté licencié après avoir été dénoncé sur Twitter poursuit son employeur

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Des éboueurs en train de ramasser les poubelles à Paris.
Des éboueurs en train de ramasser les poubelles à Paris.
© Maxppp - IP3 Press / Vincent Isore

Son avocat dénonce un document "volé" qui ne fait pas office de preuve valable, le principal intéressé, quant à lui, en veut à celle qui a pris ce cliché. Mardi, Adama Cissé, agent de la propreté parisienne contestait devant les prud'hommes de Créteil son licenciement par Derichebourg en 2018 qu'il juge abusif.

"J'en veux à la personne qui a pris la photo. Ça gâché mon travail, ce n'est pas normal", dénonce Adama Cissé. Mardi, à la sortie de l'audience au tribunal des prud'hommes de Créteil lors de laquelle il a contesté son licenciement, ce trentenaire qui travaillait jusqu'en 2018 pour l'entreprise de nettoyage Derichebourg n'a pas caché son agacement. 

Agent de propreté depuis 2011 dans les rues de Paris, c'est à cause d'une photographie de lui, postée à son insu sur Internet (alors qu'il était endormi dans la rue, pieds nus et en tenue de travail) qu'Adama Cissé a perdu son emploi. "Voilà a quoi servent les impôts des Parisiens, à payer les agents de propreté à roupiller. On comprend pourquoi Paris est si dégueulasse", avait ajouté en commentaire l'utilisatrice de Twitter qui postait le cliché. 

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Dans la foulée, Derichebourg avait répondu que l'entreprise "ne cautionnait pas ce type de comportement" et assuré que la personne en question "faisait l'objet d'une procédure disciplinaire".

"On a travaillé comme il faut"

Aujourd'hui, Adama Cissé dénonce le principe de cette photo, "volée" selon son avocat. "On a travaillé comme il faut et c'est le chef qui décide si on prend notre pause. Moi j'avais mal à la cheville. On m'a pris en photo, personne n'est pas venu vers moi pour me demander pourquoi j'étais allongé", témoigne encore l'intéressé au micro de France Inter, après l'audience. 

L'employeur "tape très, très fort, pour pas grand-chose", dénonce-t-il. "On ne conteste pas la photo, mais il y a un contexte derrière tout ça. Il était en pause, pas en temps de travail", dit l'avocat d'Adama Cissé, maître Joachim Scavello. En effet, l'homme de 37 ans affirme qu'il était en pause autorisée par son supérieur et qu'il avait une douleur à la cheville consécutive à une fracture, raison pour laquelle il avait retiré ses chaussures. 

"Cette attitude révélant votre volonté de vous assoupir durant votre service a fait l'objet d'une sévère réclamation de notre client", estime la société dans sa requête aux prud'hommes. Faux, répond Me Scavello. "La mairie de Paris ne s'est pas plainte d'une mauvaise prestation mais d'une mauvais image qu'a pu donner volontairement ou involontairement mon client", ajoute-t-il.

La légitimité de la photo contestée par l'employé

"Comme je m'y attendais, la partie adverse s'est appuyée sur le temps de pause trop long, que monsieur Cissé aurait été à l'initiative de ce temps de pause et n'a pas trop évoqué que sa preuve principale provient d'une photo volée", relate Joachim Scavello. 

"Pour moi, on ne peut pas s'appuyer sur une photo prise à l'insu d'une personne. On ne peut pas se baser sur un document volé, quel qu'il soit, pour appuyer une décision", ajoute-t-il encore.