"L’Année du singe" de Patti Smith : Le Masque & la Plume partagé

Publicité

"L’Année du singe" de Patti Smith : Le Masque & la Plume partagé

Qu'on pensé les critiques du Masque & la Plume du dernier livre de Patti Smith ?
Qu'on pensé les critiques du Masque & la Plume du dernier livre de Patti Smith ?
© Getty - Manny Carabel / Intermittent

Après "Just Kids" et "Dévotion", la chanteuse de rock Patti Smith passe en revue, dans son troisième livre, l’année 2016, celle de ses soixante-dix ans, tel un carnet de voyages, de rêves, de souvenirs, en même temps que ses bouleversements intimes, sans oublier l'actualité politique.

Le livre présenté par Jérôme Garcin 

C'est après Just Kids et Dévotion, le nouveau livre de la chanteuse rock, Patti Smith, traduit par Nicolas Richard chez Gallimard. Un livre en 17 chapitres qu'autrefois, au début du siècle dernier, on aurait classé dans la catégorie "Mélanges". En 2016, Patti Smith se balade entre la Californie et l'Australie, New York, Le Portugal, elle aide Sam Shepard - qui va mourir - à finir son ultime livre et elle accompagne aussi dans ses derniers instants Sandy Pearlman qui, quarante ans plus tôt, a fait d'elle une chanteuse. Elle s'effraie de l'élection de Trump, "l'insupportable escroc aux cheveux jaunes". Elle souffre d'insomnie. Elle lit Marc-Aurèle. Elle visite la maison de Pessoa à Lisbonne. Elle s'étonne d'avoir 70 ans au cours de l'année du singe. "Les grains se déversent et je remarque que les morts me manquent plus que d'habitude. Je remarque que mes propres larmes me brûlent les yeux, que je cours moins vite et que ma notion du temps qui passe s'accélère". 

Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Olivia Lamberterie a adoré

"Elle mange tout le temps, ce qui est d'ailleurs un mystère de la nature : comment cette femme maigre comme un chat grec passe son temps à se nourrir ? Normalement, j'ai horreur de ça dans les livres et, là, j'ai adoré, ce qui est la preuve qu'on est subjectif et qu'on parle de tout ce qu'on aime. Ça m'a donné envie

Publicité

Il y a une partie un peu onirique qui m'ennuie un peu, mais je m'en fiche. Le reste du livre consiste à se demander comment on vit avec ses morts, comment on leur parle, comment on communique avec eux. Et à un moment, elle le dit comme une petite litanie : "Mon mari est mort, mon frère est mort, mon père est mort, ma mère est morte et pourtant, je crois toujours que demain, il peut se passer quelque chose de merveilleux". Rien que pour cette phrase-là, on a envie de l'embrasser

Les passages sur Shepard sont d'une beauté… Elle vient l'aider à finir son manuscrit. Lui, il lui dit : "On se croirait dans un roman de Beckett" et, à la fin, elle observe avec justesse d'ailleurs, qu'il ressemble de plus en plus à Samuel Beckett tout maigre. La manière qu'elle a de parler du dernier manuscrit de Shepard en disant que "c'est un petit monolithe qui brille d'une lumière brillante qui ne pourra jamais être éteinte" c'est ce qui a de mieux pour parler des livres".

Arnaud Viviant : "Par l'écriture, Patti Smith réussit à se dépasser elle-même !"

"C'est le troisième livre de Patti Smith. Je suis toujours étonné. Je l'idolâtrais quand j'avais 15 ans et que je chantais Rock and Roll Nigger, c'était la chanteuse de rock par excellence punk. Et maintenant, elle a 70 ans, elle écrit, c'est bien la même Patti Smith ! Elle fait rarement allusion à la musique, mais parfois et, en même temps, c'est quelqu'un qui fait du blablacar dans ce chapitre hilarant où elle est prise avec des gens qui lui interdisent de parler et même de chanter. 

C'est à la fois Patti Smith, et ce n'est pas elle. Elle a réussi, je trouve, à dépasser ce qu'elle a été.

Imaginez-vous quand même que c'est l'écrivain qui est allée à Stockholm recevoir le prix Nobel de littérature de Bob Dylan. Bob Dylan l'a envoyée recevoir son prix Nobel de littérature. C'était énorme et, en même temps, quand on lit que c'est une femme de 70 ans qui raconte seule sa peur de la mort et bien, on a envie de dire qu'une solitude bien vécue, ce n'est pas une solitude triste mais heureuse". 

Frédéric Beigbeder n'a pas marché

"Il faut avoir l'honnêteté de dire que ce n'est pas grand-chose non plus. J'adore Patti Smith, j'ai adoré le premier livre sur sa jeunesse. Mais non seulement, elle note tout ce qu'elle bouffe, mais en plus, elle fait ce truc qui devrait être interdit : elle raconte ses rêves… Alors là, on n'en peut plus… Elle dialogue avec l'enseigne lumineuse de son motel… 

C'est tous les défauts de la Beat Generation mais sans la poésie de Jack Kerouac et de Allen Ginsberg.

Et, à la fin, franchement, ça devient nian-nian. Page 174 : "Les enfants du futur ne connaîtront jamais la douceur de la fraternité…". 

Jean-Claude Raspiengeas : "C'est un peu vieillot"

"J'ai trouvé ça laborieux… Notamment le dialogue initial avec l'enseigne du motel, l'histoire vaseuse des papiers bonbons abandonnés disséminés sur les plages du Pacifique…

Le procédé qui pèche dans le livre, c'est le mélange entre ses rêves et la réalité.

Elle aurait pu nous épargner la réalité… J'ai eu l'impression, que c'était un peu vieillot, suranné. J'avais l'impression de me balader dans une boutique d'antiquaire ou dans un vide-grenier des années 70…

Je sauverai deux beaux moments : son accompagnement de Sandy Pearlman à l'hôpital et, évidemment, Sam Shepard car c'est poignant de douceur. Ça ressemble à une aquarelle de tristesse. Mais pour le reste, non"…

Le livre

Écoutez l'intégralité des critiques échangées sur le livre :

"L’Année du singe" de Patti Smith

6 min

📖 LIRE - "L’Année du singe" de Patti Smith (Gallimard)

► LIVRE OUVERT | Toutes les autres œuvres passées au crible des critiques du Masque et de la Plume sont à retrouver ici.

🎧 Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume, réunis autour de Jérôme Garcin, pour parler cinéma, littérature ou théâtre